Hippodrome
Folies Bergère - L'homme obus. Les Frères Mayol
Folies Bergère - Original's Huline Brother's
Hippodrome
Auteur : LEVY Charles
Lieu de conservation : musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem, Marseille)
site web
H. : 125,6 cm
L. : 99,8 cm
Lithographie en couleurs.
Domaine : Affiches
© RMN - Grand Palais (MuCEM) / Gérard Blot
61.18.7F - 05-509312
Le Cirque à Paris
Date de publication : Octobre 2010
Auteur : Alexandre SUMPF
L’âge d’or du cirque à Paris
La seconde partie du XIXe siècle voit le développement significatif d’une économie de loisirs, liée en partie à l’industrialisation de la culture. L’augmentation du nombre d’habitants vivant dans de grands centres urbains tels que Paris accroît le nombre de clients et favorise, entre autres, la fréquentation des cafés, des cabarets et lieux de spectacles relativement abordables financièrement et culturellement. C’est ainsi toute une culture « populaire » du divertissement qui connaît son âge d’or à à partir de la fin du siècle.
L’essor, l’ancrage et l’affirmation de cette nouvelle culture urbaine ont pour corrélat le développement d’une imagerie populaire caractéristique. L’amélioration des techniques de l’estampe (lithographie) et le contexte économique entraînent notamment le développement de la « réclame » et le recours croissant à l’affichage public pour vanter les produits de consommation comme les lieux de divertissement et les spectacles. L’affiche publicitaire en couleurs contribue ainsi à forger l’image d’un Paris dédié aux plaisirs, aux loisirs et à la fête.
Parmi les distractions ainsi proposées, le cirque, apparu en Angleterre à la fin du XVIIe siècle, connaît dans les années 1890 un grand succès dans la capitale. Les spectacles et numéros attirent un public de plus en plus nombreux dans des endroits comme l’Hippodrome ou encore les Folies-Bergère, lieux qu’évoquent les images analysées ici.
Des publicités au style direct
Réalisée dans les ateliers de chromolithographie que dirige l’imprimeur Charles Levy, l’affiche publicitaire Hippodrome annonce un spectacle de dressage. Le texte est réduit au nom de la salle qui accueille le numéro, l’Hippodrome. L’image représente le numéro que réalisent un lion et un cheval sous les yeux attentifs de leur dresseur. De même que le fouet dont il est armé, les barreaux qui ferment l’arène soulignent le caractère exceptionnel et dangereux de cette performance.
Réalisée par le même atelier, l’affiche Folies-Bergère - Huline brother’s invite le chaland à assister au spectacle que donnent deux clowns assez célèbres à l’époque, dont le nom apparaît en évidence en bas. La mention « original’s » garantit que ce sont bien les frères Huline qui se produisent « tous les soirs » aux Folies-Bergère. L’illustration principale les représente dans l’un de leurs numéros musicaux. Conformément à la tradition, l’un des clowns est triste, l’autre gai. D’autres scènes sont figurées dans de petits médaillons de forme variée qui promettent une joyeuse succession de rebondissements et autres scènes où les deux frères changent souvent de rôle.
Moins chargée, l’affiche Folies-Bergère - L’homme-obus annonce un numéro spectaculaire des Frères Mayol : l’un des artistes jaillit d’un canon vers son frère qui, petite fantaisie iconographique, l’attend suspendu à la barre transversale du « F » du mot « Folies » comme à un trapèze. L’espace vide et presque infini qui les sépare laisse imaginer une détonation assez forte (et donc un coup de canon bien réel) pour propulser l’homme-obus jusqu’à son frère qui, perché loin dans les airs, s’apprête à arrêter le « projectile ». La différence de taille entre les deux hommes renforce encore l’impression de grande hauteur et de grande distance. La fumée produite par le coup de feu environne cette performance hors du commun d’une atmosphère magique.
Les métiers du cirque
Les trois affiches ont la même fonction commerciale et utilisent les mêmes codes : couleurs vives, traits directs et efficaces, typographie stylisée. Si le cirque, en vogue à l’époque, a inspiré de grands artistes comme Seurat, Picasso, Chagall, Léger, Matisse, Toulouse-Lautrec, Degas ou encore Renoir, qui ont su, avec une certaine modernité, exploiter et explorer son univers « fantastique » ou mettre en valeur le travail des artistes, ces affiches sont moins ambitieuses. En effet, elles se contentent d’illustrer des numéros devenus traditionnels en insistant sur leur aspect comique et burlesque (Folies-Bergère - Huline brother’s), sur leur côté dynamique et spectaculaire (Folies-Bergère - L’homme-obus) ou encore sur la performance et le danger qu’ils impliquent (Folies-Bergère - L’homme-obus et Hippodrome).
