Le cinématographe Lumière.
Le cinématographe Lumière.
Le cinématographe Lumière.
Auteur : AUZOLLE Marcelin
Lieu de conservation : bibliothèque du Film (BIFI) – Cinémathèque française (Paris)
site web
Date de création : 1896
Date représentée : 1896
Domaine : Affiches
© BIFI Bibliohèque du film - Cinémathèque Française
Le cinématographe Lumière
Date de publication : Juillet 2015
Auteur : Charlotte DENOËL
Les origines du cinéma
La fascination constante des hommes pour les représentations animées a conduit de nombreux savants de l’époque moderne à concevoir des appareils permettant de projeter une succession d’images fixes. Ainsi, au XVIIIe siècle, les « optiques » des montreurs d’images ambulants, caisses à travers lesquelles le spectateur aperçoit des scènes lumineuses édifiantes, connurent un franc succès. Ce n’est cependant qu’à la fin du XIXe siècle que les tentatives de figuration du mouvement aboutirent avec la mise au point du cinématographe par Louis Lumière (1862-1948). Déjà célèbre pour ses recherches photographiques, ce savant s’est appuyé en particulier sur les travaux d’Emile Reynaud, Etienne Marey et Thomas Edison, les inventeurs respectifs du praxinoscope (1877), du fusil chronophotographique (1882) et du kinetoscope (1891), pour parvenir à projeter des images photographiques animées sur un écran, au moyen d’un appareil de prises de vue et de projection mécanique, capable d’entraîner une bande.
Les premières projections de films
Après avoir déposé un brevet le 13 février 1895 pour « un appareil servant à l’obtention et à la vision des épreuves chronophotographiques », les frères Auguste et Louis Lumière, associés dans leur profession, organisèrent à Paris le 22 mars une première projection publique du film La Sortie des usines Lumière, qui rencontra immédiatement un véritable succès. C’est ainsi que l’exploitation commerciale de l’appareil débuta officiellement le 28 décembre 1895, lorsqu’eut lieu la première séance publique payante à Paris, dans le Salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines. De nombreux documents de l’époque témoignent de l’engouement du public pour cette innovation technologique. Les affiches en particulier, qui rendent bien compte des aspects distrayants de la Belle Epoque, ont contribué à introduire le cinéma dans les mœurs, l'inscrivant dans l'industrie du divertissement. Ainsi une affiche publicitaire aux couleurs vives de Henri Brispot figure-t-elle la foule de spectateurs qui se pressent devant l’entrée étroite du Salon indien, tandis qu’au premier plan un gardien tente de disssuader un curé de se joindre au public, comme si cette nouvelle distraction ne pouvait le concerner. La hâte de ces hommes et femmes de tous âges et de toutes professions, vêtus pour la plupart à la mode de la Belle Epoque, vient de ce que, pour la première fois, le cinématographe donne aux images, projetées en grandeur naturelle, l’apparence de la réalité et qu’il parvient à enregistrer un événement dans sa durée, créant un effet d’illusion alors perçu comme magique. C’est ainsi qu’un véritable enthousiasme anime les spectateurs du film L’Arroseur arrosé (1895) dans une seconde affiche d’Auzolle, datée de 1896. Leurs réactions diverses – mains tendues, visages sérieux, stupéfaits ou joyeux – devant la scène comique qui se déroule sur l’écran expriment la satisfaction générale la plus vive, tout en soulignant à quel point ce film, le premier à introduire quelques éléments de fiction, parvient à capter l’attention du public. A cette époque, les films réalisés par Louis Lumière, s’ils montrent pour la plupart des scènes familières prises sur le vif, ont néanmoins un grand pouvoir de séduction. Celui-ci provient non seulement de la nouveauté du procédé, mais aussi des qualités plastiques de l’image, qui accentuent l’impression de réel. Le cinéaste, qui se distingue en effet par son habileté à distribuer les masses sur l’écran, à cadrer la scène et à jouer sur les effets lumineux, s’efforce de présenter la réalité, qu’il embellit très légèrement, sans pour autant la transformer.
L’expansion du cinématographe
Devant l’accueil triomphal du public, les frères Lumière étendirent l’exploitation commerciale du cinématographe en envoyant dès 1896 leurs opérateurs le diffuser dans le monde entier. Parallèlement, la production des films Lumière atteignit son apogée entre 1896 et 1897, pour ensuite connaître une récession due non seulement à la fin de l’exploitation du cinématographe aux Etats-Unis, mais aussi et surtout à l’absence de renouvellement du répertoire des scènes filmées. En effet, Louis Lumière, qui envisageait le cinéma non comme un spectacle mais comme une conquête technologique, recentra bientôt son activité sur la photographie. Poursuivant ses recherches techniques sur la qualité de l’image photographique, il parvint en 1903 à mettre au point l’autochromie, un procédé très élaboré qui autorise la reproduction des couleurs, tandis que de grandes compagnies créées par Charles Pathé et Louis Gaumont entre autres se lancèrent dans la production de films. Jusqu’en 1914, les cinéastes explorèrent différentes voies. Ainsi Georges Méliès, qui prit pleinement conscience de l’importance esthétique du nouveau procédé, réalisa-t-il des films dans lesquels la réalité disparaît au profit de la fantaisie et de la poésie. L’introduction progressive de la fiction et l’élaboration d’une écriture propre permirent ainsi au cinéma de se dégager progressivement de ses origines et d’accéder à la maturité, en devenant un art à part entière.
Bernard CHARDÈRE Au pays des Lumière Paris, Actes Sud, 1995.Bernard CHARDÈRE Le Roman des Lumière : le cinéma sur le vif Paris, Gallimard, 1995.Vincent PINEL Louis Lumière, inventeur et cinéaste Paris, Nathan, 1994.Vincent PINEL Le Siècle du cinéma Paris, Bordas, 1994.Jacques RITTAUD-HUTINET Les Frères Lumière : l’invention du cinéma Paris, Flammarion, 1995.Georges SADOUL Histoire du cinéma mondial Paris, Flammarion, 1966.
Charlotte DENOËL, « Le cinématographe Lumière », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/cinematographe-lumiere
- Ludique > La découverte du son : la naissance du cinéma à l’arrivée du parlant http://upopi.ciclic.fr/transmettre/parcours-pedagogiques/la-decouverte-du-son/seance-3-de-la-naissance-du-cinema-l-arrivee-du-parlant
- La frise sur la généalogie du cinéma (et notamment l’entrée la première projection en 1895) http://upopi.ciclic.fr/apprendre/l-histoire-des-images/qui-invente-le-cinema
Lien à été copié
Découvrez nos études
Un transparent de Carmontelle
Louis Carrogis dit Carmontelle, lecteur du duc de Chartres et « divertisseur » pour les Orléans, est plus connu au XVIIIe siècle pour…
Le cinématographe Lumière
La fascination constante des hommes pour les représentations animées a conduit de nombreux savants de l’époque moderne à…
Le 6 juin 1944 : le débarquement
Créé en 1942 par les autorités américaines, l’U.S. Office of War Information a pour mission de promouvoir des images et…
La « divina » Eleonora Duse et la naissance du théâtre du XXe siècle
Dès sa diffusion, à la fin du XIXe siècle, la photographie se révèle une…
La Société du futur vue des années 20
Au milieu des années 20, Erich Pommer, le directeur des studios de la UFA à Berlin, accorde au cinéaste…
Leni Riefenstahl
Dès son arrivée au pouvoir début 1933, Adolf Hitler commande à l’…
Bœuf gras et carnaval au XIXe siècle
Née à l’époque médiévale à l’initiative de la corporation des bouchers, la fête du bœuf gras se déroulait…
L'impressionnisme de Jean Renoir
En plein Front populaire, Jean Renoir, alors très proche du parti communiste français, entreprend un moyen métrage (50 min) tiré…
Gaby Deslys, du music-hall au cinéma
L'essor de la photographie accompagne au XIXe siècle le succès de nouvelles…
Naissance d'une star
En 1929, le producteur allemand Erich Pommer, de la UFA, demande à Josef von Sternberg, cinéaste d’origine autrichienne, de…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel