Vue de la Grande Cascade, des parterres et du château de Saint-Cloud
Vue cavalière du château, jardins bas et de la ville de Saint-Cloud
Vue de la Grande Cascade, des parterres et du château de Saint-Cloud
Auteur : VAN DER MEULEN Adam Frans
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 180 cm
L. : 334 cm
Huile sur toile
Domaine : Peintures
RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
00-000665 / MV6265
Un jardin à la française : le domaine de Saint-Cloud
Date de publication : Avril 2017
Auteur : Stéphane BLOND
Le merveilleux domaine de Monsieur
Ces deux tableaux panoramiques offrent une même approche paysagère centrée sur les jardins de Saint-Cloud situés à l’ouest de Paris. Aménagé dès le milieu du XVIe siècle, le domaine est d’abord la propriété de la famille de Gondi. En 1655, il est acquis par l’intendant des finances Barthélemy Hervart (1607-1676) et trois ans plus tard, Louis XIV l’achète pour en donner l’usufruit à son frère Philippe, Monsieur (1640-1701), futur duc d’Orléans. Ce dernier transforme Saint-Cloud en résidence de plaisance raffinée. Il sollicite des artistes renommés, en particulier le jardinier du roi André Le Nôtre (1613-1700), recruté en 1665 pour l’aménagement du parc qui couvre une superficie de plus de 400 hectares.
Ces tableaux permettent de dresser le bilan des travaux réalisés au moment où le château devient le théâtre de fêtes somptueuses. L’œuvre du peintre d’origine flamande Adam-François Van der Meulen (1632-1690) date du début des années 1670. Passé au service du roi de France, il répond probablement à une commande officielle. Au moment de la composition, les jardins suivent le tracé de Le Nôtre et l’imposante cascade construite en 1664-1665 forme le sujet central de la toile. Plusieurs indices concordent pour dater la vue d’Étienne Allegrain (1644-1736) vers 1675, car l’Orangerie est repérable à gauche du château, alors que la façade Sud n’a pas encore été modifiée par l’architecte Jules-Hardouin-Mansart (1646-1708). Le peintre paysagiste reçu en 1677 à l’Académie royale de Peinture exécute une commande directe. La présence de cette toile est attestée au sein de la collection de la princesse Palatine (1652-1722), seconde épouse de Monsieur, probablement pour l’ornementation des appartements de leur palais.
Un laboratoire végétal
Bien qu’exécutées par des peintres et sur des formats différents, ces œuvres sont complémentaires l’une de l’autre. Le tableau de Van der Meulen propose un angle de vue pris au niveau du sol, depuis la rive droite de la Seine, ce qui permet d’apprécier le Bas Parc et les aménagements rendus nécessaires par la pente du coteau. La jonction entre les deux niveaux est assurée par une monumentale cascade d’eau formant neuf marches élaborée sur les plans d’Antoine Le Pautre (1621-1679). Le tableau d’Allegrain comprend quant à lui une vue zénitale du Sud vers le Nord, afin d’embrasser les différents niveaux de jardins, la résidence princière et le territoire environnant.
Par sa topographie, le domaine de Saint-Cloud constitue un terrain d’action d’une grande complexité pour l’aménagement des jardins. Franklin Hamilton Hazlehurst observe ainsi que « de tous les jardins du XVIIe siècle français, ceux de Saint-Cloud furent ceux dont la conception posa le plus grand défi à André Le Nostre. » Les deux tableaux font la part belle aux travaux réalisés et à la majesté des jardins. Sur la toile d’Allegrain, le château – incendié lors de la guerre franco-prussienne de 1870 avant d’être rasé – et le village de Saint-Cloud sont relégués aux deuxième et troisième plans. Sur celle de Van der Meulen, le logis est seulement suggéré par la toiture en ardoise qui émerge au-dessus de la cime des arbres.
Les merveilles de la Nature
Le domaine de Saint-Cloud démontre l’élégance de l’art des jardins à la Française. La princesse Sophie de Hanovre (1630-1714), observe qu’il s’agit du « plus beau jardin du monde tant pour la situation que pour les eaux ». Ici, la Nature règne en majesté et le décor est exubérant : jeux de perspectives formés par les allées, parterres aux formes géométriques qui constituent une véritable broderie végétale, multitude des bassins et des jets d’eau, sculptures en pierre et en bronze doré, haies coupées au cordeau, variété des espèces végétales, etc.
Ces deux mises en scène décrivent aussi le mode de vie des élites de la société française du XVIIe siècle, les jardins constituant à la fois des lieux de promenade et de spectacle. Allegrain rend hommage au façonnage végétal en représentant deux jardiniers à l’ouvrage. Ceux-ci deviennent des personnages de premier plan, éclipsant en partie les prestigieux visiteurs qui se pressent dans les allées. Ainsi, Van der Meulen anime le fleuve. Il représente une galère et plusieurs batelets dont l’un d’eux bat pavillon royal. En effet, depuis 1667, le roi est régulièrement convié aux grandes eaux et aux somptueuses fêtes qui animent le parc.
Saint-Cloud, le palais retrouvé, éditions Swan, 2013.
Saint-Cloud, le domaine national, éditions du Patrimoine, 2011.
Florence AUSTIN-MONTENAY, Saint-Cloud : une vie de château, Vogele Eds, 2005.
Patricia BOUCHENOT-DÉCHIN, André Le Nôtre, Paris, Fayard, 2013.
Georges FARHAT, Patricia BOUCHENOT-DÉCHIN, André Le Nôtre en perspectives, Paris, Hazan, Château de Versailles, 2013.
Franklin HAMILTON HAZLEHURST, Des jardins d’illusion : le génie d’André Le Nostre, Paris, Somogy éditions d’art, 2005.
Stéphane BLOND, « Un jardin à la française : le domaine de Saint-Cloud », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 12/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/jardin-francaise-domaine-saint-cloud
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