Affiche officielle du match d'ouverture de la Coupe du monde 1930
Auteur : LABORDE Guillermo
Lieu de conservation : musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem, Marseille)
site web
Date de création : 1930
Date représentée : 13-juil-30
H. : 88 cm
L. : 38 cm
affiche imprimée, éditée par Olivera Y. Fernandez ; titre : « Match entre la France et le Mexique au stade Los Pocitos de Montevideo. »
Domaine : Affiches
© Mucem, dist. RMN - Grand Palais / Yves Inchierman
16-527148 / 2015.14.1
Mondialiser la balle ronde
Date de publication : Juin 2021
Auteur : Alexandre SUMPF
Première mondiale
Le 13 juillet 1930, aux antipodes, débute l’aventure de la Coupe du monde de football. C’est sous l’impulsion de Jules Rimet, président de la FIFA, que cette compétition est créée. Pour le match d’ouverture, la France affronte le Mexique au stade Los Pocitos, à Montevideo.
Pour l’occasion, l’affiche officielle, signée par l’Uruguayen Guillermo Laborde (1886-1940), est déclinée avec le nom des deux équipes. Après avoir fait les Beaux-Arts en Europe, notamment en France, l’artiste a cofondé le mouvement de peinture planiste, qui privilégie les plans de couleur et rejette tout volume au profit de la géométrie, et tout réalisme au profit du schématisme. Laborde a emporté le premier prix du concours lancé à Montevideo, de même que celui organisé à l’occasion de l’exposition du centenaire de l’Uruguay.
Le football ne représente pas pour lui un sujet privilégié, mais sa manière imprime sa marque au moment où, pour une fois, le pays focalise l’attention mondiale. Il faut dire que l’équipe nationale fait partie des meilleures mondiales : la double tenante du titre olympique (1924 et 1928) emportera d’ailleurs le tournoi le 30 juillet face au voisin argentin.
Dans la lucarne
De format vertical et relativement étroit, l’affiche en noir et sépia se divise dans le sens de la largeur en deux parties inégales.
Le tiers inférieur comporte assez classiquement toutes les informations sur l’événement, en espagnol. Les lettres sont stylisées grâce à des formes géométriques mêlant les polices à la mode et une création plus audacieuse, tout en rondeurs et en pleins, pour le mot « Uruguay ».
Sur les deux tiers supérieurs de l’affiche, Laborde a représenté l’un des gestes les plus spectaculaires du football : un gardien de but qui s’envole pour capter un ballon qui allait en lucarne. Tout le dynamisme de ce mouvement réside dans le cadrage et les éléments simplifiés employés. L’angle droit qui forme le coin supérieur droit des cages est décalé de 20 degrés afin de donner l’illusion d’un cliché pris en contre-plongée. Comme en écho, le visage du goal se compose d’un hexagone, allongé par l’élan. Le tronc et les bras décrivent une courbe souple et élancée qui s’achève par le cercle parfait du ballon.
Médiatiser un sport pas encore mondial
L’affiche officielle de la première Coupe du monde de football est sans conteste l’œuvre la plus célèbre de Laborde, dont le nom est en général ignoré des supporteurs, même uruguayens. Son dessin, devenu une icône, est repris depuis soixante-dix ans par toutes les publications sur le sujet. En revanche, il n’a guère eu d’écho à l’époque.
Le choix de l’Uruguay a procédé d’enjeux symboliques (centenaire de cette nation, titres olympiques de son équipe de football), mais aussi pragmatiques : le pays organisateur a accepté d’assumer les frais de séjour des équipes étrangères et a fait construire un stade gigantesque pour l’occasion. La crise de 1929 fait rage, et les arguments économiques ont un certain poids. Si la FIFA a invité tous ses adhérents à participer au tournoi, bien des équipes asiatiques et surtout européennes renoncent devant les frais et la durée de la traversée (deux semaines). Ainsi, le continent américain envoie neuf équipes, et l’Europe seulement quatre : la Yougoslavie, la France, la Roumanie et la Belgique.
Si ces deux dernières déçoivent, comme le Brésil, la France gagne son premier match face au Mexique et perd de façon épique contre le grand favori argentin ; la Yougoslavie atteint quant à elle les demi-finales. Le tournoi est jugé de haut niveau sur le plan sportif ; il dégage d’importants bénéfices et a attiré environ 500 000 spectateurs.
La compétition organisée en Italie en 1934 connaît aussi des défections significatives – dont celle du tenant du titre ! Il faut attendre l’édition suisse de 1954 pour que seize équipes participent bien au tournoi final, et 1970 pour que les qualifications n’enregistrent aucun forfait.
La presse suit l’événement de près, de la décision de l’organiser au retour des joueurs. L’Action française de Charles Maurras célèbre le prestige national, tandis que L’Intransigeant donne la parole au joueur Augustin Chantrel dans son numéro du 31 juillet 1930 pour raconter de l’intérieur le match contre l’Argentine. Il n’en revient pas que plus de 30 000 Uruguayens aient crié pendant tout le match « Francia » pour soutenir les joueurs contre le frère ennemi argentin. Si la Coupe n’attire pas encore tout le monde, dès 1930, les passions nationales sont au rendez-vous.
CORREIA Mickaël, Une histoire populaire du football, Paris, La Découverte, 2018.
DIETSCHY Paul, Histoire du football, Paris, Perrin, coll. « Pour l’histoire », 2010.
WAHL Alfred, Histoire de la Coupe du monde de football : une mondialisation réussie, Berne, PIE Lang, coll. « Enjeux internationaux » (no 27), 2013.
FIFA : Fédération internationale de football association. Association des fédérations nationales fondée le 21 mai 1904 à Paris, elle a pour vocation de gérer et de développer le football dans le monde.
Alexandre SUMPF, « Mondialiser la balle ronde », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/mondialiser-balle-ronde
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