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Inauguration du monument aux morts de la ville de Metz

Inauguration du monument aux morts de la ville de Metz

Inauguration du monument à la mémoire de l'armée britannique

Inauguration du monument à la mémoire de l'armée britannique

Inauguration du monument aux morts de la ville de Metz

Inauguration du monument aux morts de la ville de Metz

Auteur : ANONYME

Date de création : 1935

Date représentée : 1935

Sculpteur du monument : Paul Niclausse

Domaine : Photographies

© DR

Les Monuments aux morts de la Grande Guerre

Date de publication : Octobre 2005

Auteur : Annette BECKER

La Première Guerre mondiale a fait environ 10 millions de morts dans le monde, et les survivants n’ont eu de cesse de commémorer les disparus. Dès 1915, on votait en France une loi instituant la notion de « mort pour la France », qui stipulait : « Il semble juste que l’état civil enregistre, à l’honneur du nom de celui qui a donné sa vie pour le Pays, un titre clair et impérissable à la gratitude et au respect de tous les Français ».

Juste après la guerre se met en place l’essentiel des formes de commémoration, depuis les monuments aux morts jusqu’aux cérémonies diverses du souvenir, soit sur les anciens champs de bataille, soit dans les nations et régions d’origine des combattants. Les pratiques de mémoire locales sont un élément fondamental de la chaîne qui relie capitales et provinces, champs de bataille et arrières ou fronts domestiques. Ils représentent la mort et le deuil fichés dans tous les espaces publics et privés des anciens belligérants. Si les monuments aux morts sont bien souvent le lieu de l’identification avec les héros et le lieu de la justification de leur sacrifice, ils sont d’abord ce que les sculpteurs ont fait de la commande et ce que les participants aux cérémonies feront ensuite de leurs œuvres, en particulier le jour de l’inauguration, qui a souvent lieu un 11 novembre.

Le monument de Metz est tout à fait exemplaire de la représentation du deuil et de l’ambiguïté de la commémoration dans l’Alsace et la Moselle rendues à la France en 1918. La mère du combattant, nouvelle Vierge Marie, retrouve son fils, le tient dans ses bras, le monument est devenu Pietà, Stabat mater dolorosa. Mais si le combattant a imité le Christ sur le champ de bataille, il portait un uniforme. Ici, il gît nu. Comment en effet reconnaître un Allemand d’un Français, sans l’uniforme ? Quant à l’inscription « Aux enfants de Metz morts victimes de la guerre », elle omet la formule « pour la patrie » et choisit d’accuser la guerre, et non l’ennemi, de la mort du combattant. De quelle patrie s’agirait-il, en effet, après plus de quarante ans d’une occupation qui s’était peu à peu muée en accommodement plus tacite que forcé pour la majorité des Mosellans ? Les « enfants » de Metz étaient morts sous l’uniforme allemand, leur résurrection dans la pierre devait en faire des Français. Le sculpteur Niclausse a donc ajouté trois haut reliefs : deux montrent les libérateurs de la ville, en uniforme de poilus, et l’autre une scène de famille, représentant les femmes, les vieillards, un bébé, toutes les victimes civiles de la guerre. Si l’énorme Pietà est figée, le relief de la famille – les parents, l’épouse et l’enfant qui ont perdu un être cher – est criant de détresse. Ce monument de 1935 montre à la fois le deuil universel et la spécificité de la situation des provinces retrouvées après la Grande Guerre. Il est aussi symptomatique du pacifisme qui s’est emparé de la société française, en particulier dans les années 30, au moment où une nouvelle guerre menace. Quand les Allemands reprennent la ville en 1940, ils suppriment les reliefs et l’inscription : le monument peut alors convenir à leurs propres morts, la Pietà est universelle. C’est d’ailleurs ce monument que l’on peut toujours voir à Metz aujourd’hui.

La ville de Soissons, située à l’arrière du front et presque entièrement détruite par les bombardements d’artillerie, a connu une guerre terrible que commémorent de nombreux monuments érigés dans la ville comme sur les champs de bataille des environs. Ici, il s’agit du monument qui rend hommage au sacrifice des alliés britanniques de la France. Les trois soldats sont représentés de façon très hiératique, comme des preux médiévaux, mais les obus rappellent que c’est bien la guerre moderne de l’artillerie dans laquelle ils se sont battus. Quant à la couronne placée à leurs pieds, elle transpose dans la pierre toutes celles qui sont déposées dans les cimetières militaires et leur rend un hommage permanent, comme une cérémonie de dépôt de gerbe éternellement recommencée. La foule se livre à un périple autour du monument, comme une circonvolution de pèlerinage. Les groupes d’hommes, de femmes, d’enfants, viennent dire leur douleur et leur gratitude à ceux qui ont aidé à libérer la région et à hâter la victoire. Certaines pleurent, des Britanniques venues pour l’inauguration ou bien des habitantes de Soissons se rappelant la guerre et la perte de tous ces hommes jeunes dont certains étaient leurs fils, leurs frères.

Plus tôt, comme à Metz, il y a eu des discours officiels et des drapeaux, désormais il s’agit de l’hommage et du deuil de toute une ville.

La mémoire du conflit telle qu’elle s’incarne dans les monuments aux morts est symptomatique du prolongement de la culture de guerre dans l’après-guerre – patriotisme et esprit de sacrifice y sont toujours aussi présents – et de la nouveauté due au deuil immense : le pacifisme.

Par ces monuments, on assiste à une homogénéisation mondiale de l’espace public consacré au souvenir de la guerre, car tous les anciens belligérants, vainqueurs et vaincus, sont représentés en une véritable « Imitation de la Patrie » qui traduit le deuil infini de la Grande Guerre. On a cherché enfin à exalter le courage des survivants et à les souder face à l’épreuve.

Ces monuments aux morts sont avant tout des lieux de regrets, où deuils, ferveurs religieuse et patriotique sont complémentaires.

Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004.

Annette BECKER, Les Monuments aux morts, mémoire de la Grande Guerre, Paris, Errance, 1988.

Annette BECKER, La Guerre et la foi, de la mort à la mémoire, 1914-1930, Paris, Armand-Colin, coll. « U », 1994.

Annette BECKER, « La Grande Guerre, entre mémoire et oubli » in La Mémoire, entre histoire et politique, Cahiers français, Paris, La Documentation française, juillet-août 2001.

Annette BECKER, « Les Monuments aux morts de la Grande Guerre », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 31/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/monuments-morts-grande-guerre

REYNAUD (non vérifié)

Nous avons été intrigués par de signes vus sur le monument aux morts de Miremont (63380). Ces signes sont soit des "parenthèses" soit le signe de multiplication "x". Ils se trouvent devant ou derrière le nom. Voici le relevé de quelques noms avec ces signes : Cluzel Edouard x) Cluzel Marien Cyprien ( Chomette Jean Marie ) (Molle Jean Bte) ) Astier Félix ( ( Marchand François ) Marchand Emile Pourriez-vous nous éclairer sur la signification de ces signes car c'est la première fois que nous en voyons sur un monument aux morts. Nous ne sommes pas des historiens mais de simples randonneurs curieux qui n'ont pas trouvé de réponse à leur interrogation jusqu'à présent. Bernard REYNAUD et ses ami(e)s. Merci d'avance pour votre réponse. P.S : Ayant demandé des renseignements sur ce monument aux morts, j'ai eu comme réponse que les dites parenthèses étaient des accolades de parenté. quand aux signe de multiplication (X), aucune explication ne m'a été donnée. En faisant quelques recherches j'ai trouvé que ce signe (X) signifiait : pas de plaque d'église. Ci-joint le lien représentant le monument du village et les fameux signes. https://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&id=194164&individu_filter=MOLLE&rubrique=monuments&orderByName=0

mer 29/08/2018 - 17:15 Permalien

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