Aller au contenu principal
L'Orchestre de l'Opéra

L'Orchestre de l'Opéra

Auteur : DEGAS Edgar

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date de création : Vers 1870

Date représentée :

H. : 56,6 cm

L. : 46 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Lien vers l'image

RF 2417 - 01-018280

L'orchestre de l'Opéra

Date de publication : Juin 2015

Auteur : Georges LIÉBERT

Lorsqu’il peignit ce tableau en 1870, Degas connaissait bien l'Opéra. Il avait rencontré des membres de l'orchestre à des soirées musicales chez son père ou chez les Manet et, depuis quelques années, fréquentait assidûment la belle salle de la rue Le Peletier. Lorsque celle-ci, qui brûla en 1873, fut remplacée deux ans plus tard (en grande pompe) par le palais Garnier, il y prit rapidement ses habitudes.
Abonné à partir de 1885, on sait qu'il s'y est rendu cent soixante-dix-sept fois dans les sept années qui suivirent. Sigurd de Reyer, Rigoletto de Verdi, Guillaume Tell de Rossini, La Favorite de Donizetti, Faust de Gounod, L'Africaine, Les Huguenots, Robert le Diable de Meyerbeer, sont les œuvres qu'il vit le plus souvent. Elles constituaient le fleuron d'un genre alors sur le déclin : le « grand opéra français », que Meyerbeer avait triomphalement intronisé à Paris en 1831, avec Robert le Diable, dont Degas a peint deux fois le fameux ballet où, dans un impressionnant décor de Cicéri, des nonnes, revenues à la vie, se livraient à une bacchanale effrénée. Tout autant que l'opéra, la danse attirait Degas au palais Garnier : les ballets, mais aussi, sur la scène ou dans le foyer, les exercices auxquels son statut d'abonné lui donnait libre accès.

On se méprendrait si l'on croyait voir dans ce tableau une représentation réaliste de l'orchestre de l'Opéra de Paris en 1870. Outre que plusieurs des personnages qui y figurent n'étaient pas instrumentistes, Degas, afin de mettre en valeur son ami le bassoniste Désiré Dihau, l'a assis au premier rang, alors que le basson était habituellement placé derrière les violoncelles et les contrebasses. Un changement aussi délibéré que le cadrage très original du tableau, qui présente l'orchestre de biais et ne montre des danseuses que les jambes et les tutus.
De la loge d'avant-scène dépasse la tête du compositeur Emmanuel Chabrier (1841-1894) ; puis, de gauche à droite, apparaissent successivement : le violoncelliste Louis-Marie Pilet (1815-1877) ; derrière Pilet, le ténor espagnol Lorenzo Pagans (1838-1883) ; couronné de cheveux blancs frisés, Gard, « metteur en scène de la danse de l'Opéra » ; jouant pensivement du violon, le peintre Alexandre Piot-Normand (1830-1902) ; regardant vers la salle, Louis Souquet, auteur en 1884 d'un capriccio-valse pour piano ; puis tourné vers la scène le docteur Pillot, peut-être Adolphe Jean Désiré Pillot (1832-?), admis au Conservatoire de Paris dans la classe de solfège le 21 novembre 1846 ; devant lui, en plein centre, le bassoniste Désiré Dihau (1833-1909), à l'Opéra de 1862 au 31 décembre 1889 ; puis le flûtiste Henry Altès (1826-1895), à l'Opéra du 1er février 1848 au 1er septembre 1876 ; Zéphirin-Joseph Lancien (1831-1896), violoniste à l'Opéra où il fut violon solo de 1856 au 31 décembre 1889 ; Jean-Nicolas Joseph Gout (1831-1895), violoniste à l'Opéra du 23 avril 1850 au 31 décembre 1894 ; enfin, vraisemblablement Achille Henri Victor Gouffé (né vers 1805), première contrebasse de l'Opéra.

