Portrait de Joseph-Aimé Péladan dit le Sâr Péladan
Auteur : DAMRY Walter
Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web
Date de création : 1895
Date représentée : 1895
H. : 19,8 cm
L. : 12 cm
Épreuve argentique sur papier à partir d'un négatif au gélatino-bromure d'argent.
Domaine : Photographies
© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / image RMN-GP
PHO 1992 18 - 92-006288
Le Salon de la Rose-Croix
Date de publication : Mars 2008
Auteur : Alain GALOIN
Dans un contexte de critique du positivisme, on assiste à partir de 1850 à un essor de l’occultisme et à un engouement pour le spiritisme venu des Etats-Unis. Des personnalités s’insurgent contre le matérialisme ambiant, contre les mouvements artistiques réalistes et naturalistes et prônent un renouveau de la spiritualité qui s’exprime dans l’éclosion de nombreuses associations à caractère ésotérique.
Joséphin Péladan (1858-1918) est une de ces personnalités. Dans Le Vice suprême (1884), un livre où le romantisme le dispute à l’occultisme, il dénonce vigoureusement la laideur du monde moderne qui, selon lui, s’incarne dans le naturalisme d’Emile Zola, dans le judaïsme affairiste et le laïcisme maçonnique. En 1889, Joséphin Péladan fonde l’Ordre kabbalistique de la Rose-Croix. Parmi les membres : Papus, Erik Satie ou Claude Debussy. En 1890 cependant, prétextant un refus de la magie opérative, il s’en sépare avec fracas et crée une société dissidente, l’Ordre de la Rose-Croix catholique et esthétique du Temple et du Graal. Il veut rénover le catholicisme en s’appuyant sur l’ésotérisme contenu dans cette religion. En 1892, il organise le premier Salon de la Rose-Croix à la célèbre galerie parisienne Durand-Ruel. Soixante artistes français et étrangers y exposent leurs œuvres que 22 000 visiteurs viennent admirer au son du prélude de Parsifal. En effet, Joséphin Péladan se passionne pour la musique de Richard Wagner qui constitue, à ses yeux, « une thérapeutique pour désintoxiquer la France de son matérialisme ». Il y aura au total six Salons de la Rose-Croix. Le dernier est organisé en 1897, dans la galerie Georges-Petit. Après celui-ci, Joséphin Péladan décide la mise en sommeil de son ordre : « Je rends les armes. La formule d’art que j’ai défendue est maintenant admise partout, et pourquoi se souviendrait-on du guide qui a montré le gué, puisque le fleuve est passé. »
Tout le mysticisme oriental de ce personnage original transparaît sur cette photographie prise par le photographe belge Walter Damry vers 1895. Depuis la publication de son livre Istar, Joséphin Péladan se pare du titre de Sâr - hérité, prétend-il, d’un ancêtre roi babylonien - et du prénom Mérodack. Il porte désormais un costume oriental et se décrit lui-même « drapé d’un burnous noir en poil de chameau filamenté de fils d’or, en velours vieux bleu, botté de daim, et, comme Absalon, chevelu […], la barbe ointe d’huile de cèdre. ». Grisé par le succès de son Vice suprême et par la curiosité qu’il éveille dans les salons parisiens, ses outrances vestimentaires lui permettent de faire sensation. Un contemporain, Michel de Lézinier, le décrit ainsi : « Il était parfumé des sept parfums de l’Orient correspondant aux sept planètes, mais où dominait impérieusement l’eucalyptus. Un large col de dentelle sans cravate entourait son cou, mais s’échancrait assez pour recevoir un gros bouquet de violettes; ses gants de peau grise avaient des baguettes à rehauts d’or. »
Le terme « Rose-Croix » désigne un certain nombre d’associations à caractère ésotérique. Le rosicrucisme est né à Cassel, en Allemagne, en 1614, avec la publication d’un manifeste d’un ouvrage qui se présente comme une satire de la situation spirituelle, morale et sociale du luthéranisme ambiant. Du XVIIe siècle à nos jours, toutes les organisations se réclamant de la Rose-Croix ont puisé dans un vaste fonds commun, celui de l’ésotérisme au sens le plus large. Entre la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe, on assiste à une floraison d’ordres rosicruciens qui ont peu à voir avec la Rose-Croix des siècles précédents. L’Europe du XIXe siècle est bouleversée par l’essor de l’industrialisation qui modifie en profondeur l’organisation sociale. Les progrès scientifiques sont ressentis comme une menace. En Allemagne notamment, on tente de fuir l’urbanisation galopante et anarchique et de créer des communautés et des cités-jardins pour vivre en harmonie avec la nature.
En France, Joséphin Péladan va jouer un rôle important dans l’évolution du rosicrucisme. Son roman Le Vice suprême témoigne d’une incontestable maîtrise de l’ensemble du corpus ésotérique. C’est un initié qui veut mettre ses connaissances au service d’un idéal élevé. En effet, son but est de restaurer le culte de l’idéal avec la Tradition pour base et la Beauté comme moyen. Pour Joséphin Péladan, la beauté exprimée dans les œuvres d’art peut conduire l’homme vers Dieu. Ainsi, l’ordre qu’il fonde en 1890 se présente davantage comme une confrérie rassemblant des artistes - musiciens, peintres, sculpteurs aussi bien qu’écrivains - que comme une société initiatique. Il se consacre essentiellement à l’organisation de salons, d’expositions et de soirées dédiées aux beaux-arts. L’art a donc pour lui une mission divine et peut sauver un Occident en pleine dégénérescence matérialiste.
Christophe BEAUFILS Joséphin Péladan (1858-1918) - Essai sur une maladie du lyrisme Grenoble, Editions Jérôme Million, 1993.
Edmond BERTHOLET La pensée et les secrets du Sâr Joséphin Péladan Paris, 1955.
E.DAUTINNE L’œuvre et la pensée de Péladan Bruxelles, 1948.
René-Louis DOYON La douloureuse aventure de Péladan Paris, La Connaissance, 1946.
Alain GALOIN, « Le Salon de la Rose-Croix », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/salon-rose-croix
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daniel lenfant
ou peut on visionner les oeuvres du salon de la rose Croix de 1892 ? ou avoir au moins le titre des oeuvres de ce salon avec le nom d'artiste.
merci
Histoire_image
Bonjour,
Vous pouvez consulter l'ouvrage la liste des œuvres sur le site Gallica : Geste esthétique : catalogue du salon de la Rose † Croix, 10 mars au 10 avril 1892, Galeries Durand-Ruel, Paris
A bientôt,
Anne-Lise
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