Les révoltes des esclaves
La fuite hors des espaces contrôlés par les maîtres, appelée marronnage, est une forme universelle de résistance à l’esclavage. En Guyane française comme hollandaise, elle est facilitée par la géographie qui fait voisiner les habitations, vastes exploitations agricoles où se concentre la main-d’œuvre servile, avec l’univers, alors infini, de la forêt amazonienne.
Les fugues brèves sont tolérées par les maîtres, mais lorsque les esclaves se constituent en bande pour fuir les plantations, créer de petites sociétés indépendantes et lutter contre la répression qui s’abat sur eux, les colons, organisés en milice, prennent les armes. Car le « grand marronnage », en s’opposant au système esclavagiste, menace l’existence même de la colonie.
Le graveur, peintre et poète anglais William Blake, qui est un partisan convaincu de l’abolition de l’esclavage, est profondément marqué par les tensions politiques et sociales décrites par le capitaine Stedman, dans son récit de la guerre menée contre les esclaves marrons révoltés en Guyane hollandaise. Les célèbres illustrations qu’il grave pour ce livre donnent à voir cette réalité avec une modernité déroutante. Elles s’inscrivent dans un cri de révolte contre toute forme d’aliénation.