Découvrir les œuvres de NADAR Félix analysées et commentées par les experts de l'Histoire par l'image

Photographe, journaliste, caricaturiste, inventeur, aéronaute, entrepreneur, communicant avant la lettre, Félix Nadar, de son vrai nom Gaspard-Félix Tournachon, est un personnage flamboyant. Roux, longiligne, exubérant, il impressionne par son énergie débordante, au point que Baudelaire le qualifia de « la plus étonnante expression de vitalité » et rapporte qu’« Adrien disait que son frère Félix avait tous les viscères en double. »

Issu d'une famille d’imprimeurs-libraires lyonnais, il s’installe très jeune à Paris avec l'ambition de devenir écrivain. Dans les années 1840, il s’illustre d’abord comme caricaturiste et journaliste dans des journaux satiriques. Il se fait remarquer pour son humour corrosif, son esprit libre et son républicanisme. En 1852, il se lance dans un projet démesuré : le Panthéon Nadar, une série de 1 200 caricatures représentant les figures majeures du monde artistique et intellectuel.

Le pseudonyme Nadar est alors inventé par Félix lui-même, à partir d’un surnom qu’il utilisait entre amis. Contraction sonore de son nom Tournachon, Nadar devient sa signature.

Nadar se tourne vers la photographie en 1854, stimulé par le succès d'Adrien. Les deux frères travaillent ensemble avant leur brouille en 1855. Soutenu par son ami de Charles Philippon, il transforme son appartement rue Saint-Lazare en studio et revendique l’usage exclusif du nom Nadar. Après un long procès avec Adrien, il obtient en 1857 l’exclusivité du nom Nadar.

En 1860, il ouvre un nouvel atelier au 113 boulevard des Capucines, rapidement fréquenté par toute l’élite parisienne. Il promeut la Galerie des contemporains, que son fils Paul poursuivra. Malgré des finances souvent fragiles, l’entreprise familiale est maintenue à flot par sa femme Ernestine et soutenue par les frères Pereire. Félix Nadar incarne la synthèse entre l’esprit bohème et l’esprit d’entreprise, et fait évoluer le portrait photographique vers un art à part entière.

Pionnier et inventeur, il expérimente la photographie à la lumière artificielle qu’il applique dans les catacombes (1862) ou dans les égouts de Paris (1865). Il dépose plusieurs brevets, dont celui de la photographie aérienne dès 1858.  Sous la pression financière, il transforme dès 1861 ses portraits en cartes de visite, plus accessibles commercialement. L’atelier Nadar devient un des premiers à explorer les usages commerciaux et instantanés de la photographie.

Passionné par la conquête de l’air, en 1863, il finance à ses frais la construction du ballon Le Géant, militant pour des machines plus lourdes que l’air. Toute la famille, Ernestine, Adrien et Paul participent à ses aventures aériennes. Malgré l’enthousiasme du public, l’opération est un gouffre financier.

En 1874, Félix accueille dans son atelier la première exposition impressionniste.

En 1886, Paul et Félix réalisent la première interview illustrée par la photographie, immortalisant un entretien avec le centenaire Eugène Chevreul. Nadar laisse la direction artistique de l’atelier Nadar à son fils en 1886 qui en devient propriétaire en 1895.

Pourtant, à 77 ans, Félix ouvre un atelier rue de Noailles à Marseille en 1897 ; il y photographie notamment les frères Lumière et document en 1899 les destructions causées par les travaux d’un immeuble mitoyen de l’atelier.