Victor Hugo (1802-1885).
Auteur : BONNAT Léon
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 137 cm
L. : 109 cm
huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
MV 7383 - 97-017164
Victor Hugo (1802-1885), une légende dans le siècle
Date de publication : Juin 2012
Auteur : Robert FOHR et Pascal TORRÈS
La révolution de 1848 marqua un tournant dans la vie de Victor Hugo, qui commença alors une carrière politique. Le 2 décembre 1851, le poète tenta d’organiser la résistance au coup d’État. Puis il dut partir et se réfugia à Bruxelles. Son opposition féroce à Napoléon III, qu’il appelait « Napoléon le Petit », le rendit très populaire.
Rayé en 1859 de la liste des proscrits, il refusa de rentrer en France avant la chute du Second Empire. Installé à Jersey, puis à Guernesey, il revint à Paris en 1870, au lendemain de la proclamation de la IIIe République. Il condamna les violences de la Commune mais protesta contre sa répression. Elu sénateur en 1876, il termina ses jours dans la gloire officielle et eut des obsèques nationales en 1885.
« Le tableau que nous accrocherons à la première place en l’honneur du modèle d’abord et du peintre ensuite, c’est le portrait de Victor Hugo, par M. Bonnat, qui continue sa galerie de grands hommes. Après Thiers, après M. de Lesseps, voilà le plus grand poète du XIXe siècle peint pour la postérité. Victor Hugo est assis ; le bras gauche, appuyé sur une table, soutient la tête un peu inclinée de côté ; la main droite repose à moitié dans le gilet, noir comme le reste des vêtements. La toile est coupée au-dessous des genoux. On peut lire le titre du vieux livre sur la table : c’est Homère. L’aspect général est frappant, et l’œil porte naturellement vers le beau front, le point lumineux de la toile sur lequel se détache la main, dont les doigts se confondent avec la chevelure blanche. Pour peu qu’on s’approche et qu’on examine le détail, on est surpris de la profondeur des yeux perdus dans une ombre dont M. Bonnat a admirablement dessiné la forme capricieuse. Le sillon qui marque la séparation entre le nez et le front est un miracle de justesse et d’observation. Ce qui frappe dans la peinture de M. Bonnat, équilibre parfait du dessin et de la couleur, c’est qu’elle est honnête et saine. On n’y sent ni tricheries, ni surprises, ni à-peu-près… »
Arthur Baignières, « Le Salon de 1879 », Gazette des Beaux-Arts, 1879, tome XIX.
Cette série des « Grands Hommes », que Bonnat a entreprise de sa propre initiative, loin de lasser la critique, devait accéder à la renommée. En témoigne une gravure d’après un dessin de Claverie, intitulée Les Coulisses du Salon, où l’on voit Victor Hugo poser dans l’atelier de Bonnat. Assis dans un fauteuil, le poète y semble parfaitement mal à l’aise, et a exactement la même attitude que dans le portrait de Bonnat. Le portrait de Thiers, exposé l’année précédente au Salon, est présenté sur un chevalet situé juste derrière celui sur lequel Bonnat s’applique à reproduire fidèlement ce Victor Hugo de théâtre.
On s’amusera aujourd’hui à lire les commentaires, pourtant sincères, de Baignières : « Jamais Bonnat n’emprunte aux accessoires un intérêt factice ; il pense qu’un poète bien assis sur une chaise, accoudé sur une table et regardant droit devant lui, intéresse autrement que s’il l’avait entouré de lauriers, de lyres ou de muses. Il a bien raison : c’est encore la meilleure manière, pour faire vivre un Dieu, de peindre un homme. »
Mise au point par Gérard dans son prodigieux portrait de Lamartine (1831, Versailles) et par Chassériau dans ses portraits de Lacordaire et de Tocqueville (1841 et 1850), la formule du portrait psychologique où l’accessoire se trouvait réduit au minimum s’était en fait imposée de longue date. Bonnat, non sans talent, traite ici Victor Hugo comme un symbole abstrait : la barbe blanche, les cheveux ébouriffés sont autant d’accessoires destinés à mettre en lumière la force d'inspiration de l’auteur de La Légende des siècles, qui, du reste, se prêtait volontiers à ce type de représentation.
Paul BÉNICHOU Les mages romantiques Paris, Gallimard, 1988.
Hubert JUIN Victor Hugo , 3 vol.Paris, Flammarion, 2001.
Collectif « Victor Hugo ». L’Histoire N°261, Numéro spécial
Robert FOHR et Pascal TORRÈS, « Victor Hugo (1802-1885), une légende dans le siècle », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/victor-hugo-1802-1885-legende-siecle
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Zeck
Bonjour,
Voici l'appréciation de Huysmans sur le portrait de Victor Hugo :
« Comme simulacre d'un faire large, le portrait de Victor Hugo est un chef-d’œuvre. Il est laborieusement et lourdement peint, avec une agaçante affectation d'ampleur. Voilà bien la feinte et la supercherie du vrai talent les plus incroyables que l'on puisse voir. L'éclairage est, comme d'habitude, dément. Ce n'est ni le jour, ni le crépuscule, ni le Jablochkoff, c'est quelque chose de vineux et de sale, une lumière passant sous des vitres brouillées et remplies de poussière. M. Bonnat a fait son petit trompe-l’œil en enlevant dans cet éclairage des chairs violacées sur du noir. La pose elle-même est banale ; le coude appuyé sur un volume d'Homère donne une idée de l'esprit du peintre. Ce tableau n'a jamais représenté Hugo, mais bien le premier venu, et encore un premier venu qui vient de se lever, avec un copieux repas avalé la veille. »
Joris-Karl Huysmans (1848-1907), L'art moderne (deuxième édition, 1902)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5438935k/f74.
Cordialement,
Zeck
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