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Grande Fête du printemps

Grande Fête du printemps

Date de création : 1947

Date représentée : 09-mars-47

H. : 60 cm

L. : 56 cm

affiche

Domaine : Affiches

© Archives départementales du Val-de-Marne

fonds Mouvement de l'enfance ouvrière, 552J 2

Le Mouvement de l’enfance ouvrière ou « Faucons rouges »

Date de publication : Janvier 2021

Auteur : Liliane GUIGNARD-GISSELBRECHT

Le Mouvement de l’enfance ouvrière (MEO), ou Faucons rouges, appelle à une grande manifestation festive à la Mutualité le dimanche 9 mars 1947 (l’année n’est pas indiquée sur l’affiche elle-même), sous la présidence de Léon Blum, qui a quitté le gouvernement en avril. Après 1945 et une traversée de la guerre difficile, le mouvement, minoritaire et peu connu, cherche la reconnaissance et le soutien de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Non sans tiraillements, il sera finalement placé sous le patronage du parti socialiste et des jeunesses socialistes, et Léon Blum en sera le président d’honneur.

Ce mouvement d’enfants est, comme la plupart des mouvements de jeunesse français, d’origine étrangère, anglo-saxonne et surtout germanique – « Faucons rouges » est la traduction littérale de Roten Falken. Il est fondé en Autriche avant la Première Guerre mondiale, se développe en Allemagne et dans les pays du Nord et de l’Est de l’Europe, à l’ombre des partis sociaux-démocrates, pour ne s’implanter en France qu’en 1932-1933. Ainsi, si « Mouvement de l’enfance ouvrière » est l’appellation statutaire, « Faucons rouges » est celle des origines et de son identité internationale avec les autres mouvements européens (International Falcon Movement).

Cette affiche est réalisée (dessinateur et logistique) par le journal de la SFIO, Le Populaire. Deux adresses sont affichées hors cadre : le siège du mouvement (ancien siège du Populaire) et celle du Populaire à l’époque. Ainsi peut-on comprendre le cadre de l’affiche : « Mouvement de l’enfance ouvrière » en haut, et « Léon Blum » en bas. Aucune référence à la SFIO : le nom de Léon Blum apparaît de façon plutôt discrète.

L’affiche est signée Jacques Laplaine, dit Lap (1921-1987) : résistant, celui-ci collabore pendant la guerre au journal Combat, puis au Canard enchaîné à partir de 1946 et à Franc-Tireur à partir de 1947.

Cette affiche est conservée aux archives départementales du Val-de-Marne, dans le cadre du Pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Pajep).

Deux couleurs se partagent l’affiche : le rouge, incarnation du socialisme voire de la révolution, et le vert qui, avec la présence de fleurs, évoque la nature ; le fond noir permet de mettre en valeur ces deux piliers de la pédagogie du mouvement.

Au centre, la présence de deux enfants joyeux, âgés d’une dizaine d’années, évoque le choix de la mixité ; en arrière-plan, une tente ouverte rappelle les pratiques du plein air. Les symboles traditionnels, feu de camp, foulard et fanion, figurent en rouge. La représentation, assez conventionnelle, est empruntée au scoutisme et partagée par d’autres mouvements de jeunesse. Seules les flammes rouges, plus grandes que la tente, peuvent évoquer la ferveur révolutionnaire.

Le programme de cette grande fête comprend deux manifestations : un spectacle, où l’on retrouve un programme classique des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire – danses et chants, révolutionnaires et traditionnels et probablement de « chœurs parlés » dans la tradition d’agit-prop (c’est aussi la marque de l’association Travail et Culture) –, et la projection d’un film, Aubervilliers, court métrage documentaire d’Éli Lotar, Jacques Prévert et Joseph Kosma sur les quartiers insalubres de la ville, dans la tonalité d’une époque marquée par les problèmes sociaux et la montée des revendications populaires. Lieu mythique des meetings de la gauche, le choix de la Mutualité n’est pas une surprise.

Le Mouvement de l’enfance ouvrière est né en dehors de toute directive de la SFIO : jusqu’en 1939, ni Léon Blum, ni Paul Faure, ni le Comité national du parti ne définiront la place que devait occuper ce jeune mouvement. Ce n’est plus le cas après 1945.

À ce titre, la Grande Fête du printemps à laquelle appelle l’affiche remplit deux objectifs : faire connaître le Mouvement de l’enfance ouvrière et sa reconnaissance par le parti socialiste (SFIO), signifiée par la présence de Léon Blum, garant de sa pérennité et de son unité. Dans cette période troublée, la présentation est consensuelle : le nom de la SFIO, fragilisée, n’apparaît pas, et l’intitulé panthéiste de la fête confirme son caractère populaire et unitaire.

À cette date, la situation sociale, économique et politique est extrêmement tendue : nous sommes à un mois de la grève d’avril chez Renault, et la SFIO est ébranlée par une grave crise interne. Cette grève entraîne une radicalisation de la CGT et du parti communiste, et marque la rupture avec les socialistes, eux-mêmes divisés, notamment avec leurs jeunesses.

Cette affiche, d’un caractère officiel de soutien par la SFIO, ne rend pas compte de ce que fut la pédagogie originale des Faucons rouges : « Ni scouts, ni gardes rouges, ni pionniers », disaient-ils, mais un mouvement mixte, une éducation au self-government par la pratique des Républiques d’enfants et par une vision non hiérarchique de leur organisation. L’uniforme était symbolique et peu utilisé, et l’éducation des enfants était certainement plus libertaire que militante, ce qui compliquera souvent leurs relations avec le parti socialiste.

GUIGNARD-PERREIN Liliane, « Les Faucons rouges (1932-1950) », thèse de doctorat en histoire contemporaine sous la direction de RÉMOND René, Nanterre, université Paris X – Nanterre, 1982.

Liliane GUIGNARD-GISSELBRECHT, « Le Mouvement de l’enfance ouvrière ou « Faucons rouges » », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/mouvement-enfance-ouvriere-faucons-rouges

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