Aller au contenu principal
Le cimetière de Saint-Privat, le 18 août 1870.

Le cimetière de Saint-Privat, le 18 août 1870.

Lieu de conservation : musée de l’Armée (Paris)
site web

Date représentée : 18 août 1870

H. : 118 cm

L. : 190 cm

Esquisse pour le tableau présenté au salon en 1881 et conservé au musée d'Orsay.

Domaine : Peintures

© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN - Grand Palais - Photographe inconnu

http://www.photo.rmn.fr

06-518765 / 14628 ; Ed 347

Le cimetière de Saint-Privat

Date de publication : Septembre 2008

Auteur : François ROBICHON

La guerre franco-prussienne de 1870, déclarée le 19 juillet, se déroule en deux phases : la première sous la direction de Napoléon III jusqu’à la défaite de Sedan le 31 août où il est fait prisonnier ; la seconde, de la proclamation de la république le 4 septembre jusqu’à la signature du traité de Francfort le 10 mai 1871, qui met fin à la guerre.
La campagne d’août débute en Alsace avec les premières défaites françaises à Woerth et autour de Reichshoffen. Sous le commandement du général Bazaine, une partie de l’armée se replie sur Metz où vont se livrer plusieurs batailles décisives les 16 et 18 août 1870. Si l’armée française tient le terrain, elle n’exploite pas ses succès, faute de troupes de réserve et d’un commandement décidé. L’après-midi du 18 août, un combat s’engage entre le 94e régiment de ligne français (6e corps commandé par le maréchal Canrobert), retranché dans Saint-Privat, et l’infanterie ennemie. Après une heure de combats acharnés, la garde royale est décimée. L’artillerie prussienne prend alors la relève, et quatre-vingts pièces de canon pilonnent le village. Les derniers défenseurs français abandonnent Saint-Privat en flammes à la tombée de la nuit. Mais la défaite du 6e corps seul coûta à l’armée prussienne 10 400 hommes ; et le lendemain, le roi Guillaume télégraphiait à la reine Augusta : « Ma garde a trouvé son tombeau devant Saint-Privat. » L’armée française se réfugie dans Metz. Elle n’en sortira que pour se rendre. La stratégie de Bazaine est jugée responsable de la déroute de l’armée du Rhin. Accusé de haute trahison, Bazaine est jugé pour avoir livré Metz et condamné. En 1881, date du Salon où l’œuvre est présentée, il s’est évadé du fort de Sainte-Marguerite où il était incarcéré et s’est réfugié en Espagne.

Inspiré de témoignages d’officiers présents à Saint-Privat, l’épisode choisi par l’artiste est le moment critique où la bataille va basculer définitivement en faveur de l’ennemi. Dans le village en flammes, des colonnes d’un régiment de Saxons s’avancent vers le cimetière, ultime refuge des Français. La porte est enfoncée, et les derniers soldats qui la défendaient tués. Des corps jonchent les tombes, tandis que plusieurs blessés, désarmés, se tiennent le long d’un des murs. Dans ce tableau, Alphonse de Neuville a repris plusieurs motifs déjà utilisés dans ses précédentes compositions, notamment la porte comme espace du drame, mais aussi le soldat hors combat dont l’héroïsme est désormais vain, et il a porté une attention particulière au dessin des cadavres. C’est la première génération de peintres militaires à représenter des cadavres vrais, loin de toute pose conventionnelle.
Le peintre s’est rendu sur place pour dessiner le village, alors en territoire allemand. Dans la composition finale, il a accentué la distance entre le cimetière et les maisons de la place du village.

Surtout connu pour les Dernières cartouches (1873) qui représente un épisode de la bataille de Sedan, Alphonse de Neuville s’est fait une spécialité des tableaux exaltant l’héroïsme malheureux des troupes françaises durant cette guerre : « Je désire raconter nos défaites dans ce qu’elles ont eu d’honorable pour nous, et je crois donner ainsi un témoignage d’estime à nos soldats et à leurs chefs, un encouragement pour l’avenir. Quoi qu’on en dise, nous n’avons pas été vaincus sans gloire, et je crois qu’il est bon de le montrer ! » (Lettre d’Alphonse de Neuville au critique d’art Gustave Goestschy, 1881)
Le cimetière, choisi comme dernier lieu de résistance, renforce la signification symbolique du tableau tout comme le format d’assez grandes dimensions (235 x 341 cm). La peinture d’Alphonse de Neuville a suscité une grande émotion dans le public français, qui vivait dans le souvenir de la défaite et de l’humiliation. Le patriotisme de sa peinture ne doit pas faire oublier les qualités du peintre, incontestables dans la mise en scène « théâtrale » de la guerre et jusque dans son traitement du paysage.

Philippe CHABERT, Alphonse de Neuville, l’épopée de la défaite, Paris, 1979.

Bernard GIOVANANGELI, Eric LABAYLE, Jean-François LECAILLON, Henri ORTHOLAN, 1870.

Les soldats et leurs batailles, Paris, 2006.

François ROBICHON, L’armée française vue par les peintres, 1870-1914, Paris, 1998.

Lt-Colonel ROUSSET, Histoire générale de la guerre franco-allemande (1870-1871), Paris, sd. [1910]. 

François ROBICHON, « Le cimetière de Saint-Privat », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 20/04/2024. URL : histoire-image.org/etudes/cimetiere-saint-privat

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Le Marquis de Montcalm, héros de la guerre de Sept Ans

Le Marquis de Montcalm, héros de la guerre de Sept Ans

Louis-Joseph de Montcalm de Saint-Véran est né le 28 février 1712 au château de Candiac, à proximité de Nîmes. Issu d’une famille de la vieille…

La bataille de la Marne : l'infanterie au combat

La bataille de la Marne : l'infanterie au combat

1914, la guerre des plans

La bataille de la Marne est une série d’affrontements à l’est de Paris, se déroulant pour l’essentiel entre le 6 et le…

La bataille de la Marne : l'infanterie au combat
La bataille de la Marne : l'infanterie au combat
Guerre de Vendée

Guerre de Vendée

A l’automne 1793, la Terreur, institution administrative et judiciaire décrétée par la Convention nationale pour épurer le pays de ses ennemis…

Portrait du duc de Villars

Portrait du duc de Villars

Le duc de Villars, maréchal de France

Ce tableau est regardé comme la copie, une dizaine d’années plus tard, d’un premier portrait réalisé en 1704…

L'achèvement de la conquête d'Algérie

L'achèvement de la conquête d'Algérie

La reddition d’Abd el-Kader en décembre 1847 ne marqua pas la fin de la résistance à l’occupation française en Algérie. Pour achever la conquête,…

Le Deux mai 1808 à Madrid

Le Deux mai 1808 à Madrid

D’alliés à occupants, les Français et le soulèvement des Madrilènes

En 1814, soit près de deux ans après que le territoire espagnol a été libérée…

La campagne de Russie, 1812

La campagne de Russie, 1812

Au printemps 1812 Napoléon rassemble une armée de 600 000 hommes, dont la moitié provient des pays vassaux, appelée l’armée des vingt nations par…

La campagne de Russie, 1812
La campagne de Russie, 1812
Regards sur la bataille de Sedan ( 1er septembre 1870)

Regards sur la bataille de Sedan ( 1er septembre 1870)

L’heure de vérité entre France et Prusse

La guerre de 1870 voit s’affronter deux armées inégalement structurées. Au cours des années 1860, la…

Regards sur la bataille de Sedan ( 1er septembre 1870)
Regards sur la bataille de Sedan ( 1er septembre 1870)
La bataille de Castiglione, 5 août 1796

La bataille de Castiglione, 5 août 1796

Lors de la première campagne d’Italie, ayant vaincu les Austro-Piémontais et signé l’armistice de Cherasco le 28 avril 1796, Bonaparte prit…

Le siège de Lille (septembre-octobre 1792)

Le siège de Lille (septembre-octobre 1792)

Le 20 avril 1792, sur la proposition du roi Louis XVI, l’Assemblée législative déclare la guerre à l’empereur d’Autriche et engage ainsi la France…