Aller au contenu principal
Petite danseuse de quatorze ans

Petite danseuse de quatorze ans

Petite danseuse de quatorze ans

Petite danseuse de quatorze ans

Quatre études d'une danseuse

Quatre études d'une danseuse

Danseuse, grande arabesque, troisième temps

Danseuse, grande arabesque, troisième temps

Petite danseuse de quatorze ans

Petite danseuse de quatorze ans

Auteur : DEGAS Edgar

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date de création : 1921-1931

Date représentée : 1878-1881

H. : 98 cm

L. : 35,2 cm

Cire originale exposée lors de l'exposition impressionniste de 1881.

Exemplaire fondu à la cire perdue de la cire originale entre 1821 et 1931 par Adrien-Aurélien Hébrard.

Autre titre : Grande danseuse habillée.

Modèle : Marie van Goethem.

Bronze patiné, tutu en tulle, ruban de satin, socle en bois.

Profondeur :  24,5 cm.

Domaine : Sculptures

© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojeda

Lien vers l'image

RF 2137 -02-004923

Degas sculpteur et le réalisme audacieux de la Petite danseuse de 14 ans

Date de publication : Novembre 2009

Auteur : Gabriella ASARO

Mieux connu par son œuvre de dessinateur et de peintre, Degas est aussi un sculpteur prolifique : à sa mort, en 1917, il laisse dans son atelier 150 sculptures en cire ou en terre. Sans craindre ni le poids ni la fixité de la matière, Degas réussit à représenter le mouvement avec la même facilité dont il fait preuve dans ses peintures et ses pastels. Même les figures statiques révèlent une propension au mouvement : les corps des modèles représentés sont parcourus par une tension qui les étire, les courbe, les soutient dans des poses souvent difficiles à maintenir longtemps. L’activité de sculpteur est d’ailleurs conciliable avec les problèmes de vue qui accablent Degas.

Le travail avec les danseuses permet à Degas d’étudier les innombrables possibilités du corps humain, ce qui est particulièrement vrai dans le cas de ses sculptures. Si Degas peintre est souvent partagé entre la réalité et l’artifice de la scène, le sculpteur poursuit sa recherche du vrai avec des résultats parfois dérangeants. Tel est le cas de la célèbre Petite danseuse de 14 ans, dite aussi Grande danseuse habillée, que Degas présente au Salon des impressionnistes en 1881, après avoir suscité le mystère et l’attente autour de cette sculpture dont il n’a pas révélé le sujet. Les critiques, qui depuis quelques années ont reconnu la valeur de Degas et l’ont consacré « peintre des danseuses » lors du Salon de 1880, s’indignent en voyant une œuvre représentant, avec un réalisme scandaleux, un vulgaire « petit rat » (élève danseuse) de l’Opéra. La statue est vêtue d’un vrai tutu en tulle et porte de véritables chaussons de danse ; un ruban de satin noue de vrais cheveux et, pour accentuer le vérisme, son corps de cire est coloré. Degas choisit de présenter sa sculpture dans une vitrine pour affirmer son statut d’œuvre d’art, mais les critiques la considèrent comme un travail de taxidermiste.

Son modèle est Marie van Goethem, fille d’immigrés belges qui vit à Paris avec sa mère, veuve, et ses deux sœurs, l’aînée Antoinette et la cadette Louise. Les trois filles sont envoyées à l’Opéra par leur mère, blanchisseuse qui vraisemblablement se prostitue pour subvenir aux besoins de la famille ; elles posent pour Degas, mais leurs chemins se séparent bientôt. Antoinette se prostitue et commet des vols à main armée avec sa mère. Marie entre à l’école de l’Opéra à l’âge de treize ans, en 1879, mais se fait renvoyer quatre ans plus tard pour avoir manqué onze cours ; à dix-sept ans elle a déjà mauvaise réputation, pose pour des peintres et se prostitue. Seule Louise poursuit sérieusement la carrière de danseuse ; elle connaît une certaine renommée dans les années 1890 et sera ensuite professeur de danse à l’Opéra.

