Aller au contenu principal
Soldats du Bataillon du Pacifique

Soldats du Bataillon du Pacifique

Le bataillon du Pacifique en position de tir

Le bataillon du Pacifique en position de tir

Vue de la tranchée jusqu'a l'emplacement du canon de 75

Vue de la tranchée jusqu'a l'emplacement du canon de 75

Soldats du Bataillon du Pacifique

Soldats du Bataillon du Pacifique

Auteur : ANONYME

Lieu de conservation : musée de l’Armée (Paris)
site web

Date de création : 1942

Date représentée : 1942

Domaine : Photographies

Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN - Grand Palais / Pascal Segrette, Droits réservés

http://www.photo.rmn.fr

06-518636 / P/TR 18

Bir Hakeim

Date de publication : Décembre 2017

Auteur : Alexandre SUMPF

La France libre au combat

Destinées à une documentation militaire et stratégique mais aussi diffusées auprès du public, les images des combats de la seconde guerre mondiale ne sont pas rares, le plus souvent prises par des soldats ou des photographes engagés auprès des troupes. Ainsi, de Abris de la tranchée et vue de la tranchée avant l’installation du canon de 75, Soldats du Bataillon du Pacifique posant devant un canon de 75 et Le Bataillon du Pacifique en position de tir qui présentent, du côté français, différentes scènes de la célèbre bataille de Bir Hakeim.

En mai 1942, l’armée allemande lance une grande offensive en Libye, à partir de laquelle elle espère ensuite s’emparer du canal de Suez. Le 26 mai, Rommel se lance à l’assaut de la place forte de Tobrouk. Il attaque frontalement les britanniques à Gazala (située sur la route côtière menant à Tobrouk) mais envoie le gros de ses troupes vers le sud afin de contourner la ligne de défense britannique pour mieux la prendre en étau.

Sur ce flanc méridional, les Alliés ne comptent que deux divisions et trois brigades. Pendant 16 jours, les combats font rage autour de Bir Hakeim, un simple point d’eau en plein désert. Jusqu’à leur évacuation le 11 juin, les troupes de la 1re brigade française libre menées par le général Kœnig résistent aux assauts germano-italiens, permettant aux britanniques de gagner un répit crucial et de se replier sans trop de dommages vers l’Égypte.

Cette défense héroïque constitue la première contribution d’envergure des Forces françaises libres au cours du conflit, ce qui confère aux images ici étudiées une signification politique et emblématique très importante.

Avec le Bataillon du Pacifique

Constituée par des ralliements successifs, La 1re brigade française libre compte environ 3 700 hommes en 1942, dont les deux tiers sont issus des colonies. Aux côtés (entre autres) de membres de la légion étrangère, de fusiliers-marins ou encore de la 22ème compagnie nord-africaine, le Bataillon du Pacifique dirigé par le lieutenant-colonel Broche est notamment composé de volontaires tahitiens venant de la Polynésie ou de la Nouvelle-Calédonie.

C’est justement parmi les hommes de ce Bataillon, au cœur du désert et de l’action, que nous plongent ces images toutes trois réalisées le même jour.

Sur les trois images, on découvre un paysage désertique et absolument plat, qui semble s’étendre à l’infini. Il faut même une certaine attention pour remarquer les installations (au premier plan) sur Abris de la tranchée et vue de la tranchée avant l’installation du canon de 75. Les quelques bâches et sacs de sable qui habillent des tranchées peu profondes se détachent à peine de la rase horizon.

Malgré un choix de cadrage assez serré, Soldats du Bataillon du Pacifique posant devant un canon de 75 ne dissipe pas complètement cette impression de vide. Les sept soldats fiers et souriants posant en groupe pour l’objectif semblent encore un peu perdus dans la gigantesque étendue, tandis que le canon de 75, pourtant au centre des attentions et du cliché, apparaît finalement comme un équipement bien modeste. La diversité des faciès et des uniformes rappelle quant à elle la composition hétérogène du Bataillon du Pacifique et, plus largement, celle de La 1re brigade française libre.

Enfin, Le Bataillon du Pacifique en position de tir présente ces mêmes hommes en position de tir, dans la tranchée. Armés de fusils mitrailleurs ou de fusils antichars, ils visent au loin en attendant l’arrivée imminente de l’ennemi, tendus et concentrés sur le combat à mener.

Au milieu de nulle part, la France

Si les trois photographies permettent en premier lieu de mieux détailler les conditions de la bataille, elles sont également très fortes d’un point de vue esthétique et symbolique.

De prime abord, ces images semblent venues d’ailleurs et, pour tout dire, de nulle part. « Simple croisement de pistes dans un désert aride, caillouteux et nu que balaient les vents de sable, Bir Hakeim est vu de partout. Le champ de bataille se caractérise en effet par une absence totale de couverts et d'obstacles naturels », selon les mots du général Bernard Saint-Hillier. Les soldats du bataillon du Pacifique doivent donc défendre leurs positions à découvert (d’où la nécessité de creuser des tranchées), ce qui rend leur tâche encore plus ardue face aux troupes allemandes et italiennes motorisées, plus nombreuses et bien plus lourdement armées. Dans ces espaces inhospitaliers, la résistance de ces quelques hommes assez peu équipés n’en apparaît que plus héroïque, l’absence de tout autre détail semblant même amplifier la portée de cet événement.

Ici, à cet instant décisif et historique, en cet endroit si exotique, ce sont bien ces soldats-là qui incarnent la France Libre. Eux-mêmes d’origines diverses (venus d’autres « ailleurs » par rapport à la métropole), ils font corps autour d’un simple canon (Soldats du Bataillon du Pacifique). Bientôt prêts à sacrifier leur corps et leur vie pour la patrie (Le Bataillon du Pacifique en position de tir), ils donnent corps à l’idée d’une « autre » France, qui, dans le combat, recouvre sa fierté et sa dignité.

BROCHE, François, CAÏTUCOLI, Georges et MURACCIOLE, Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 2010.

BROCHE, François, Bir Hakeim, La France renaissante, Éditions Italiques, Paris, 2003

BROCHE, François, Bir Hakeim, mai-juin 1942, Perrin, Paris, 2008.

CREMIEUX-BRILHAC, Jean-Louis, La France libre, De l'appel du 18 juin à la Libération, Gallimard, Paris, 1996.

MURACCIOLE, Jean-François Histoire de la France libre, PUF, coll.Que sais-je ?, Paris, 1996.

Alexandre SUMPF, « Bir Hakeim », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/bir-hakeim

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Vichy et ses ennemis

Vichy et ses ennemis

L’affiche de propagande.

Très prisée pour la promotion de la Révolution Nationale, l’affiche de propagande connaît une diffusion et une…

Perfide Albion

Perfide Albion

Le Royaume-Uni attaque la France

Les ports coloniaux de Dakar et Mers el-Kébir ont accédé brutalement à la notoriété en 1940 quand deux…

Perfide Albion
Perfide Albion
Perfide Albion
L’affiche rouge

L’affiche rouge

Une opération de propagande d’envergure

Constitué et organisé entre la fin de l’année 1942 et février 1943, le réseau Manouchian fait partie du…

L’exode

L’exode

Montrer la défaite et l’exode.

Après la percée de Sedan du 13 mai 1940 et la victoire de l’armée allemande lors de la bataille de France (mai-…

Hitler à Paris

Hitler à Paris

La « Blitz Besuch » (visite éclair)

L’armistice franco-allemand est signé le 22 juin 1940. La moitié nord et la côte atlantique du territoire…

Hitler à Paris
Hitler à Paris
La Flotte assassinée : Mers el-Kébir

La Flotte assassinée : Mers el-Kébir

L’armée française neutralisée

Le 3 juillet 1940, sous l’objectif d’une caméra des actualités et d’un photographe anonyme, la flotte française…

La Flotte assassinée : Mers el-Kébir
La Flotte assassinée : Mers el-Kébir
Les opérateurs soviétiques et la Shoah

Les opérateurs soviétiques et la Shoah

Les camps d’extermination, étape finale de la découverte de la Shoah à l’Est

Après les défaites qui se sont suc cédées depuis l’invasion…

Les « tondues » de la Libération

Les « tondues » de la Libération

Une démonstration publique

On estime que 20 000 à 40 000 femmes accusées à tort ou à raison de collaboration avec l’occupant allemand auraient…

Bruno Lohse et Hermann Goering

Bruno Lohse et Hermann Goering

Le marché de l’art à Paris sous l’Occupation

Le fait est avéré, pour ne pas dire indéniable : le marché de l’art à Paris sous l’occupation…

La collaboration de la police et de la gendarmerie françaises

La collaboration de la police et de la gendarmerie françaises

La police et gendarmerie françaises pendant l’occupation

À la suite de l’armistice du 22 juin 1940 et plus encore après l’entrevue de Montoire…