Fête de nuit durant l’exposition des produits de l’industrie au Louvre
Table de toilette de la duchesse de Berry
Fête de nuit durant l’exposition des produits de l’industrie au Louvre
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée Carnavalet – Histoire de Paris (Paris)
site web
Date de création : 1801
Date représentée : 1801
H. : 43,2 cm
L. : 69,5 cm
Dessin à la plume, à l'encre noire, aquarelle, gouache, crayon
Domaine : Dessins
CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
D.6002
L'ancêtre des Expositions universelles
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Nicolas COURTIN
L’industrie exposée pour relancer l’économie française
La première exposition des produits de l’industrie française eut lieu en 1798 à l’initiative du ministre François de Neufchâteau. Trois ans plus tard, le Consulat reprit cette initiative destinée à « offrir un panorama des productions des diverses branches de l’industrie dans un but d’émulation »(Anne Dion-Tenenbaum, Un âge d’or des arts décoratifs, Paris, 1991, p.116.). Au lendemain de la Révolution, l’économie nationale devant être confortée, notamment vis-à-vis de l’Angleterre, la juxtaposition de techniques très variées et la délivrance de récompenses devaient stimuler une fructueuse concurrence nationale.
Variété et richesse
En 1801, l’exposition eut lieu dans la cour Carrée du Louvre, aménagée à cet effet. L’endroit était symbolique. Un an après l’ouverture du musée des Antiques, le palais accueillait les créations les plus modernes et les plus luxueuses. Cette deuxième édition affirmait le retour de Paris à la tête de la création de luxe, place qu’aucune autre capitale ne lui avait disputée depuis le début du XVIIIe siècle.
Le dessin anonyme de Carnavalet évoque la diversité des objets présentés : mobilier, bronzes d’ameublement, cristaux ou tissus, qui démontrent un savoir-faire précieux et un style néoclassique renouvelé.
Après une seule édition sous l’Empire, la Restauration renoua avec ces expositions en 1819. Elles prirent un caractère compétitif appuyé, chaque maison créant spécialement des objets dans le but de remporter les éloges du public, mais surtout les premiers prix. Dans chaque domaine apparurent donc des créations de plus en plus audacieuses et originales.
La boutique de Marie Désarnaud-Charpentier était spécialisée dans la réalisation et la vente d’objets et de meubles en cristal monté. Cette table de toilette assortie d’un fauteuil qu’elle présenta à l’exposition de 1819 fut incontestablement son plus grand succès. Si, par ses formes rondes et légères et son décor néoclassique sur le thème de la beauté et du charme, elle illustre très bien le style en vogue sous la Restauration, sa technique de création est surprenante. La structure en métal du meuble est en effet entièrement dissimulée par des éléments en cristal taillé maintenus par des bronzes dorés et ciselés de très grande qualité. Le plateau est couvert d’une plaque de verre églomisé à fond bleu. C’était la première fois que l’on réalisait ainsi un objet de cette importance. Le jury lui attribua une médaille d’or, et la duchesse de Berry salua cette nouveauté en achetant cette toilette pour son château de plaisance de Rosny-sur-Seine.
Sous la Restauration, le rôle de mécène que la famille royale jouait sous l’Ancien Régime semblait avoir disparu. Les expositions des produits de l’industrie furent l’occasion pour elle, par les achats qu’elle y fit, de renouer avec cette tradition. Mais seule la duchesse de Berry, nièce de Louis XVIII, remplit cette fonction avec suffisamment d’intérêt et de talent pour réellement influencer le style de son époque. Le château de Rosny, où la toilette fut envoyée, résumait le – bon – goût de la duchesse.
Ce style fut surtout marqué par l’évolution des techniques de création, ce que cette toilette démontre efficacement. En effet, une telle réalisation n’a été possible que grâce au développement des manufactures de cristal qui, dans l’est de la France, mirent au point les méthodes de fusion et de taille du cristal issues du métier traditionnel du verre. Louis XVIII et Charles X furent tous deux très attentifs au développement des usines de Lorraine et les favorisèrent par leur intérêt soutenu et leur protection personnelle (cf. Baccarat).
Les premières expositions des produits de l’industrie furent organisées à la hâte et le succès public ne fut pas vraiment à la mesure de ce que suggère le dessin conservé à Carnavalet. Néanmoins, le principe fut posé dès le début que les objets d’art devaient avoir une exposition particulière, avec un système de récompenses calqué sur celui des Salons de l’Académie. C’était leur accorder une reconnaissance dont ils ne bénéficiaient pas auparavant et leur donner le double statut de créations artistiques et de moteurs de l’économie nationale. Les nombreuses commandes que Napoléon Ier passa aux manufactures de soie lyonnaises participaient du même désir.
C’est en cela que ces premières manifestations peuvent être considérées comme les ancêtres des Expositions universelles de la seconde moitié du siècle.
Anne DION-TENENBAUM Un âge d'or des arts décoratifs, 1814-1848 Paris, RMN, 1991.
Nicolas COURTIN, « L'ancêtre des Expositions universelles », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/ancetre-expositions-universelles
Lien à été copié
Découvrez nos études
Froment-Meurice et la vogue historiciste
L’ampleur et l’éclectisme qui caractérisent la dernière Exposition des produits de l’industrie…
La colonie d'Haute-Claire : artisanat et nostalgie
Présenté comme un « âge d’or des arts décoratifs », le XIXe siècle, matérialiste et…
Atelier de la princesse Marie d'Orléans
Marie d’Orléans (1813-1839) était la troisième des dix enfants de Louis-Philippe et de Marie Amélie de Bourbon-Sicile. Elle eut un destin original…
Le Pavillon des Artisans français contemporains
Dédiée à la diffusion et à la promotion des arts décoratifs, l’Exposition internationale de 1925…
Primavera, l'atelier d'art des magasins du Printemps
Afin de développer les arts décoratifs modernes et de favoriser leur diffusion, René Guilleré, fondateur de…
Mucha et les arts de la table
Le renouveau médiéval
Dans une Allemagne dépourvue d’unité politique mais unie dans sa volonté de se soustraire à la…
L'Hôtel du Collectionneur - pavillon Ruhlmann
Dans l’esprit de ses organisateurs, l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de…
L'ancêtre des Expositions universelles
La première exposition des produits de l’industrie française eut lieu en 1798 à l’…
Un style Restauration ?
Le retour des Bourbons sur le trône de France s’effectua au lendemain du désastre de Waterloo, alors que l’…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel