Les Européens et l’Afrique à la fin du XVIIIe siècle
Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, le trafic de la traite des Noirs culmine à des chiffres jamais atteints : 80 045 captifs en moyenne sont transportés, chaque année, d’Afrique en Amérique et aux Antilles. L’économie de tous les pays européens est alors liée à ce commerce et presque tous pratiquent le transport négrier.
Ces intérêts européens considérables sont essentiellement économiques et commerciaux et non politiques. La présence des Européens, limitée aux côtes, se manifeste de trois façons : à terre par des forts et des comptoirs, et en mer par des bateaux qui viennent charger les captifs à la côte et dans les embouchures de quelques rivières.
À l’époque où s’enclenche la Révolution française, les récits de voyageurs, les cartes et les écrits de scientifiques ou d’administrateurs révèlent un désir nouveau de connaissance de l’intérieur de l’Afrique et de ses ressources. Dans ces régions nouvellement pénétrées, la pratique généralisée de l’esclavage est manifeste.
Des réseaux de marchands d’esclaves alimentent aussi une traite qui n’est pas destinée à l’Amérique par l’Atlantique mais aux pays orientaux, par la Méditerranée ou d’autres voies orientales. Ainsi, les itinéraires de traite à travers le Sahara, cartographiés par des Européens à partir de 1790, apparaissent comme bien établis, pour amener les captifs noirs vers les marchés du Maghreb et vers les ports d’Afrique du Nord, d’où ils sont envoyés au Proche et au Moyen-Orient.