Très vite les danseuses devinrent un des thèmes de prédilection de Degas et la source principale de son succès auprès du public. Quoiqu'il se soit rarement inspiré de façon littérale de spectacles réels, ce que ses tableaux, pastels et sculptures évoquent, c'est l'univers du grand ballet romantique français – La Sylphide, Giselle… –, un genre lui aussi sur le déclin. Alors professeur à l'Opéra, Jules Perrot, que Degas a représenté plusieurs fois, avait été le grand danseur et chorégraphe de l'époque romantique, avant de devenir maître de ballet à Saint-Pétersbourg où, grâce à son successeur, Marius Petipa, associé à Tchaïkovski, le ballet français connut une nouvelle gloire, tandis qu'il se mourait à Paris.
Mais ce déclin ne signifiait pas celui de la danse, au contraire. Dans les années 1900, liée à la redécouverte du corps, dont témoignait aussi la vogue commençante du sport – c'est en 1896 qu'ont eu lieu à Athènes les premiers Jeux olympiques modernes –, la danse se transforma, en rompant avec les figures stéréotypées de l'académisme. A la fois expressive et stylisée, ce fut d'abord la « danse autre » de l'Américaine Isadora Duncan. Puis vinrent les Ballets russes que Diaghilev fit triompher à Paris à partir de 1909, et que semble annoncer un ensemble de pastels réalisés par Degas en 1899, « Danseuses russes ».

Henri LOYRETTE Degas Paris, Arthème Fayard, 1991.

Georges LIÉBERT, « L'orchestre de l'Opéra », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 24/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/orchestre-opera

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

La mode du rossinisme à Paris sous la Restauration

La mode du rossinisme à Paris sous la Restauration

Lorsque Rossini arrive à Paris en novembre 1823, ce n’est pas un inconnu car douze de ses œuvres ont déjà été montées au Théâtre-Italien, dont quatre…
La mode du rossinisme à Paris sous la Restauration
La mode du rossinisme à Paris sous la Restauration
<em>L’Internationale</em>, hymne révolutionnaire

L’Internationale, hymne révolutionnaire

La figuration d’un hymne emblématique

C’est en 1887 qu’Eugène Pottier édite le poème L’Internationale. Le guesdiste Gustave Delory demande dès l’…

Les Chorégies d’Orange

Les Chorégies d’Orange

L’usage moderne d’un monument antique

L’affiche annonçant la « Fête romaine » du 21 août 1869, d’une sobriété…

Consommer en musique

Consommer en musique

On trouve tout "Au Bon Marché"

En 1906, déjà connu pour ses cartes postales humoristiques, notamment à thématique militaire, l’artiste Léon…

Musique, Maestro !

Musique, Maestro !

Paris est une fête

En 1890, le Café-concert des Ambassadeurs fête ses cinquante ans d’existence au milieu des jardins faisant la jonction entre…

Le Culte de Beethoven, Franz von Stuck et Antoine Bourdelle

Le Culte de Beethoven, Franz von Stuck et Antoine Bourdelle

La réception de Beethoven à la fin du XIXe siècle

« Les plus grands poètes de l’Allemagne sont ses musiciens, merveilleuse famille…

Le Culte de Beethoven, Franz von Stuck et Antoine Bourdelle
Le Culte de Beethoven, Franz von Stuck et Antoine Bourdelle
Anton von Werner entre objectivité et patriotisme

Anton von Werner entre objectivité et patriotisme

Le témoignage d’un peintre allemand sur la France pendant la guerre de 1870

La guerre franco-prussienne de 1870-1871 a donné lieu à de très…

Jour de fête

Jour de fête

La France des fanfares

Au début du XXe siècle, il n’est pas rare que les photographes professionnels comme Henri Lemoine (1848-1924)…

Jour de fête
Jour de fête
Le Génie wagnérien

Le Génie wagnérien

Wagner : une aura existant contre le temps et les frontières

De toute évidence, Richard Wagner n’apprécie guère la peinture « qui le laisse…

Le Génie wagnérien
Le Génie wagnérien
Le Génie wagnérien
Le Génie wagnérien
Felix Nussbaum, un artiste en clandestinité 2/2

Felix Nussbaum, un artiste en clandestinité 2/2

Peindre la mort triomphante en 1944

À la période au cours de laquelle il peint ce qui est sans doute son dernier tableau, Le Triomphe de la mort,…