Cour de ferme en Normandie.
Auteur : MONET Claude
Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web
H. : 65,2 cm
L. : 81,5 cm
huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojeda
RF 3703 - 11-564968
Une ferme sous le Second Empire
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Ivan JABLONKA
Sous le Second Empire, l’économie rurale connaît son âge d’or. Cette période de prospérité profite aux fermiers petits et moyens qui peuplent le bocage.
Le « bocage » désigne une structure agraire originale, dans laquelle la propriété, souvent en herbages, est entourée de clôtures ou de haies vives ; les régions bocagères sont pour la plupart des pays humides et d’habitat dispersé, où le bois est omniprésent, comme la Bretagne, la Vendée, l’Anjou, le Maine, le Bas Poitou et la Normandie.
La clôture s’oppose au système de la vaine pâture et aux traditions de travail en commun qu’on trouve en pays d’openfield, dans la mesure où « clôturer, c’est se soustraire à la communauté » (G. DUBY, A. WALLON (dir.), Histoire de la France rurale, t. III, Apogée et crise de la civilisation paysanne, 1789-1914, Seuil, 1976, p. 267).
Cette ferme verdoyante a presque toutes les caractéristiques de l’habitation cauchoise typique, avec sa cour ouverte plantée de pommiers, sa mare en contrebas, ses bâtiments d’exploitation et ses haies. Le vert de la toile révèle une herbe grasse, bonne à brouter ; le ciel blanc qui s’ouvre au-dessus des frondaisons viendra bientôt remplir d’eau de pluie la mare.
C’est aujourd’hui un jour ordinaire : le fermier est allé puiser de l’eau avec son fils, tandis que les animaux se nourrissent tranquillement dans l’enclos. Toute la surface a été cédée aux bêtes.
Le terrain est occupé à gauche par une maison de pierre et une autre, plus au fond, en colombage à poutres horizontales. Le toit, en chaume, est périssable et extrêmement dangereux en cas d’incendie.
Ce tableau offre un témoignage précieux sur la vie quotidienne des paysans dans le bocage normand. Ce dernier, mis en place au cours du XVIe siècle (comme en Angleterre où le mouvement des enclosures s’affirme sous Élisabeth Ire), se consolide au XIXe siècle lorsque les régions des massifs anciens se spécialisent dans l’élevage sous l’effet de l’accroissement de la demande urbaine. Le Calvados compte 200 000 bovins au début de la monarchie de Juillet, pour atteindre son maximum vers 1866.
Mais, fondamentalement, la région pratique une polyculture traditionnelle : comme dans cette ferme, les paysans normands entretiennent des prairies pour y élever leurs bovins et leurs animaux de basse-cour, lesquels alimentent l’autoconsommation et un petit commerce de lait, d’œufs et de fromages.
Le bocage implique donc à la fois un système d’exploitation et un mode de vie. La toile de Monet en perpétue le souvenir, à l’heure où, dans l’Ouest français, les haies disparaissent, les fossés sont comblés et les talus arasés.
Gabriel DÉSERT, Une société rurale au XIXe siècle. Les paysans du Calvados, 1815-1895, New York, Arno Press, 1977.
Pierre FRANCASTEL, L’Impressionnisme, Paris, Denoël-Gonthier, coll. « Bibliothèque Médiations », 1974.
Jean-Luc MAYAUD, La Petite Exploitation rurale triomphante. France, XIXe siècle, Paris, Belin, 1999.
Jules SION, Les Paysans de la Normandie orientale, Paris, A. Colin, 1909.
Jean-René TROCHET, Aux origines de la France rurale. Outils, pays et paysages, Paris, Éditions du CNRS, coll. « Mémoires et documents de géographie », 1993.
Ivan JABLONKA, « Une ferme sous le Second Empire », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/ferme-second-empire
Lien à été copié
Découvrez nos études
Les paysans vus par la IIIe République
Chaque région agricole française a ses cultures de prédilection, ses structures agraires propres et ses méthodes culturales.
Au XIX…
Une ferme sous le Second Empire
Sous le Second Empire, l’économie rurale connaît son âge d’or. Cette période de prospérité profite aux fermiers petits et moyens qui peuplent le…
La condition paysanne
La datation et la signature de cette eau-forte coloriée, intitulée…
Les cribleuses de blé
Au milieu du XIXe siècle, la culture est largement prédominante dans l’économie rurale du Doubs. La surface agricole, presque…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel