Louis XVI, roi de France (1754-1793).
Auteur : CARTEAUX Jean-Baptiste-François
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1791
Date représentée : 1791
H. : 306 cm
L. : 322 cm
huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux
MV 3968 - 15-509292
Louis XVI en roi citoyen
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Robert FOHR et Pascal TORRÈS
Petit-fils de Louis XV auquel il succéda en 1774, Louis XVI n’était guère préparé à assumer la royauté. Imperméable aux idées nouvelles en dépit d’un réel intérêt pour le progrès des sciences et des techniques, de caractère indécis et influençable, le roi n’eut pas le courage de soutenir les réformes proposées par ses ministres : son règne est marqué par une série de crises politiques et économiques qui devaient aboutir à la destruction de l’Ancien Régime.
En 1789, il doit accepter sous la pression du tiers état la transformation des états généraux en Assemblée nationale ainsi que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Sous l’influence de plus en plus forte de la reine Marie-Antoinette, il tente de s’opposer à l’inéluctable métamorphose de la France qui débute alors. Otage du peuple de Paris depuis les journées d’octobre 1789, blessé dans sa conscience notamment par la Constitution civile du clergé, il n’envisage jamais vraiment de compromis comme en témoigne sa fuite manquée de juin 1791 qui s’achève par son arrestation à Varennes et lui fait perdre définitivement la confiance du peuple. Le 14 septembre 1791, il accepte la Constitution et jure fidélité à la nation : dépouillé de son pouvoir millénaire de droit divin, il n’est plus désormais que le roi des Français.
Louis XVI est représenté sur un cheval cabré. Il porte un habit rouge sur lequel on aperçoit les ordres du Saint-Esprit et de la Toison d’or. A son chapeau figure la cocarde tricolore, insigne unissant le blanc de la monarchie au bleu et au rouge de la Ville de Paris, que le roi, dans un geste de prudente conciliation, avait accepté d’arborer, dès le 17 juillet 1789, à l’Hôtel de Ville. De la main droite, il tient une épée sur laquelle on lit : La Loi. Dans le bas à droite, sur une pierre, cette signature : Carteaux Peintre du Roi officier de la Cavalerie parisienne 1791.
Le paysage désert (seule une acanthe orne le premier plan dans l’angle inférieur gauche) semble en opposition avec la conception traditionnelle du portrait héroïque à arrière-plan militaire que suggère néanmoins le cheval cabré. De même l’air résigné du monarque, d’une belle vérité psychologique, témoigne d’une réelle distance de l’artiste par rapport à l’art du portrait officiel.
La personnalité romanesque de Jean-Baptiste-François Carteaux, peintre et homme de guerre, mérite d’être soulignée ici : seule la Révolution pouvait offrir à une personnalité de cette trempe une carrière aussi mouvementée. Il fut initié à la peinture par Gabriel-François Doyen alors que celui-ci travaillait à la voûte du dôme des Invalides, où Carteaux apprenait le métier des armes sous la conduite de son père, un dragon.
Ce portrait équestre représentant le monarque constitutionnel est sans doute l’aboutissement des diverses tentatives que fit le peintre pour s’imposer comme portraitiste officiel : en effet, avant de peindre Louis XVI, Carteaux avait approché le prince de Géorgie, était passé par Dresde et, en 1787 à Berlin, avait réalisé le portait du roi de Prusse, après un voyage mouvementé qui l’avait déjà conduit à Saint-Pétersbourg et à Varsovie. Sans doute l’étrangeté de ce portrait à la prussienne reflète-t-elle la culture visuelle propre à l’artiste. Il n’empêche que le contenu politique de cette œuvre ne saurait échapper à l’œil de l’historien : après avoir soutenu le monarque constitutionnel, Carteaux s’en détacha et s’engagea du côté du peuple le 10 août 1792. La fin de l’idéalisation du souverain représenté ici en citoyen garant de la Loi annonçait l’engagement du peintre pour le parti des sans-culottes, anticipant ainsi la chute du pouvoir monarchique.
Edmund BURKE, Réflexions sur la révolution de France, Paris, Hachette, « Pluriels », 1989.Claire CONSTANS, Musée national du château de Versailles. Les Peintures, 2 vol.Paris, RMN, 1995.François FURET et Mona OZOUF, Dictionnaire critique de la Révolution française : articles « Louis XVI », « Procès du roi »Paris, Flammarion, 1988, rééd.coll. « Champs », 1992.Evelyne LEVER, Louis XVI, Paris, Fayard, 1985.Collectif, Catalogue de l’exposition, La Révolution française et l’Europe 1789-1799, Paris, Grand Palais, 1989.
Robert FOHR et Pascal TORRÈS, « Louis XVI en roi citoyen », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/louis-xvi-roi-citoyen
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Bonjour,
Ne constate-t-on pas un surprenant déséquilibre entre la représentation gracile des pattes avant du cheval et la lourdeur pataude de tout l'arrière-train, en particulier des larges pattes arrière ? Est-ce voulu par le peintre?
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