Dans Le Temps, Paul Mantz affirme que la Petite danseuse de 14 ans est « troublante […], redoutable parce qu’elle est sans pensée […], avance avec une bestiale effronterie son visage ou plutôt son petit museau », puis il se demande : « Pourquoi est-elle si laide ? Pourquoi son front, que ses cheveux couvrent à demi, est-il déjà, comme ses lèvres, marqué d’un caractère si profondément vicieux ? » Certes, la biographie de Marie van Goethem prête mal à l’hagiographie, mais elle n’est alors qu’un « petit rat » prometteur, comme en témoigne sa posture, son attitude et même son regard, qui font penser à une élève sage qui écoute son professeur plutôt qu’à une nymphette. Les danseurs d’aujourd’hui reconnaissent facilement dans la posture de Marie la position de repos encore en usage lors des classes et des répétitions. L’attitude sérieuse et concentrée du modèle est confirmée par les nombreux dessins préparatoires réalisés par Degas, en particulier les Quatre études d’une danseuse : le regard de Marie dans le dessin en haut à droite et la position des bras dans le dessin en bas à gauche rendent justice à ce chef-d’œuvre méprisé par les critiques.

La version en bronze, nécessaire pour préserver l’œuvre, a été réalisée en respectant l’original en cire. Le même procédé a été utilisé pour les sculptures représentant des danseuses au travail, au repos ou en train de s’habiller (voir Degas et la vie quotidienne des danseuses de l'Opéra). Lorsqu’il s’agit d’un exercice de danse, Degas indique dans le titre de la sculpture le nom de la position représentée avec la précision d’un glossaire de danse illustré (voir Représentations de la danseuse à la barre à la fin du XIXe siècle).

Danseuse, grande arabesque, troisième temps est exemplaire de l’extraordinaire maîtrise des lignes qui caractérise le style de Degas. La nudité du modèle souligne l’attitude parfaite de la danseuse au torse basculé vers le sol, jambe gauche levée, bras écartés pour assurer son équilibre, en tous points conforme aux dictées académiques : entre la pointe du pied levé et sa tête se dessine une ligne oblique continue.

Il est étonnant aujourd’hui de voir comment une sculpture représentant une jeune fille qui n’a rien d’aguicheur a pu susciter de féroces critiques, mais il faut considérer que l’époque a sur les mœurs des danseuses une opinion loin d’être flatteuse. Il semblerait même que les critiques projettent sur la figure de la petite danseuse leurs propres vices, désirs inavoués, pulsions étouffées ou secrètement assouvies.

Contrairement à une certaine image misogyne de Degas, son travail montre une attention dépourvue de mépris et de moralisme à l’égard des femmes, qu’il les observe dans leur travail de danseuses, de repasseuses, de blanchisseuses, ou qu’il les surprenne dans leur intimité. Ainsi, dans ses sculptures représentant des danseuses, Degas parvient à reproduire l’équilibre magique des corps et des esprits.

Patrick BADE, Degas. Les chefs-d’œuvre, traduit de l’anglais par Jacques-François Piquet, Paris, Hazan, 1994.

Jill DEVONYAR et Richard KENDALL, Degas et la danse, traduit de l’américain par Christine Piot, Paris, Éditions de La Martinière, 2004.

Antoine TERRASSE, Tout Degas, Paris, Flammarion, 1982, 2 volumes.

Gabriella ASARO, « Degas sculpteur et le réalisme audacieux de la Petite danseuse de 14 ans », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 15/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/degas-sculpteur-realisme-audacieux-petite-danseuse-14-ans

Anonyme (non vérifié)

Bonjour,
Sait on si la petite danseuse a été coulée en plusieurs exemplaires et si ces copies portent alors, la signature de Degas ou comme pour les tableaux,devraient elles porter la mention "d'après..."?Ces copies portent elles aussi un numéro de série?Sait on aussi à quand remontent ces copies,du vivant de Degas ,faites avec son accord???? Merci pour votre participation.

sam 14/07/2012 - 09:44 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Je vous demandez si vous savez ou habite la Petite Danseuse de 14 ans en cire? J'ai deja vu la Petite Danseuse de 14 ans en bronze, et je voudrais voir l'original!
Je pense qu'elle est au Louvre, mais je ne suis pas positive... S'il vous plait, aidez-moi! Merci beaucoup.
Je suis une americaine, et je voyagerai a Paris en auot, et je veux bien voir la Petite Danseuse!

mar 24/07/2012 - 03:58 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Salut,
Je vous demandez si vous savez ou habite la Petite Danseuse en cire? Je voudrais voir l'originelle, parce que je l'aime.
Je pense qu'elle est au Louvre, mais je ne suis pas positive...s'il vous plait, aidez-moi!
Je voyagerai a Paris en auot, et je voudrais savoir si elle est la.
Merci beaucoup!

mar 24/07/2012 - 04:02 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

La statue originale de l’œuvre La Petite Danseuse de quatorze ans est aujourd'hui à la National Gallery of Art à
Washington. Elle appartient à la collection de Paul Mellon depuis 1999.