L’affiche Hippodrome est très instructive quant à l’origine et à la diversification du cirque. Né en Angleterre à la fin du XVIIe siècle, il propose d’abord exclusivement des spectacles équestres qui se déroulent dans des hippodromes. Peu à peu, il se dote aussi d’une ménagerie (les animaux « exotiques » arrivent des colonies à la fin du XIXe siècle) et présente des numéros de dressage.
À part les numéros exécutés par des chevaux puis par d’autres animaux dressés, les attractions proposées viennent souvent des spectacles de foire des siècles précédents, que le cirque intègre peu à peu, même s’il s’agit au départ d’une autre tradition. Les acrobaties, le jonglage, les mimes et les clowns, les numéros de force, le trapèze, l’équilibrisme sont ainsi revisités et adaptés au public. Il convient de noter que le numéro de l’homme-obus est assez nouveau à l’époque, signe que le cirque sait se renouveler pour se diversifier.
Alain CORBIN (dir.), L’Avènement des loisirs (1850-1960), Paris, Aubier, 1995.
Pascal JACOB, Le Cirque.Un art à la croisée des chemins.Gallimard, « Découvertes », Paris 2001.
Dominique KALIFA, La Culture de masse en France.1860-1930, Paris, La Découverte, coll. « Repères », n° 323, 2001.
Marc MARTIN, Trois siècles de publicité en France, Paris, O. Jacob, 1992.
Michael TWYMAN, Images en couleur.Godefroy Engelmann, Charles Hullmandel et les débuts de la chromolithographie, Paris- Lyon, Éditions du Panama-Musée de l’Imprimerie, 2007.
Alexandre SUMPF, « Le Cirque à Paris », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/cirque-paris
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Le cirque, spectacle populaire
Cette œuvre inachevée figura au salon des Indépendants de 1891, peu de temps avant la mort brutale de Seurat.
Le thème, déjà abordé…
La grande parade des Folies Bergère
À Paris, la fin du XIXe siècle est une période de foisonnement artistique, culturel, économique et…
Le Cirque à Paris
La seconde partie du XIXe siècle voit le développement significatif d’une économie de loisirs, liée en…
La Ménagerie des frères Amar : le dompteur Mustapha
Dans les premières années du XXe siècle, Ahmed Ben Amar el-Gaid présente en…
Les Sœurs Vesque et le cirque
De 1902 à 1948, Marthe Vesque (1879-1962) et sa sœur Juliette Vesque (1881-1949) ont vu un spectacle de cirque presque chaque…
Charles Rigoulot, « l’homme fort »
Bien connues depuis l’Antiquité, les représentations des épreuves de force se transforment au gré des périodes…
Les frères Amar
Originaire de Kabylie, Ahmed Ben Amar el-Gaid (1860-1913) est l’une des figures…
Fernand Pélez, peintre de la « misère » urbaine
Pélez montre admirablement l’existence miséreuse que ces saltimbanques mènent dès l’enfance et jusqu…
vesselin
Bonjour, je suis à la recherche de documentation sur un ancien théâtre à Paris, maintenant détruit: le théâtre de l'hippodrome, ou autre nom, et notamment sur les peintures qui décoraient ce lieu. Auriez-vous des informations sur ce sujets ou d'autres sites qui pouraient me renseigner.
Avec mes remerciements .
V.ESSELIN
Histoire-image
Bonjour,
Cinq hippodromes se sont succédé à Paris de 1845 à 1907, tous dans des lieux différents. On y présentait des spectacles hippiques, de cirque ou de spectacles. (FIERRO Alfred, Histoire et dictionnaire de Paris, collection bouquins, édition Robert Laffont, Paris 1996)
Le théâtre que vous cherchez se trouvait probablement à côté d'un de ces hippodrome mais il faudrait savoir à quel moment le théâtre a pris ce nom.
J'espère que ces informations vous aiderons un peu.
Bon courage pour vos recherches,
Anne-Lise
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel