J'accuse... ! par Emile Zola dans L'Aurore.
Lieu de conservation : La Contemporaine (BDIC, Nanterre)
site web
Date de création : 1898
Date représentée : 13 janvier 1898
in l'aurore, 13 janvier 1898.
Domaine : Presse
© Collections La Contemporaine
" J'accuse... ! " de Zola
Date de publication : Juin 2023
Auteur : Charlotte DENOËL
J'accuse...! de Zola
J'accuse...! de Zola
L’affaire Dreyfus : une erreur judiciaire
En mars 1896, Picquart, le nouveau chef des Services de renseignements de l’état-major, découvrit l’identité du véritable traître, le commandant Esterhazy. Celui-ci, qui entretenait des relations suspectes avec l’Allemagne, était l’auteur du fameux « bordereau », cette pièce à conviction qui avait entraîné la condamnation et la déportation d’un officier juif français, Alfred Dreyfus, en décembre 1894. Toutefois, l’état-major, soucieux de sauver l’honneur de l’armée française, préféra étouffer l’affaire, en mutant Picquart et en créant de toutes pièces un document accablant Dreyfus, auquel l’Histoire a donné le nom de son auteur, le « faux Henry ». Sous la pression de l’opinion, Esterhazy dut néanmoins passer en conseil de guerre, pour être finalement acquitté le 11 janvier 1898.
J’accuse… !
Devant cette iniquité, les partisans de la révision du procès de Dreyfus se mobilisèrent pour émouvoir l’opinion publique en faveur du capitaine. Le 13 janvier 1898, Émile Zola publia dans le journal L’Aurore, fondé par Clemenceau et Vaughan l’année précédente, une lettre ouverte au Président de la République, Félix Faure, dont le titre provocateur, « J’accuse… ! », choisi par Clemenceau, s’étalait en gros caractères sur la page de titre du journal. Dans cette longue et dense plaidoirie, qui occupe les deux premières pages du journal sur six colonnes, Zola rappelle dans un premier temps les circonstances de l’Affaire, la découverte du bordereau et la condamnation de Dreyfus, puis revient sur la révélation de la trahison du commandant Esterhazy, avant de dénoncer son acquittement scandaleux et d’accuser, dans une suite de litanies commençant par le célèbre « J’accuse », les ministres de la Guerre, les officiers de l’état-major et les experts en écriture convoqués lors du procès d’Esterhazy d’être responsable de la condamnation d’un innocent, en acquittant un coupable. A l’exactitude et à la fiabilité des informations livrées par Zola s’ajoute la vigueur du style de l’écrivain, faisant de cet article un monument littéraire, une véritable « prophétie » pour reprendre l’expression d’un admirateur enthousiaste, Charles Péguy (« Les récentes œuvres de Zola », dans Cahiers de la Quinzaine, 4 décembre 1902, p. 33). A une époque où l’audience de la presse s’affirmait de plus en plus, ce pamphlet eut un grand retentissement dans l’opinion publique : proclamé dans la rue durant la journée du 13 janvier par les vendeurs du journal L’Aurore, tiré pour l’occasion à 300 000 exemplaires, le cri « J’accuse » entraîna une grande effervescence dans les rues de Paris, tandis qu’il exposa son auteur à une bouffée de haine sans précédent.
La vérité en marche
En s’engageant ainsi publiquement, Émile Zola atteignit le but qu’il s’était fixé : le gouvernement lança immédiatement des poursuites judiciaires contre lui et contre le journal de Clemenceau. L’extraordinaire médiatisation du procès de Zola, qui aboutit à sa condamnation le 23 février 1898, donna une grande publicité à l’Affaire, cristallisant les passions dreyfusardes et antidreyfusardes et révélant au monde entier les zones d’ombre qui entouraient les procès de Dreyfus et d’Esterhazy. Cette affaire se transforma alors en véritable crise morale et politique, et il fallut attendre 1906 pour que Dreyfus, condamné de nouveau au terme d’un second procès non moins inique puis grâcié, soit réhabilité par le gouvernement.
Pierre ALBERTHistoire de la presseP.U.F., coll.QSJ ?, 7e éd, Paris, 1993.Émile Zola Catalogue de l’exposition, Bibliothèque nationale de France, Paris, 2002.Pierre BIRNBAUMLes fous de la République.Histoire politique des Juifs d’État de Gambetta à VichySeuil, Paris, 1992.Jean-Denis BREDINL’AffaireFayard-Julliard, Paris, 1993 (nouv.éd.).Madeleine REBÉRIOUXLa République radicale.1898-1914Seuil, Paris, 1975.Michel WINOCKNationalisme, antisémitisme et fascisme en FranceSeuil, Paris, 1990.
Charlotte DENOËL, « " J'accuse... ! " de Zola », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 15/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/j-accuse-zola
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Édouard Drumont, le chantre de l’antisémitisme dans la France de la fin du XIXe siècle
La photographie de Pierre Petit appartient à la célèbre collection Félix Potin. Ce précurseur dans le…
Une révolution esthétique : le Balzac de Rodin
“ Vos photographies feront comprendre au monde mon Balzac ! ” s’exclame Rodin en 1908 quand il découvre les…
L'antisémitisme au cœur de l'Affaire Dreyfus
Au moment de la réalisation de ces documents, la France est marquée depuis…
" J'accuse... ! " de Zola
En mars 1896, Picquart, le nouveau chef des Services de renseignements de l’état-major, découvrit l’…
La mobilisation des dreyfusards
L’arrestation et la condamnation d’un officier juif français, Alfred Dreyfus, en décembre 1894, suite à la…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel