Aller au contenu principal
Portraits à la Bourse.

Portraits à la Bourse.

Auteur : DEGAS Edgar

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date représentée :

H. : 100 cm

L. : 82 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (musée d'Orsay) / Tony Querrec

Lien vers l'image

RF2444 - 18-532836

Portraits à la Bourse

Date de publication : Avril 2006

Auteur : Fleur SIOUFFI

Devenue en 1724 l’institution officielle où s’échangent tout à la fois des marchandises, des monnaies et des valeurs mobilières, la Bourse de Paris a été dotée d’une réglementation stable sous l’Empire et d’un édifice, achevé en 1827, dont la construction a été confiée par Napoléon à l’architecte Alexandre Théodore Brongniart. À partir du milieu du XIXe siècle, le rôle prépondérant de la Bourse dans le développement économique de la France, et notamment dans le financement de l’industrialisation, marqua le triomphe de la bourgeoisie d’affaires, composée de banquiers, de courtiers et d’agents de change qui, tous attirés par le goût de la spéculation et la facilité de l’enrichissement, se retrouvaient au palais Brongniart.

Dans cette scène de genre dont le titre nous indique qu’elle se passe à la Bourse, Edgar Degas a justement représenté des hommes d’affaires en redingote et chapeau haut de forme, comme le veut la mode bourgeoise de l’époque, qui s’entretiennent sous le péristyle du palais Brongniart. Dans ses carnets, le peintre a précisé que les deux hommes au centre du tableau sont Ernest May, le visage allongé et les binocles sur le nez, qui était l’administrateur-directeur de la Banque franco-égyptienne, et derrière lui, son associé, un dénommé Bolâtre, à la silhouette trapue.

Degas a fait la connaissance du riche banquier quelques mois plus tôt et la description qu’il en a donnée à l’un de ses amis est brève mais mordante : « C’est un homme d’affaires qui se lance dans les arts ! » En effet, May était également amateur d’art et au fil des années il avait rassemblé une importante collection, principalement des toiles de maîtres anciens, mais à partir de 1878, il commença à acheter des œuvres des impressionnistes. Bien qu’il l’ait rencontré à cette fin, Degas a choisi de présenter cet homme dans le cadre même de ses activités financières. Ainsi, il le portraiture arrivant à la Bourse, apparemment pour s’informer des cours du jour qu’un agent de change lui communique et dont il fait part à son compagnon, lequel se penche sur son épaule pour mieux voir le bordereau. Les autres personnages, dont le peintre a laissé les traits flous, même inachevés comme l’illustre le repentir pour l’homme au premier plan à droite, servent à rendre la scène plus animée, voire caricaturale, lorsqu’on découvre à l’arrière-plan à gauche un personnage grotesque, à l’allure de clown.

En observateur attentif de la bourgeoisie parisienne à laquelle il a appartenu et consacré une grande partie de son art, Degas a réalisé ici l’une des rares transcriptions d’une scène à la Bourse, son atmosphère, ses clients, ses pratiques. Avec malice, le peintre a même livré son regard critique sur cette institution commerciale, à la fois adulée pour les richesses qu’elle drainait et suspectée pour ses sautes d’humeur, et surtout sur ces hommes d’affaires, que symbolisait Ernest May, qui en boursicotant bâtissaient très rapidement leur fortune et collectionnaient des œuvres d’art pour montrer leur réussite. Mais Ernest May n’en a pas tenu rigueur à Degas puisque quelques mois plus tard il lui a acheté trois tableaux et, avant de mourir, a légué son portrait au Louvre.

Pierre CABANNEEdgar DegasParis, Tisné, 1957.Georges DUBY (dir.)Histoire de la France urbaine.La ville à l’âge industrieltome IV, Paris, Le Seuil, 1983.Andrew FORGE et Robert GORDONDegasParis, Flammarion, 1988.Paul-Jacques LEHMANNHistoire de la BourseParis, PUF, 1997.Paul-André LEMOISNEDegas et son œuvretome II, Paris, Arts et Métiers Graphiques, 1949.Henri LOYRETTEDegasParis, Gallimard, 1988.Denys SUTTONDegas.Vie et œuvreParis, Nathan, 1986.Émile ZOLAL’Argent1890.Catalogue de l’exposition DegasParis, RMN, 1988.

Fleur SIOUFFI, « Portraits à la Bourse », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/portraits-bourse

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

La Naissance de l’alpinisme

La Naissance de l’alpinisme

Quel est l’intérêt de la montagne, terroir non agricole au climat si rude ?

Pendant longtemps, les sommets demeurent un territoire interdit, où…

La Naissance de l’alpinisme
La Naissance de l’alpinisme
Les Intérieurs parisiens selon Eugène Atget

Les Intérieurs parisiens selon Eugène Atget

Un album documentaire à visée professionnelle

En 1910, Atget réalise un album de soixante photographies intitulé Intérieurs parisiens, début du…

Les Intérieurs parisiens selon Eugène Atget
Les Intérieurs parisiens selon Eugène Atget
Les Intérieurs parisiens selon Eugène Atget
Les Intérieurs parisiens selon Eugène Atget
L'Empereur et l'Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel

L'Empereur et l'Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel

En 1867, le prestige du régime impérial est déjà fort terni, en France comme à l’étranger. À partir de 1865, l’autorité de l’empereur décline : il…

La femme bourgeoise chez Degas

La femme bourgeoise chez Degas

Au milieu du XIXe siècle, la bourgeoisie contribue largement à faire triompher l’individu, la famille et la vie privée. Le discours public, tant…

La femme bourgeoise chez Degas
La femme bourgeoise chez Degas
La femme bourgeoise chez Degas
La femme bourgeoise chez Degas
<i>L’Enseigne</i>, dit <i>L’Enseigne de Gersaint</i>

L’Enseigne, dit L’Enseigne de Gersaint

Réalisé le temps de huit matins, entre le 15 septembre et la fin de l’année 1720, L’Enseigne de Gersaint est l’un des derniers tableaux de Jean-…

La Grande bourgeoisie à la fin de l'Ancien Régime

La Grande bourgeoisie à la fin de l'Ancien Régime

Lors de son premier séjour à Rome, de 1775 à 1780, David rencontre le fils de monsieur Pécoul, qui lui remet un mot d’introduction pour son père,…

La Grande bourgeoisie à la fin de l'Ancien Régime
La Grande bourgeoisie à la fin de l'Ancien Régime
Bijou utilitaire

Bijou utilitaire

La spécialité bijoutière de la chaîne ne cesse de croître tout au long du XIXe siècle, notamment sous le Second Empire. Les chaînes d’…

Bijou utilitaire
Bijou utilitaire
La vision de la mer au XIX<sup>e</sup> siècle

La vision de la mer au XIXe siècle

Avant 1750, les espaces océaniques n’attirent guère que les marins. Au XVIIe siècle, Claude Gellée, dit Le Lorrain, est l’un des rares…

La vision de la mer au XIX<sup>e</sup> siècle
La vision de la mer au XIX<sup>e</sup> siècle
La vision de la mer au XIX<sup>e</sup> siècle
L’Argent de Zola

L’Argent de Zola

La finance a pignon sur rue

Le XIXe siècle est pour la France celui de la révolution industrielle, dont une des composantes est le…

Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle

Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIXe siècle

Une carrière exceptionnelle

À la fin de 1857, quand il commande au peintre Jules Héreau six panneaux muraux retraçant sa vie afin de les placer…

Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle