Ossian unit Oina Morul et Thormod
Ossian évoque les fantômes au son de la harpe sur les bords du Lora
L'Apothéose des héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la Liberté
Ossian unit Oina Morul et Thormod
Auteur : FRANQUELIN Jean-Auguste
Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web
H. : 22 cm
L. : 19 cm
Autre titre : dit autrefois Le Retour.
Huile sur papier collé sur toile.
Domaine : Peintures
© GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Michel Urtado
RF 2964 - 11-525174
Le Mythe d’Ossian
Date de publication : Octobre 2005
Auteur : Anne-Marie THIESSE
Le mythe d'Ossian
Le mythe d'Ossian
En 1761, le jeune poète James MacPherson publie Fingal, une épopée qui, selon lui, a été composée par Ossian, barde écossais du IIIe siècle de notre ère. MacPherson dit avoir traduit du gaélique cette épopée, retrouvée à partir de collectes de chants populaires dans les Highlands et les îles écossaises. Bien que des controverses éclatent rapidement sur l’authenticité de l’épopée, une vague d’ « ossianophilie » déferle sur toute l’Europe.
L’univers ossianesque est un grand motif d’inspiration pour les écrivains et les peintres à l’aube du romantisme, comme en témoignent les tableaux présentés.
L’Europe du classicisme ne se connaissait d’autres sources culturelles que gréco-latines. Avec la publication des chants épiques attribués à Ossian commence un vaste mouvement de découverte d’un autre patrimoine culturel, hérité des ancêtres « barbares » des Européens, les Celtes, Germains et Vikings.
Fingal et l’épopée Temora publiée par MacPherson en 1763 sont présentées comme une Iliade et une Odyssée calédoniennes, et le barde aveugle Ossian qui s’accompagne d’une harpe celtique comme un Homère nordique. Ces épopées ne chantent pas seulement les exploits guerriers de héros valeureux : on y trouve aussi une exaltation des paysages embrumés et des ciels tourmentés, une expression du sentiment amoureux qui s’accordent à la sensibilité du XVIIIe siècle finissant et annoncent le romantisme.
Werther, le héros du roman de Goethe, déclare qu’ « Ossian a remplacé Homère dans son cœur » et qu’il découvre avec délices « les promenades sur la lande balayée par le vent de tempête qui conduit dans les brumes et sous la lueur obscure de la lune les esprits des ancêtres ».
Comme Werther, la jeunesse européenne se prend de passion pour les épopées ossianesques. L’un des plus grands ossianophiles est Napoléon Bonaparte. Il commande plusieurs tableaux sur les thèmes des épopées à Gérard, Girodet et Ingres pour décorer ses appartements ou ceux de Joséphine.
Si les principes de composition sont encore très classiques, on voit s’esquisser une nouvelle esthétique (plis vaporeux, figures fantasmagoriques et ciels de tempête) préfigurant le style romantique. À travers la référence à Ossian, s’effectue le passage de l’histoire et de la mythologie gréco-latines à des références celtiques, qu’on retrouve par exemple dans Les Martyrs de Chateaubriand (dont la prêtresse Velléda évoque les vierges ossianesques).
Le plus étonnant de ces tableaux est celui qui fait entrer directement Bonaparte et ses officiers dans l’épopée. Il s’intitule Ossian recevant les héros français. Girodet, qui a réalisé cette peinture pour la salle à manger de la Malmaison, lui a donné un long commentaire explicatif. On y apprend que l’aigle s’enfuit devant le coq qui symbolise « le Génie de la France » et qu’Ossian embrasse Desaix tandis que Kléber tend une main à Fingal, le guerrier, fils d’Ossian, en signe d’alliance. Les généraux Dampierre, Dugommier, Championnet, Joubert, Desaix, etc., sans oublier le Premier consul, figurent sur le tableau…
Les publications de MacPherson ont joué un rôle fondamental dans le passage vers l’esthétique romantique. Elles ont inspiré dans toute l’Europe, et notamment en Allemagne, des créations littéraires se référant aux chansons et poésies populaires, comme la célèbre ballade Lenore de Gottfried Bürger. À leur suite se sont multipliées aussi les publications d’épopées reconstituées à partir de collectes de chants populaires, comme le Kalevala finnois (publié par Elias Lönnrot en 1835) ou l’épopée armoricaine du Barzaz-Breiz (publié en 1839 par Théodore Hersart de La Villemarqué).
La celtomanie engendrée par les épopées ossianesque a donné lieu à la création sous l’Empire, en 1805, de l’Académie celtique, société savante qui voulait retrouver dans la culture populaire les vestiges des croyances de « nos ancêtres les Gaulois ». À cette occasion a été esquissé le premier questionnaire ethnographique sur les coutumes et traditions populaires en France.
COLLECTIF, La Légende d’Ossian illustrée par Girodet, catalogue de l’exposition du même nom organisée par les musées de Montargis, Montargis, musée Girodet, 1988.
Denise GLUCK, « Ossian et l’ossianisme », dans Hier pour demain, arts, tradition et patrimoine, catalogue de l’exposition du Grand Palais, Paris, Réunion des musées nationaux, 1980.
Paul VAN THIEGHEM, Ossian en France, Paris, Rieder, 1917.
Anne-Marie THIESSE, « Le Mythe d’Ossian », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/mythe-ossian
Le Barzaz-Breiz, chants populaires de la Bretagne, un article du Blog de Gallica, BNF.
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