Les événements de Lyon, 22 novembre 1831. Combat du Pont Morand.
Horrible massacre à Lyon, 9 avril 1834.
Les événements de Lyon, 22 novembre 1831. Combat du Pont Morand.
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée Gadagne (Lyon)
site web
Date représentée : 22 novembre 1831
gravure sur cuivre in-4°à Lyon chez Château
Domaine : Estampes-Gravures
© Musée Gadagne - Lyon
La Révolte des canuts
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Hélène DELPECH
Le 20 novembre 1831 l’association mutuelle des chefs d’atelier de soierie décide la grève générale pour obliger les fabricants à respecter le tarif de façon réclamé pacifiquement par les tisseurs et fixé en commun sous l’égide du maire et du préfet trois semaines plus tôt. Ils se heurtent à la garde nationale bourgeoise et à l’armée. Après deux jours de combats ils occupent l’hôtel de ville, mais leurs divisions permettent au préfet de rétablir son autorité dès le 24. Le bilan est lourd ; près de 200 morts, deux fois plus de blessés, civils et militaires ; abolition du tarif et interdiction des associations au nom du libéralisme. Toutefois la plupart des inculpés seront acquittés, eu égard aux difficultés économiques.
Le 9 avril 1834, pendant le procès de tisseurs accusés de coalition et de grève, des coups de feu tirés sur la foule déclenchent une semaine de combats encore plus meurtriers : plus de 300 morts, près de 600 blessés. On se bat pour la république autant que pour la liberté d’association (d’autres villes se soulèvent, La Rue Transnonain, le 15 avril 1834). La répression est brutale : condamnations à la prison, à la déportation ; rétablissement de la censure. Sans association ni journaux, la contestation semble écrasée. Une amnistie sera accordée en 1837.
1831 : sous un titre sobre la gravure lyonnaise présente une vue panoramique fidèle. Entre la rive gauche du Rhône peu urbanisée et la colline de Fourvière avec sa chapelle séculaire, on reconnaît le pont Morand en bois, le pont Lafayette, le beffroi de l’hôtel de ville, le collège royal, son clocher et l’arche de sa bibliothèque. Des épisodes successifs de la journée du 22 novembre y sont réunis : l’occupation de la rive gauche et des ponts par des renforts ouvriers de la Guillotière et des Brotteaux, dès le matin ; la jonction l’après-midi aux Terreaux avec les insurgés de la Croix-Rousse et du centre. Des nuages de fumée dus aux tirs de fusil et aux incendies flottent sur la scène et s’échappent en particulier de deux maisons de négociants d’où des soldats avaient tiré. Mais les maisons voisines sont épargnées.
1834 : sous un titre accrocheur, une image populaire coloriée imprimée à Belfort présente un gros plan d’un combat de rue. La localisation, seulement indiquée par l’inscription sur l’église, importe moins que la violence, avec les morts, les blessés, le feu des armes, le dynamisme des volutes et de la diagonale des combattants. Deux drapeaux tricolores, hérités de 1789, s’opposent. Celui des soldats adopté par Louis-Philippe en 1830 a des bandes verticales, celui des insurgés des bandes horizontales comme les premières bannières révolutionnaires. Le bonnet des sans-culottes et le drapeau rouge rappellent l’extrême gauche.
Née d’une révolution, la monarchie de Juillet a eu des débuts agités. Avant la grande presse, des publications occasionnelles comme ces gravures reflètent des intentions opposées.
La première, lyonnaise destinée à des Lyonnais, glorifie la mémoire des canuts de 1831, « leur probité », « leur respect pour les lois ». La deuxième est une œuvre de propagande gouvernementale adressée à la France des « cultivateurs » qu’effraie une rébellion urbaine. Le texte qui l’accompagne joue sur la peur des possédants et sur l’attachement à la Révolution, dont le nouveau régime se dit l’héritier, sans les désordres de la république.
Ces insurrections révèlent des évolutions frappantes : les insurgés, parfois en uniforme, savent se battre et ils sont aidés par des vétérans des guerres napoléoniennes et des chefs d’atelier assez aisés pour appartenir à la garde nationale (dissoute en décembre 1831). Ils sont disciplinés, capables d’interdire les pillages, de discuter avec les autorités. En 1831, le mutualisme naissant a fourni des réseaux et des cadres aux combattants en majorité canuts. Moins concernés en 1834, ils sont relayés par les républicains.
Fernand RUDE Les Révoltes des canuts, 1831-1834 Paris, Maspero, 1982.
Maurice MOISSONNIER Les Canuts Paris, Ed. sociales Messidor, 1988.
Nicole GARNIER L’Imagerie populaire française tome I, « Gravures en taille douce et en taille d’épargne », tome II, « L’image d’Epinal gravée sur bois », Paris, RMN, 1990 et 1996.
Jean ADHEMAR L’Imagerie populaire française Paris, Électa, 1968.
Michel PASTOUREAU Les Emblèmes de la France Paris, Bonneton, 1948.
Pierre NORA (dir.) Les Lieux de mémoire tome I « La République », Paris, Gallimard, 1984, rééd. coll.« Quarto », 1997.
Hélène DELPECH, « La Révolte des canuts », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/revolte-canuts
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