A bientôt

Anne-Lise

mar 24/07/2012 - 09:59 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

La reproduction en cire qui se trouve au musée d'Orsay porte les inscriptions suivantes :
- sur l'angle postérieur droit du socle gravé maladroitement : DEGAS
- sur la plaquette de métal inscrustée à côté, cachet : CIRE PERDUE A.A. HEBRARD
- gravé à côté : P
Sources : musée d'Orsay

Il y aurait eu près de 29 exemplaires.
Vous trouvez également plus d'informations dans ce document :
www4c.ac-lille.fr/condorcetlens/IMG/pdf/dossier_1bis_.pdf

A bientôt,

Anne-Lise

mar 24/07/2012 - 10:07 Permalien
Anonyme (non vérifié)

J'adore cette petite danseuse, son histoire est vraiment intéressante... ;-)

lun 21/10/2013 - 19:06 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Les « Années folles »

Les « Années folles »

Montmartre, cœur des années folles

Deux places mythiques de la nuit parisienne ponctuent le boulevard de Clichy, qui sert de déambulatoire à la…

Les « Années folles »
Les « Années folles »
Marie-Madeleine Guimard et le ballet français du XVIII<sup>e</sup> siècle redécouverts

Marie-Madeleine Guimard et le ballet français du XVIIIe siècle redécouverts

L’esprit galant du XVIIIe siècle et ses protagonistes reviennent à la mode dans la seconde moitié du XIXe siècle : les…

Marie-Madeleine Guimard et le ballet français du XVIII<sup>e</sup> siècle redécouverts
Marie-Madeleine Guimard et le ballet français du XVIII<sup>e</sup> siècle redécouverts
Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme

Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme

Une icône de beauté angélique

À la Belle Époque, sous l’influence du décadentisme et du symbolisme, hédonisme et spiritualité se côtoient :…

Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme
Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme
Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme
Loïe Fuller, incarnation du Symbolisme sur la scène

Loïe Fuller, incarnation du Symbolisme sur la scène

La « fée électricité » de la Belle Époque

Le mythe de Paris « Ville lumière » est indissociable de la « fée électricité » Loïe Fuller, artiste…

Loïe Fuller, incarnation du Symbolisme sur la scène
Loïe Fuller, incarnation du Symbolisme sur la scène
Loïe Fuller, incarnation du Symbolisme sur la scène
Loïe Fuller, incarnation du Symbolisme sur la scène
Degas et la vie quotidienne des danseuses de l'Opéra

Degas et la vie quotidienne des danseuses de l'Opéra

À partir de la fin des années 1860, Degas suit les danseuses pendant les classes et les entraînements réguliers, près des feux de la rampe et même…

Degas et la vie quotidienne des danseuses de l'Opéra
Degas et la vie quotidienne des danseuses de l'Opéra
Degas et la vie quotidienne des danseuses de l'Opéra
Degas et la vie quotidienne des danseuses de l'Opéra
La baraque de la Goulue et le bal Bullier

La baraque de la Goulue et le bal Bullier

L’essor des spectacles dans le Paris de la Belle Époque

Sous l’impulsion du baron Haussmann, Paris se transforme en profondeur au cours de la…

La baraque de la Goulue et le bal Bullier
La baraque de la Goulue et le bal Bullier
La baraque de la Goulue et le bal Bullier
Représentations de la danseuse à la barre à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle

Représentations de la danseuse à la barre à la fin du XIXe siècle

Indispensable pour s’échauffer, pour apprendre le bon placement du corps et pour faire travailler correctement les muscles dans les positions qui…

Représentations de la danseuse à la barre à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle
Représentations de la danseuse à la barre à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle
Représentations de la danseuse à la barre à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle
Joséphine Baker et la Revue Nègre

Joséphine Baker et la Revue Nègre

Les années folles, antidote à la Grande Guerre

« Roaring Twenties » de Broadway dépeintes par Fitzgerald aux États-Unis, années folles…

Joséphine Baker et la Revue Nègre
Joséphine Baker et la Revue Nègre
Les Ballets russes

Les Ballets russes

En 1898, Serge de Diaghilev fonde « Le Monde de l’art », association puis revue regroupant plusieurs artistes qui, en marge de l’académisme…

Les Ballets russes
Les Ballets russes
Les Ballets russes
Les Ballets russes
La fascination pour le Cambodge au début du XX<sup>e</sup> siècle

La fascination pour le Cambodge au début du XXe siècle

Le Cambodge à l’Exposition coloniale de Marseille

Entre le 15 avril et le 18 novembre 1906 se tient à Marseille, porte de l’Orient, la première…