Aller au contenu principal
Fourmies. Mai 1891. Cantonnement militaire. Grand-Place.

Fourmies. Mai 1891. Cantonnement militaire. Grand-Place.

Fourmies. Mai 1891. Hôpital temporaire. Les blessés.

Fourmies. Mai 1891. Hôpital temporaire. Les blessés.

Fourmies. Mai 1891. Funérailles des victimes.

Fourmies. Mai 1891. Funérailles des victimes.

Fourmies. Monument des victimes du 1er Mai 1891.

Fourmies. Monument des victimes du 1er Mai 1891.

Fourmies. Mai 1891. Cantonnement militaire. Grand-Place.

Fourmies. Mai 1891. Cantonnement militaire. Grand-Place.

Date de création : 1891

Date représentée : mai 1891

H. : 16 cm

L. : 21 cm

photographie

Domaine : Photographies

© Écomusée de l'Avesnois - Cliché R. Fenzy

1er mai 1891 : la fusillade de Fourmies

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Danielle TARTAKOWSKY

La fusillade de Fourmies

Le 1er mai 1891, pour la deuxième fois, les organisations ouvrières du monde entier se préparent à agir par différents moyens dont la grève pour l’obtention de la journée de 8 heures, conformément aux directives de l’Internationale ouvrière.

En France, le contexte est plus répressif qu’il ne l’était l’année précédente. À Fourmies, petite ville textile du Nord proche de la frontière belge tout juste sortie d’une longue grève, le patronat a menacé de licenciement les ouvriers qui arrêteraient le travail et obtenu du préfet qu’il mobilise un important dispositif de maintien de l’ordre. En l’absence de forces spécialisées, c’est alors, en France, à l’armée qu’incombe cette mission. Deux compagnies d’infanterie ont été mobilisées.

En fin de journée, les soldats tirent sur quelques centaines de manifestants qui tentent d’obtenir la libération de grévistes interpellés dans la matinée et emprisonnés dans la mairie. Les affrontements se soldent par neuf morts, dont quatre jeunes femmes et un enfant. Ces morts, promus martyrs, vont devenir un symbole de la République répressive et de classe. « Car à Fourmies, c’est sur une gamine que le lebel fit son premier essai… » (Montéhus).

Le décor et les conséquences

Les photographies et cartes postales conservées à l’écomusée de la région de Fourmies-Trélon permettent de planter le décor de ces événements tragiques : la grand-place bordée de ses constructions en briques sombres avec, presque mitoyennes, la mairie et l’église, au flanc de laquelle eut lieu la fusillade. Sur la place, des soldats stationnent. Rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’il s’agit d’un cliché antérieur à la fusillade. La situation est suffisamment exceptionnelle pour attirer des badauds, en contrebas de la balustrade, mais pas assez inquiétante pour empêcher l’un d’entre eux de se hisser jusqu’aux soldats.

La deuxième photographie montre un hôpital temporaire de campagne où des soldats blessés (par des jets de pierre) reçoivent des soins, comme dans n’importe quelle opération militaire. L’atmosphère est coquette, et le photographe a de toute évidence obtenu des autorités de pouvoir fixer ces images.

L’église figure encore sur la carte postale montrant Fourmies le 4 mai, jour des funérailles des victimes. Les douze escadrons de cavalerie, les neuf compagnies d’infanterie et le fort détachement de canonniers mobilisés pour la circonstance l’ont transformée en « un camp retranché formidable » (Le Petit Journal).

La dernière carte postale montre le monument érigé sur la tombe des victimes dans le cimetière de Fourmies. Monument simple, régulièrement fleuri chaque 1er Mai et qui devient un des lieux de mémoire du mouvement ouvrier.

L’événement saisi par la photographie

La fusillade de Fourmies a inspiré une abondante iconographie qui théâtralise l’événement, parfois le réécrit et participe de la construction du symbole. Comparées aux gravures, ces photographies paraissent un peu ternes ; quand même certaines d’entre elles, les cartes postales, font fonction d’objets-mémoires. Des contingences techniques en répondent. L’événement ne peut être que saisi par la photographie qu’en creux.

Fourmies est une petite commune de quelque 15 000 habitants, excentrée et que rien ne prédisposait particulièrement à retenir l’attention nationale et internationale en ce 1er mai 1891. À l’occasion des obsèques des victimes, dix-sept journaux de province, vingt parisiens, deux de Belgique ont envoyé des reporters. Avant la fusillade cependant, aucun journaliste ou photographe n’avait été envoyé pour rendre compte de la manifestation. Moins encore pour le photographier (ce qui serait le cas pour une visite officielle, par exemple).

En outre, les techniques photographiques ne permettent pas encore de saisir le mouvement (dans certaines grèves violentes ultérieures, on reconstruira des barricades pour réaliser des cartes postales, ainsi à Limoges en 1905). Une seule des photographies conservées montre le secrétaire local du parti ouvrier haranguant la foule.

La manifestation de Fourmies ne peut donc être cernée qu’à travers son cadre ou ses conséquences tragiques. Ces images ne peuvent fonctionner comme des objets symboliques que pour celui accorde préalablement à l’événement une force émotionnelle ou participe de son imaginaire, construit et transmis par d’autres voies.

Pierre FAVRE, « Iconographie d’une fusillade », in Madeleine REBÉRIOUX (dir.), Fourmies et les premier mai, actes du colloque, Fourmies, 1er-4 mai 1991, Paris, Les Éditions de l’Atelier, coll. « Patrimoine », 1994.

Michel FRIZOT (dir.), Nouvelle histoire de la photographie, Paris, Bordas, A. Biro, 1994.

Philippe GRANDCOING, « Les barricades du printemps 1905 à Limoges : la mémoire de la grève », in Alain CORBIN, Jean-Marie MAYEUR (dir.), La Barricade, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles », 1997.

Odile ROYNETTE-GLAND, « L’armée dans la bataille sociale, 1871-1906 », Le Mouvement social, no 179, 1997.

Danielle TARTAKOWSKY, « 1er mai 1891 : la fusillade de Fourmies », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 05/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/1er-mai-1891-fusillade-fourmies

Anonyme (non vérifié)

ce texte est intéressant et explicite ! ;)

ven 13/05/2011 - 23:22 Permalien
Anonyme (non vérifié)

moi qui me demandais de quelle événement parlait l'exposition temporaire de l'écomusée de Fourmies, c'est plus que ce que j'ésperais. merci beaucoup !

ven 30/12/2011 - 18:47 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Je lis en ce moment un livre de Marie-Paul Armand intitule "La Couree" que je trouve tres interessant et dont l'histoire inclut cette fusillade a Fourmies. Je voulais en verifier l'authenticite. C'est fait - Merci

lun 11/06/2012 - 05:35 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Enterrement de la II<sup>e</sup> République

Enterrement de la IIe République

Singulier destin que celui de cet enterrement de campagne ! Symbole de l’ordure moderne pour les contemporains, chef-d’œuvre révéré aujourd’hui,…

Un Monument pour tous les morts

Un Monument pour tous les morts

Au cœur du Père-Lachaise

C’est dans le cadre de la loi du 23 prairial an XII qu’a été créé le cimetière de l’est parisien, nom officiel du Père-…

La famine de 1921

La famine de 1921

Au cours de la guerre civile qui oppose les bolcheviks et leurs adversaires de toutes tendances, une terrible famine survient. Elle touche notamment…
Ronald Hoskier, une légende de l'Escadrille Lafayette

Ronald Hoskier, une légende de l'Escadrille Lafayette

L’escadrille La Fayette à l’heure de l’entrée en guerre officielle des États-Unis, symbole et modèle à suivre

Créée le 20 avril 1916, l’…

Ronald Hoskier, une légende de l'Escadrille Lafayette
Ronald Hoskier, une légende de l'Escadrille Lafayette
Le mur des Fédérés

Le mur des Fédérés

Le mur des Fédérés

À la fin de la « Semaine sanglante », le samedi 27 mai 1871, les troupes versaillaises parviennent à investir le cimetière du…

Le mur des Fédérés
Le mur des Fédérés
La prise de Constantine

La prise de Constantine

La prise de Constantine

En 1834, le roi Louis-Philippe se résout à maintenir la présence française en Algérie, mais choisit de restreindre l’…

La prise de Constantine
La prise de Constantine
La prise de Constantine
Les Monuments aux morts de la Grande Guerre

Les Monuments aux morts de la Grande Guerre

La Première Guerre mondiale a fait environ 10 millions de morts dans le monde, et les survivants n’ont eu de cesse de commémorer les disparus. Dès…

Les Monuments aux morts de la Grande Guerre
Les Monuments aux morts de la Grande Guerre
La Toussaint

La Toussaint

Consacrée à tous les saints martyrs et fixée au 13 mai par le pape Boniface IV en 610, la commémoration de la fête de la Toussaint, inspirée d’une…

Être catholique à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle

Être catholique à la fin du XIXe siècle

Au XIXe siècle, on observe une désaffection à l’égard de l’Église, un détachement qu’ont préparé l’essoufflement de la pratique…

Être catholique à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle
Être catholique à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle
Le Premier crématorium de Paris

Le Premier crématorium de Paris

Une décision longtemps ajournée

La construction de ce bâtiment, rêve de Bosphore sur la rive droite de la Seine, est le point final d’un…