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Le 22 décembre 1894, Alfred Dreyfus, a été reconnu coupable de haute trahison par le Conseil de Guerre. Il est condamné à la dégradation et à la déportation sur l'île du Diable au large de la Guyane. En cause : un bordereau anonyme contenant des notes relatives aux activités militaires de la France est découvert dans la corbeille à papier d’un attaché militaire allemand à Paris. Sous prétexte que l'écriture ressemblait à celle de Dreyfus, celui-ci, qui ne cesse de clamer son innocence, est accusé d'avoir transmis des documents secrets à l'Allemagne.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de crises qui marque la France de l’époque. Le régime républicain est déstabilisé par un nationalisme agressif et un antisémitisme croissant.
L'affaire Dreyfus aurait pu s'arrêter à cette condamnation mais en mars 1896, le lieutenant-colonel Picquart, le nouveau chef des Services de renseignements, découvre l’identité du véritable traître, le commandant Esterhazy. Toutefois, l’état-major, soucieux de sauver l’honneur de l’armée française, préfère étouffer l’affaire, en mutant Picquart et en créant de toutes pièces un document accablant Dreyfus. Sous la pression de l’opinion, Esterhazy doit néanmoins passer en conseil de guerre pour être finalement acquitté le 11 janvier 1898.
Devant cette injustice, les partisans de la révision du procès de Dreyfus se mobilisent pour émouvoir l’opinion publique. Deux jours plus tard, Émile Zola publie dans L’Aurore, son célèbre “J’accuse…!”. Le titre provocateur a été choisi par Georges Clemenceau, fondateur du journal, et s’étale en gros caractères en tête de une. Le but que s'était fixé Zola est atteint puisque le gouvernement lance immédiatement des poursuites judiciaires contre lui et contre le journal de Clemenceau pour diffamation. L’extraordinaire médiatisation du procès de Zola, qui aboutit à sa condamnation le 23 février 1898 et à sa fuite en Angleterre, cristallise les passions dreyfusardes et antidreyfusardes.
Cette affaire se transforme alors en véritable crise morale et politique. À nouveau condamné par le Conseil de Guerre lors d’un second procès en 1899, Dreyfus est gracié quelques jours plus tard par le Président Émile Loubet. Mais il faut attendre 1906 pour qu'il soit réhabilité par le gouvernement et reconnu totalement innocent.
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