Vue intérieure d'une forge près de Châtillon-sur-Seine.
Vue extérieure d'une forge près de Châtillon-sur-Seine.
Une forge au Creusot.
La Forge à Marly-le-Roi.
Vue intérieure d'une forge près de Châtillon-sur-Seine.
Auteur : BOUHOT Etienne
Lieu de conservation : musée Buffon (Montbard)
site web
Date de création : 1823
Date représentée : 1823
H. : 38 cm
L. : 46 cm
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais - P. Bernard
96DE17056/Inv.82.01.01
De l'artisanat à l'industrie métallurgique
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Louis BERGERON
Les représentations de Bouhot et de Chassériau datent des années 1820-1840, celles du démarrage décisif de l’industrialisation moderne, qui combine l’usage de machines et celui d’énergies nouvelles. Les deux tableaux et le dessin ne traitent de cette industrialisation que dans un secteur : celui de la production de la fonte et du fer, et plus précisément de la production de fer dans une « affinerie ». La construction du réseau de chemins de fer va considérablement stimuler cette production dès les années 1830 (la demande portant sur les rails, les locomotives, le matériel roulant).
Cependant Bouhot et Chassériau se sont intéressés ici à deux âges de la métallurgie, qui ont continué à coexister un certain temps (quinze ans environ séparent leurs œuvres). La forge de Châtillon est déjà une usine qui utilise ces machines que sont le marteau et le soufflet de forge – mais une usine de petite taille, marchant à la force de l’eau. Avec l’usine du Creusot, le passage à l’usine moderne est accompli : elle est mue à la vapeur et mobilise des équipes entières dans des halles de grandes dimensions.
En contraste, Sisley a représenté, un demi-siècle plus tard, un atelier artisanal, une forge au sens le plus banal du terme, où le travail continue à s’effectuer à la seule force des bras.
Toutes trois appartiennent à la catégorie des tableaux de paysage ou de genre, puisant leur sujet dans l’environnement naturel et humain contemporain des artistes.
Le thème est traité avec une attention remarquable à la composition d’un paysage et à la lumière qui le baigne, comme à la demi-obscurité qui enveloppait ces « arts du feu » à l’intérieur des ateliers. On peut parler d’une grande fidélité à l’esprit et au cadre du travail chez Chassériau et chez Sisley. De Bouhot, un critique contemporain louait « son fini précieux sans sécheresse » : son art a en effet une précision presque photographique.
Le dessin s’intéresse à la musculature des « hommes forts » qui effectuaient des tâches très « physiques », à leurs postures et à leurs gestes autour de l’outil (cf. plus tard les dessins de Lucien Jonas illustrant la sidérurgie du Valenciennois ou ceux de Raymond Rochette travaillant dans le bassin du Creusot-Montceau).
Le sujet traité n’a pas servi de prétexte à quelque transposition d’un jugement idéologique ou moralisant à l’égard du travail industriel. Le témoignage plastique peut se lire « au premier degré ».
Les tableaux de Bouhot et de Chassériau ont tous une valeur documentaire certaine. Bouhot, né dans la Côte d’Or, était chez lui en Bourgogne du Nord et il a parcouru le Châtillonnais à l’invitation des maîtres de forge.
Les vues extérieure et intérieure de la forge du Châtillonnais correspondent en tous points à d’autres témoignages – archives, imprimés, vestiges archéologiques. A l’extérieur, remarquer la forme de la cheminée pyramidale, le système hydraulique, le style de la maison ouvrière en rez-de-chaussée. A l’intérieur (au fond à gauche) un bloc de fonte incandescent est travaillé au marteau ; la forte pièce de charpente appartient au mécanisme du soufflet ; au centre, le foyer servant à réchauffer la fonte entre deux passages au marteau.
La vue de la forge du Creusot montre bien la structure de la grande halle de forgeage qui a fonctionné jusque vers 1860, avec ses arcades de briques reposant sur de puissants piliers. La grande roue fait partie de la machine à vapeur fixe qui n’apparaît pas sur l’image. Les ouvriers portent des visières pour se protéger de la forte lumière (on voit ici un premier souci de sécurité) dégagée par les fours, et manient de longues perches métalliques, les ringards, qui servent à brasser la fonte en fusion pour en accélérer l’épuration. Chez Sisley, on remarque le « négligé » d’un atelier modeste, avec sa fenêtre raccommodée, la simplicité des instruments, le caractère quasi familial de l’entreprise.
Les vues extérieure et intérieure de Châtillon sont d’une précision qui vaut témoignage archéologique. Le tableau de l’atelier de forgeron rappelle ce qu’on pouvait voir jusqu’à une date récente dans les villages ou dans certaines cours de l’Est parisien. Des témoignages à la fois précieux et de haute qualité esthétique, donc. Le dessin de la forge du Creusot a valeur de document d’anthropologie historique, concernant la morphologie athlétique de ces ouvriers métallurgistes d’avant la mécanisation et l’automatisation du travail.
Jean-Yves ANDRIEUX Les Travailleurs du fer Paris, Gallimard, coll. « Découvertes » n° 121, s.d., 176 p.
Denis WORONOFF Histoire de l’industrie en France du XVIe siècle à nos jours Paris, Editions du Seuil, 1994, 664 p.
Louis BERGERON, « De l'artisanat à l'industrie métallurgique », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 12/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/artisanat-industrie-metallurgique
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Intérêt motivé sujet : martinets à cuivre, chaudronniers...
Une merveille sur le plan documentaire, tant par le choix de l'oeuvre de l'artiste Bouhot Etienne que dans la finesse d'interprétation du lieu, la forge en clair obscur, et des gestes du forgeron en action, vigilant et à distance relative du foyer incandescent, bien que protégé par son tablier de cuir et ses bottes, muni de pinces à longs bras.
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