Chômeurs aux Halles.
« Du travail, du pain ! » - Affiche de la S.F.I.O. (Section française de l'internationale ouvrière).
Chômeurs aux Halles.
Auteur : BRASSAÏ
Lieu de conservation : Centre Pompidou – musée national d’Art moderne – Centre de création industrielle (Paris)
site web
H. : 17 cm
L. : 23 cm
Épreuve argentique
Domaine : Photographies
© Estate Brassaï - RMN - Grand Palais © Photo CNAC/MNAM Dist. RMN - Grand Palais © Jacques Faujour
01-010293 / N734;AM2000-DEP1série32
La crise de 1929 en France
Date de publication : Septembre 2005
Auteur : Charlotte DENOËL
Le déclenchement de la crise en France
Si la France sembla tout d’abord épargnée par la crise économique qui frappa de plein fouet les États-Unis dès 1929, il n’en alla pas de même au cours des années suivantes : subissant les effets de la dévaluation de la livre sterling survenue en septembre 1931, le pays doit faire face à une baisse des prix et à un ralentissement de la production agricole et industrielle, tandis que réapparaît le déficit budgétaire. Mais la crise revêt un visage différent en France. D’une part, elle s’est manifestée tardivement, car les structures archaïques de l’économie française, fondées sur la petite entreprise, et la faiblesse des investissements étrangers ont permis à la France de demeurer un temps à l’abri du marasme, à la différence des grands pays industriels comme les États-Unis, l’Allemagne ou le Royaume-Uni qui pratiquent un capitalisme à grande échelle. D’autre part, au lieu d’entraîner comme aux États-Unis ou en Allemagne une augmentation brutale du nombre de chômeurs et de la misère, la crise française se traduit par une paralysie progressive, mais tout aussi grave, de l’activité économique ; paralysie qui se prolonge jusqu’en 1939 alors que les autres pays connaissent une certaine reprise.
Afin de lutter contre cette crise, le gouvernement déploie un certain nombre de mesures qui s’organisent autour de quatre axes : élévation de barrières protectionnistes destinées à diminuer les importations, limitation de la production agricole et industrielle pour freiner la baisse des prix, protection du petit commerce, politique déflationniste pour réduire le déficit budgétaire.
Les manifestations de la crise
Malgré tous les efforts déployés par l’État, la plupart des catégories socioprofessionnelles sont touchées et voient leurs revenus s’effondrer, tandis que le chômage augmente (273 000 chômeurs en 1932, 340 000 en 1934). Le milieu ouvrier est particulièrement atteint, comme le montre cette photographie prise par Brassaï d’un groupe de chômeurs rassemblés aux Halles vers 1932. Tenant d’un réalisme objectif et refusant tout effet artistique, ce photographe français d’origine hongroise (1899-1984) définissait la photographie comme une manière de « se perdre pour coller au plus près du réel et atteindre la ressemblance dans une sorte d’absolu » (Le Figaro littéraire, 21 octobre 1950). Dans cette composition d’une grande simplicité, les effets de lumière mettent en valeur certaines figures, tandis qu’ils en relèguent d’autres à l’arrière-plan. La lumière latérale frappe ainsi de plein fouet le personnage vu de dos, vers lequel convergent tous les regards, et le désigne comme le meneur du groupe. La discussion animée et les visages attentifs des chômeurs reflètent leurs craintes et leurs aspirations au changement face à la crise dont ils sont les principales victimes. Leurs préoccupations sont relayées par la S.F.I.O. (Section française de l’Internationale ouvrière), dont cette affiche de campagne pour les élections législatives de mai 1932 met en scène un homme qui, bouche grande ouverte, réclame « Du travail, du pain ! ». La brutalité du mouvement, l’accent mis sur le corps et la violence du cri sont caractéristiques de l’affiche politique dans les années 30, notamment dans les mouvements révolutionnaires et en particulier au parti communiste français. Le fond rouge de l’affiche évoque d’ailleurs le caractère révolutionnaire de la S.F.I.O., tandis que l’extrême simplification du graphisme renforce l’impact du message, dirigé contre un gouvernement accusé de ne pas avoir de programme sérieux de lutte contre la crise et contre le chômage en particulier.
L’accession des socialistes au pouvoir
L’incapacité des gouvernements de droite de Pierre Laval puis d’André Tardieu à résoudre les problèmes posés par la crise aboutit à leur défaite aux élections de 1932. La gauche l’emporte largement à la Chambre avec 334 députés, contre 259 pour la droite. Au sein de la coalition de gauche vient en tête le parti radical-socialiste (157 sièges), talonné par la S.F.I.O. (129 sièges). Celle-ci est écartée du pouvoir par le nouveau président Édouard Herriot, qui décide de gouverner seul, sans la participation des socialistes. Toutefois, les dissensions politiques et le contexte socio-économique difficile, auxquels viennent s’ajouter plusieurs scandales politiques ou financiers et la menace du fascisme, contribuent à jeter un certain discrédit sur le régime en place et à préparer l’avènement au pouvoir des socialistes, appuyés par les organisations syndicales. Depuis la scission du congrès de Tours en 1920 qui entraîna la fondation du parti communiste, la S.F.I.O., rassemblée autour de Léon Blum et du Front populaire de gauche dès 1934, s’efforce de conquérir une majorité parlementaire et de concilier les exigences révolutionnaires du parti avec l’exercice du pouvoir dans les cadres sociaux et politiques existants. C’est chose faite lors des élections de 1936 : après l’échec de l’expérience radicale, puis un bref retour de la droite aux affaires, le Front populaire parvient à se hisser au pouvoir en 1936. Cette victoire profite surtout à la S.F.I.O., qui devient pour la première fois la principale force politique de gauche, devant les radicaux.
Serge BERSTEIN, La France des années 30, Paris, A. Colin, 1988.
Dominique BORNE et Henri DUBIEF, Nouvelle Histoire de la France contemporaine, tome XIII « La Crise des années trente, 1929-1938 », Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1989.
George LEFRANC, Le Mouvement socialiste sous la Troisième République, tome II, Paris, Payot, 1977.
Alain SAYAG et Annick LIONEL-MARIE, Brassaï, catalogue de l'exposition du Centre Georges-Pompidou, 19 avril-25 juin 2000, Paris, Le Seuil-Éditions du Centre Pompidou, 2000.
Charlotte DENOËL, « La crise de 1929 en France », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/crise-1929-france
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Milie
Bonjour, Nous sommes deux élèves de premiere ES et nous devons faire notre TPE, cette année nous avons choisie crise et progrés pour étudier la Crise des Année 30 en France a celle d'aujourd'hui. Nous aimerions savoir si cela serai possible de posséeder des sources ou des sites concernant ce sujet!
Merci d'avance! :)
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