Aller au contenu principal
Base de missiles nucléaires de San Cristobal

Base de missiles nucléaires de San Cristobal

Auteur : ANONYME

Lieu de conservation : Agence AKG Images
site web

Date de création : 23 janvier 1961

Date représentée : 23 janvier 1961

Photographie aérienne

Domaine : Photographies

© AKG - Image

Lien vers l'image

AKG975986

  • Base de missiles nucléaires de San Cristobal
  • Base de missiles nucléaires de San Cristobal

La Crise des missiles de Cuba

Date de publication : Février 2024

Auteur : Alexandre SUMPF

Les points chauds de la guerre froide

La Guerre froide a commencé, avant même les doctrines Truman (1) et Jdanov (2) de 1947 : était-ce en 1943, quand Staline reprochait amèrement aux Américains de ne pas ouvrir de second front en Europe, était-ce fin octobre 1944 à Moscou, lorsque Churchill et Staline se partagèrent les zones d’influence en Europe ? Depuis, elle n’a cessé d’être chaude.

Berlin (1948, 1953, 1961), Prague (1948) (3), Pékin (1949) (4), la Corée (1950) (5), l’Indochine puis le Vietnam (1954) (6) – là où la révolution, l’instauration de régimes socialistes ou la participation des communistes à l’indépendance nationale se manifestent, un conflit menace d’embraser le reste de la planète.

À Cuba, après un échec en 1953, Fidel Castro (7) renverse le régime de Batista (8) en 1959 et engage une série de nationalisations qui touchent en particulier de grandes compagnies nord-américaines. En avril 1961, une expédition hasardeuse fomentée par la C.I.A. (Central Intelligence Agency) fait chou blanc à la Baie des Cochons. La proximité géographique de l’île représente une menace directe, sans compter la contagion potentielle de la révolution en Amérique latine, perspective inacceptable pour la puissance nord-américaine qui considère cet espace comme son « arrière-cour ». Les États-Unis adoptent alors la politique du containment en assurant le blocus naval de l’île dès le 7 février 1962. Le Pentagone (quartier général de la Défense des États-Unis) installe aussi des missiles nucléaires en Turquie et en Italie (novembre 1961). En réponse, le dirigeant de l’U.R.S.S. Nikita Khrouchtchev fait déployer à Cuba en mai 1962 50 000 soldats soviétiques, quatre sous-marins et 36 missiles balistiques nucléaires.

Cuba livré

Le 17 octobre 1962, l’avion espion U2 du commandant Richard S. Heyser parvient à survoler une zone jusque-là inexplorée. Il y découvre des installations qui sont alors photographiées en plusieurs passages, à chaque fois d’un angle différent, à très haute altitude, mais avec une très haute précision. Sur celui du 23 octobre, la scène est prise en plongée avec un axe en biais indiquant que l’interrupteur a été déclenché après le passage de l’avion au-dessus de la cible. À l’image, on distingue une zone de forêt tropicale défrichée et aménagée ; la terre humide garde les traces de nombreux passages de poids-lourd, signe d’une intense activité. À cette hauteur, on distingue à peine les silhouettes humaines, mais on se rend compte qu’elles ne sont pas nombreuses. On reconnaît en revanche quatorze véhicules, des réservoirs oblongs, et un très long bâtiment. Le cliché, présenté d’abord aux services compétents, puis à la presse, joint du texte à l’image. Il fait l’objet d’une interprétation indispensable pour prouver qu’il s’agit bien d’une plateforme de lancement de missiles – qui sont invisibles.

Communication de crise

En soi, le cliché ne montre pas grand-chose et rien ne dit qu’il s’agit bien de Cuba. On doit croire sur parole les militaires du renseignement quand ils affirment que l’on se situe à San Cristobal, que la comparaison avec l’arsenal déployé lors des grandes parades sur la place Rouge permet d’identifier des tracteurs d’artillerie, des réservoirs d’oxygène ou de combustible, un câble, un abri à missile et surtout un érecteur de missile. Il s’agit d’installations déjà opérationnelles, qui doivent être renforcées par les convois faisant route dans l’Atlantique. Avec ces clichés, le grand public entre dans la War Room (Salle des opérations) du président Kennedy qui s’adresse à la nation et au monde à la télévision, le 22 octobre : on lui fait sentir la réalité et l’imminence de la menace nucléaire soviétique, chose facile tant la propagande aux U.S.A. la met en scène en fiction, dans des films didactiques ou des publicités pour les abris, les masques, etc.

La série de photographies de Cuba se double d’une série présentant les vaisseaux soviétiques. Le monde entier est au courant, ce qui arrange au final les deux parties : tour à tour, chacun refuse l’escalade que des incidents auraient pu déclencher. Les négociations secrètes menées depuis des semaines, mais désormais dans une atmosphère apocalyptique aggravée quand un U2 américain est abattu au-dessus de Cuba le 27 octobre. Elles aboutissent le 29 octobre à la promesse soviétique de démantèlement des bases déjà en place contre la garantie de non-agression de Cuba par les États-Unis et le retrait des missiles installés en Turquie et en Italie.

La crise des fusées de Cuba, une vidéo de l'I.N.A. proposée par Lumni

Claude Delmas, Crises à Cuba, 1961-1962, Bruxelles, Éditions Complexe, 1984.

Georges-Henri Soutou, La Guerre froide : 1943-1990, Paris, Fayard / Pluriel, 2010.

Vincent Touze, Missiles et décisions, Castro, Kennedy et Khrouchtchev et la crise de Cuba d'Octobre 1962, Bruxelles, André Versailles, 2012.

1 - Harry Truman (1884-1972) : vice-président de Franklin D. Roosevelt, il devient le président des États-Unis à la mort de celui-ci en avril 1945, il le reste jusqu'en 1953. Il décide de lancer les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Il met en place la politique du containment qui cherche à limiter l'influence de l'U.R.S.S. et du communisme dans le monde.

2 - Andreï Jdanov (1896-1948) : bolchévique dès 1915, proche de Staline, il devient membre du Bureau politique en 1938. Il dirige la propagande soviétique et l'agit-prop. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il organise le Kominform chargé de fédérer l'ensemble des partis communistes. Il développe, face à la doctrine Truman du containment, l'idée d'un monde divisé en deux : le camp impérialiste et anti-démocratique incarné par les U.S.A. et le camp anti-impérialiste et démocratique incarné par l'U.R.S.S.. 

3 - Le Coup de Prague (20-25 février 1948) : à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, la Tchécoslovaquie est gouvernée par Edvard Benes démocratiquement élu. Si le parti communiste a une place importante dans le pays, l'U.R.S.S. ne le contrôle pas complètement. Benes choisit d'accepter d'adhérer au plan Marshall proposé par les U.S.A. fin 1947, alors que l'U.R.S.S. appose son veto aux pays de l'Est et donc à la Tchécoslovaquie. À l'issue d'une crise menée par les communistes, qui organisent des manifestations populaires dans le pays à partir du 20 février 1948, Benes doit accepter la démission des ministres non-communistes du gouvernement le 25 février.  La Tchécoslovaquie fait désormais partie intégralement du Bloc de l'Est et est dirigé par le Parti communiste. Benes démissionne le 7 juin 1948, il meurt le 3 septembre. Le Coup de Prague est un des évènements majeurs du début de la Guerre froide

4 -  République populaire de Chine (1er octobre 1949) :  Mao Zedong, président du Comité central du Parti communiste chinois, proclame la naissance de la République populaire de Chine à Beijing (Pékin). C'est la fin de la guerre civile chinoise et de la Longue Marche. L'U.R.S.S. reconnait ce nouvel état dès le lendemain. L'avènement d'une Chine communiste aggrave les tensions dans le monde bipolaire de la Guerre froide. Il faudra attendre 1964 pour que la France reconnaisse la République populaire de Chine et 1971 pour qu'elle accède à l'O.N.U.

4 - Guerre de Corée (1950-1953) : à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, la Corée est occupée par les Soviétiques au nord et les Américains au sud du 38e parallèle. La Corée, état indépendant, séparée en deux est l'un des enjeux majeurs du début de la Guerre froide. Le 25 juin 1950, l'armée nord-coréenne appuyée par l'U.R.S.S. et la Chine envahit la Corée du sud et s'empare de Séoul. L'armée américaine intervient et repousse les nord-coréens au-delà du 38e parallèle. Après des combats et des pourparlers de paix, l'armistice est signé le 27 juillet 1953 : elle entérine la partition durable de la Corée.

5 - Guerre du Viêt Nam (ou Vietnam) (1954-1975) : en 1954, après la défaite Diên Biên Phu, la France se retire de la péninsule indochinoise et le Viêt Nam déclare son indépendance. Mais le pays est divisé par le 17e parallèle : au nord le pays est dirigé par le parti communiste d'Hô Chi Minh, au sud par un parti pro-occidental soutenu par les U.S.A. Dès 1954, le nord mène une guerre de guérilla pour réunifier le pays ; l'armée américaine s'engage alors auprès de l'armée sud-vietnamienne, dans le contexte de la Guerre froide. Dès lors, le conflit prend de plus en plus d'ampleur et les troupes américaines sont de plus en plus présentes. Après une vingtaine d'années de combats et des milliers de morts, un accord est signé en 1973, les États-Unis se retirent du Vietnam. En 1975, l'armée nord-vietnamienne entre dans Saïgon et réunifie le pays.

7 - Fidel Castro (1926-2016) : opposant au régime autoritaire cubain de Fulgencio Batista, Fidel Castro est exilé au Mexique en 1953. Il y rencontre Ernesto Guevara (Le Che) et s'initie à la guérilla. En décembre 1956, il débarque à Cuba et organise la guérilla cubaine. Après 2 ans de combat, il prend le pouvoir à Cuba en janvier 1959. Il instaure un régime socialiste de plus en plus dictatorial et se rapproche de l'U.R.S.S. après l'embargo décrété des U.S.A. Castro et Cuba sont au cœur de plusieurs crises de la Guerre froide.

8 - Fulgencio Batista (1901-1973) : homme d'état et militaire cubain, Batista prend le pouvoir à la suite du coup d'État de 1952. Il s'enfuit lors de la révolution cubaine en 1959 dans l'Espagne franquiste, où il meurt.

Guerre froide : Période historique mondiale qui s'étend de 1945 à 1990. À l'issue de la seconde guerre mondiale, le monde est divisé entre le bloc de l'Ouest dominé par les États-Unis et le bloc de l'Est dominé par l'Union soviétique : on parle alors d'un mode bipolaire. Il s'agit d'une guerre idéologique (états communistes ou états libéraux) et stratégique, les affrontements se font sur des terrains non-occidentaux (comme la guerre du Vietnam, Cuba, Afghanistan). La guerre froide se termine avec la chute du mur de Berlin et la désintégration du bloc de l'Est.

Alexandre SUMPF, « La Crise des missiles de Cuba », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 12/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/crise-missiles-cuba

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur