Découvrir la vie de Loubet (Émile) au travers d'œuvres et d'images d'archive

Émile Loubet est issu d'une famille de cultivateurs et de notables locaux de la Drôme, où son père fut maire de Marsanne pendant 26 ans. Après des études à Valence, il part à Paris. Il choisit le droit et obtient en 1863 son doctorat. En 1865, il s'inscrit au barreau de Montélimar. Républicain modéré, il se lie d’amitié avec Léon Gambetta, figure influente, et commence sa carrière politique.

En décembre 1868, Loubet fait son entrée en politique au conseil municipal de Grignan. Il est ensuite élu conseiller général de Montélimar en juin 1870 et devient maire la même année, un mandat qu'il occupera jusqu'à sa présidence de la République. Le 20 février 1876, il devient député de la Drôme, s’inscrivant parmi les républicains de gauche. En 1877, il est l'un des 363 députés du "Bloc des Gauches" qui votent contre le gouvernement autoritaire du duc de Broglie, ce qui conduit à la dissolution de la Chambre par le président Mac Mahon. Malgré cette sanction, Loubet conserve son influence et demeure député jusqu’en 1885, lorsqu'il est élu sénateur.

La carrière de Loubet prend véritablement son envol au Sénat. Dès janvier 1885, il y devient une figure clé de la gauche républicaine. Il est nommé secrétaire de la Chambre haute et joue un rôle majeur au sein de la Commission des Finances, dont il devient le rapporteur général du budget. En 1887, Loubet se voit confier le portefeuille des Travaux publics dans le cabinet de Pierre Tirard, sous la présidence de Sadi Carnot. Après une pause temporaire, il est rappelé en 1892 à la présidence du Conseil, fonction qu'il occupe durant une période marquée par des tensions politiques. Cependant, son implication dans le scandale de Panama conduit à sa démission en janvier 1893.

Il revient au Sénat, où il reprend ses fonctions de président de la Commission des Finances. En 1896, à la suite de la démission de Paul-Armand Challemel-Lacour, Loubet devient président du Sénat. C'est à ce titre qu'il annonce la mort du président Félix Faure en février 1899. Le 18 février 1899, Émile Loubet est élu président de la République par le Congrès réuni à Versailles. Cette élection suscite des réactions violentes, notamment une tentative de coup d'État menée par Paul Déroulède et une agression personnelle contre Loubet par le baron Christiani.

Le septennat de Loubet est marqué par une grande stabilité, puisqu'il ne nomme que quatre présidents du Conseil durant son mandat : Charles Dupuy, Pierre Waldeck-Rousseau, Émile Combes et Maurice Rouvier. Sous sa présidence, des décisions importantes sont prises, telles que la grâce d'Alfred Dreyfus, la loi sur les associations, et surtout la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État, imposée par la majorité parlementaire. Loubet se distingue également par des gestes symboliques comme le gigantesque banquet offert aux maires de France lors de l'Exposition universelle de 1900, qui réunit près de 23 000 convives. Sur le plan international, la présidence de Loubet est marquée par des rapprochements diplomatiques. En 1901, la visite du tsar Nicolas II en France, suivie d’une visite de Loubet en Russie en 1902, renforce l'alliance franco-russe. En 1903, il reçoit le roi Édouard VII, marquant ainsi les débuts de l'Entente cordiale avec l'Angleterre. Durant son mandat, il accueille également les souverains d’Italie, d’Espagne et du Portugal, consolidant ainsi les relations de la France avec ses voisins européens. Le 17 janvier 1906, Émile Loubet termine son mandat présidentiel et cède la place à Armand Fallières. Retiré de la vie politique, Loubet retourne dans sa région natale et décède à Montélimar le 20 décembre 1929, à l'âge de 91 ans.