Dreyfus est innocent. Les défenseurs du droit, de la justice et de la vérité.
Lieu de conservation : La Contemporaine (BDIC, Nanterre)
site web
Date de création : 1898
Date représentée : 1898
Imprimerie E. Charaire, Sceaux.
Domaine : Affiches
© Collections La Contemporaine
La mobilisation des dreyfusards
Date de publication : Novembre 2004
Auteur : Charlotte DENOËL
Les rebondissements de l’Affaire
L’arrestation et la condamnation d’un officier juif français, Alfred Dreyfus, en décembre 1894, suite à la découverte d’un bordereau anonyme renfermant des informations secrètes destinées à l’Allemagne, parurent clore cette banale histoire d’espionnage. Cependant, celle-ci devait connaître de nouveaux rebondissements lorsque le lieutenant-colonel Picquart établit l’identité du véritable traître, le commandant Esterházy, en mars 1896 et que ce dernier fut acquitté par le conseil de guerre le 11 janvier 1898, au terme d’un procès inique. Cette décision scandaleuse ne fit qu’attiser les passions antagonistes qu’avait déclenchées l’Affaire et incita les partisans de la révision du procès de Dreyfus à se mobiliser pour émouvoir l’opinion publique en sa faveur.
La mobilisation des dreyfusards
La publication du manifeste de Zola, « J’accuse… ! », dans L’Aurore le 13 janvier 1898, véritable bombe à retardement dirigée contre l’armée et le gouvernement qui avaient participé à la condamnation d’un innocent, servit de prélude au rassemblement des dreyfusards, désireux d’accroître leur audience au sein de l’opinion, comme en témoigne cette affiche, publiée en 1898 dans le supplément gratuit au journal Le Siècle, favorable à la révision. Sous le titre « Dreyfus est innocent », elle présente les photographies des « défenseurs du droit, de la justice et de la vérité », qu’encadrent les inscriptions « Vive la France ! », « Vive la République ! », « Vive l’Armée ! » et « À bas les traîtres ! ». Des individus de faible notoriété côtoient ici de grandes figures intellectuelles et politiques de l’époque : appartenant à la première catégorie, Bernard Lazare, écrivain juif, et Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat et alsacien comme Dreyfus, furent parmi les premiers à donner un retentissement national à l’Affaire ; dans la seconde catégorie, citons la présence de Georges Clemenceau, célèbre polémiste, fondateur du journal L’Aurore, celle d’Émile Zola, dont l’engagement public en faveur de Dreyfus entraîna la condamnation et l’exil, celle de Jean Jaurès, penseur socialiste qui s’impliqua de façon active dans l’Affaire à partir de 1897-1898, et celle de Joseph Reinach, serviteur juif de l’État et républicain convaincu qui concentra sur sa personne toutes les haines antisémites de l’époque. Au centre de cette galerie de portraits trône la photographie en buste du lieutenant-colonel Picquart, revêtu de l’uniforme militaire, que sa conviction de l’innocence de Dreyfus incita à se dresser contre l’état-major désireux d’étouffer l’affaire.
Les deux France
La présence de slogans tels que «Vive la France !» sur cette affiche et l’existence d’une autre affiche similaire, que seuls l’intitulé «Dreyfus est un traître» et les portraits d’antidreyfusards notoires –&le ministre de la Guerre Cavaignac et trois généraux– distinguent de la précédente, mettent en lumière deux phénomènes : d’une part, le rôle important joué par la presse dans le débat entre dreyfusards et antidreyfusards, qui utilisaient les journaux comme tribunes pour diffuser leurs opinions; d’autre part, la volonté des deux camps de s’organiser et la conviction de chacun d’eux d’incarner à lui tout seul la France, conviction d’autant plus profondément ancrée que les clivages entre les partis politiques ne permettaient pas réellement d’établir une ligne de démarcation entre dreyfusards et antidreyfusards. Tandis que les premiers combattaient au nom des idéaux universels de vérité et de justice, les seconds, animés par un nationalisme et un antisémitisme virulents, s’appuyaient sur deux puissantes institutions, l’Armée et l’Église, pour défendre les valeurs d’ordre et d’autorité.
Pierre ALBERT, Histoire de la presse, Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », 1993 (7e éd.).
Pierre BIRNBAUM, Les fous de la République. Histoire politique des Juifs d’État de Gambetta à Vichy, Paris, Le Seuil, 1992.
Jean-Denis BREDIN, L’Affaire, Paris, Fayard-Julliard, 1993 (nouv. éd.).
Madeleine REBÉRIOUX, La République radicale. 1898-1914, Paris, Le Seuil, 1975.
Michel WINOCK, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Paris, Le Seuil, 1990.
Charlotte DENOËL, « La mobilisation des dreyfusards », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/mobilisation-dreyfusards
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Une révolution esthétique : le Balzac de Rodin
“ Vos photographies feront comprendre au monde mon Balzac ! ” s’exclame Rodin en 1908 quand il découvre les…
L'antisémitisme au cœur de l'Affaire Dreyfus
Au moment de la réalisation de ces documents, la France est marquée depuis…
" J'accuse... ! " de Zola
En mars 1896, Picquart, le nouveau chef des Services de renseignements de l’état-major, découvrit l’…
Édouard Drumont, le chantre de l’antisémitisme dans la France de la fin du XIXe siècle
La photographie de Pierre Petit appartient à la célèbre collection Félix Potin. Ce précurseur dans le…
La mobilisation des dreyfusards
L’arrestation et la condamnation d’un officier juif français, Alfred Dreyfus, en décembre 1894, suite à la…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel