Napoléon Le Grand
Napoléon sortant de son tombeau
Retable "Napoléon".
Napoléon Le Grand
Lieu de conservation : musée national du château de Malmaison (Rueil-Malmaison)
site web
H. : 67 cm
L. : 49,2 cm
Titre complet : Astre brillant, immense, il éclaire, il féconde et seul fait à son gré tous les destins du monde.
Dessinateur : Dabos
Graveur : Aubert.
Gravure.
Domaine : Estampes-Gravures
© Photo RMN - Grand Palais - G. Blot
MM.58.3.496 - 01-014510
La religion napoléonienne
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Jérémie BENOÎT
Napoléon ayant été couronné à Notre-Dame le 2 décembre 1804, le régime personnel de Bonaparte prit une tournure sacrée qui alla s’accentuant avec le temps. En 1806, on créa de toutes pièces un saint Napoléon, fêté le 15 août, jour anniversaire du souverain devenu empereur « par la grâce de Dieu et la volonté des Français ». Alors que ses victoires avaient déjà fait de lui un héros providentiel, sauveur de la France, c’est après son mariage autrichien avec Marie-Louise (1810) que Napoléon, ainsi entré dans les grandes familles régnantes d’Europe, fit l’objet d’un culte quasi religieux et de plus en plus intense.
L’œuvre de Dabos, véritable apparition d’un nouveau dieu, date de 1812. Elle montre le seul visage de Napoléon irradiant la terre où apparaît l’aigle impériale. Vision déjà romantique que cette gravure qui servit le culte de l’Empereur mieux que la Saint-Napoléon. Il semble que le visage impérial ait été tiré du tableau d’Ingres représentant Napoléon sur son trône (musée de l’Armée).
Au moment du retour des cendres, en 1840, Horace Vernet livra au graveur bonapartiste Jean-Pierre Jazet (1788-1856) un tableau destiné à être gravé. Il représentait Napoléon sortant de son tombeau, véritable allégorie du souverain ressuscité qui, à l’évidence, reprend l’iconographie du Christ. Le tableau original n’est plus connu mais il fut rapidement diffusé sur de nombreux objets, outre les gravures, tels des boîtes et tabatières, foulards, etc., et il fut également très vite connu à l’étranger comme le montre la gravure de l’Allemand Werner accompagnée du texte bilingue du testament de Napoléon : « Je désire que mes cendres soient déposées sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé… »
De très nombreux objets populaires relatifs à Napoléon furent produits durant les années du règne de Louis-Philippe (1830-1848), mais rares furent les objets proprement cultuels comme ce petit retable d’ivoire représentant l’Empereur. Il s’ouvre à deux battants et présente ainsi un triptyque, dont la scène centrale représente Napoléon montrant à ses maréchaux le lever du soleil d’Austerlitz.
Si l’on peut faire remonter le culte de Napoléon au sacre, il faut cependant attendre la Restauration et surtout la monarchie de Juillet pour voir cette vénération atteindre un paroxysme. D’abord œuvre des anciens soldats démobilisés, les célèbres demi-soldes, il gagna bientôt toute la population, à mesure que se développait le romantisme que diffusaient en France les jeunes gens de la génération de 1830, en particulier Vigny, Musset, Hugo, Stendhal. Il entendait magnifier une image de Napoléon que la propagande des alliés avait ternie en 1814-1815.
Plusieurs éléments ont contribué à développer ce culte. A la mort de Napoléon, on présenta tout d’abord l’Empereur comme un génie abandonné dans son île. Bientôt la publication du Mémorial de Sainte-Hélène par Las Cases (1823), œuvre de Napoléon lui-même, permit d’entretenir cette légende. Puis en 1840, le retour des cendres fut interprété par beaucoup comme la résurrection du héros et par là de l’Empire.
Pour bien comprendre ce culte, il faut cependant le replacer dans le contexte plus large du matérialisme triomphant avec la Révolution. Dès 1793-1794, la Convention avait créé sa propre religion de la Raison ou de l’Être suprême. Marat, Le Peletier de Saint-Fargeau, Joseph Bara, figures laïques, furent érigés en saints martyrs de la République. Il n’y avait cependant aucune transcendance de nature religieuse dans ce culte républicain, proprement humain. Dans le même esprit, Napoléon prit le relais et devint le saint, voire le dieu, des bonapartistes. Mais ce culte fut tout aussi éphémère que le culte républicain et ne dura que le temps du romantisme. En réalité, les valeurs de la Révolution et de l’Empire se trouvaient ailleurs que dans la religion, même humaine.
Jean LUCAS-DUBRETON Le Culte de Napoléon.1815-1846 Paris, Albin Michel, 1960.
Collectif Napoléon. Le Retour des cendres. Mort et Résurrection, catalogue de l’exposition du Musée de Malmaison Courbevoie, Musée Roybet-Fould, 1990.
Jérémie BENOÎT, « La religion napoléonienne », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 27/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/religion-napoleonienne
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Bijou de grand apparat
Pour assurer sa descendance, Napoléon Ier prend en 1810 une nouvelle épouse, l’archiduchesse Marie-Louise, fille de l’empereur d’…
Le mariage religieux de Napoléon Ier et de Marie-Louise
En 1809, Napoléon doit faire face à la cinquième coalition, menée par l’Angleterre et l’Autriche. Après sa défaite à Wagram, l’Autriche signe une…
La naissance du roi de Rome
Le 20 mars 1811 naquit aux Tuileries Napoléon François Charles Joseph, le fils de Napoléon…
La religion napoléonienne
Napoléon ayant été couronné à Notre-Dame le 2 décembre 1804, le régime personnel de Bonaparte prit une tournure sacrée qui alla s’accentuant avec…
Anonyme || Le visage de l'empereur est
Le visage de l'empereur est le fruit d'un dessin de Pierre Paul Prud'hon.
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel