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Napoléon en costume impérial

Napoléon en costume impérial

Tête de Napoléon

Tête de Napoléon

Napoléon en costume impérial

Napoléon en costume impérial

Date de création : 1805

Date représentée :

H. : 57 cm

L. : 49,5 cm

Esquisse pour un portrait devant orner la salle des audiences de la cour d’appel de Gênes.

Huile sur bois.

Domaine : Peintures

© GrandPalaisRmn (PBA, Lille) / Philipp Bernard

Lien vers l'image

P 438 - 99-011927

David et l'impossible portrait de Napoléon

Date de publication : Janvier 2012

Auteur : Guillaume NICOUD

David, premier peintre de l’empereur mais pas son premier portraitiste.

Avec la proclamation de l’Empire en 1804, Jacques Louis David (1748-1825), maître incontesté de l’école de peinture française, peut espérer de nombreuses commandes officielles et de nouveaux honneurs. Le peintre connaît Napoléon Bonaparte au moins depuis 1797, date à laquelle il projette de le représenter en pied, mais, malgré une séance de pose, le tableau reste inachevé (Paris, musée du Louvre). Sous le Consulat, David est appelé à répliquer son portrait équestre Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard (1800, château de Malmaison, commandé par le roi d’Espagne) pour servir de premier portrait officiel au nouvel homme fort de la France. En septembre 1804, Napoléon l’invite à représenter son sacre, prévu le 2 décembre, puis le 18 du même mois, le nomme son premier peintre.

Il revient à Charles-François Lebrun (1739-1824), ancien consul devenu architrésorier de l’Empire, de commander en août 1805 à David son premier portrait officiel de l’Empereur revêtu du costume impérial. Nommé temporairement gouverneur général de la République ligure, Lebrun doit alors réunir ces territoires à la France en trois départements : de Gênes, de Montenotte et des Appenins. Ce portrait est doublement urgent : d’une part, la cour d’appel de Gênes a besoin d’une image officielle du nouveau souverain pour sa salle d’audience, et, d’autre part, l’œuvre servira à la peinture de répliques destinées aux deux autres tribunaux créés dans les préfectures de Savone et Chiavari. Lebrun souhaite donc une représentation de l’Empereur « en pied avec le costume impérial, le sceptre et la main de justice ». Il précise que le tableau de Gênes est destiné à une salle richement décorée et qu’il sera accroché entre deux colonnes et sous le dais du trône. Napoléon accepte que les tableaux soient commandés à David et financés sur sa liste civile.

En septembre, David en a déjà réalisé une esquisse, sans aucun doute la première œuvre étudiée ici et conservée aujourd’hui au Palais des Beaux-Arts de Lille. Le portrait est achevé le 3 juin 1806. Le 2 juillet, il est apporté au palais de Saint-Cloud pour être présenté à l’Empereur qui le refuse, déclarant même que « c’est un portrait si mauvais, tellement rempli de défauts, que je ne l’accepte point et ne veux l’envoyer dans aucune ville, surtout en Italie, où ce serait donner une bien mauvaise idée de notre école ». L’œuvre repart directement dans l’atelier de David, puis l’on perd sa trace.

Mais la commande n’est pas annulée pour autant. Elle est sur le point d’être relancée en 1811 quand David affirme avoir entretemps exécuté un portrait susceptible de convenir à Napoléon. Une esquisse (Harvard, Fogg Art Museum) et sans doute cette représentation de la Tête de l’Empereur (Paris, Fondation Dosne-Thiers) pourraient avoir précédé sa nouvelle œuvre.

Mais la commande pour Gênes reviendra finalement à Robert Lefèvre, peintre qui, comme François Gérard (élève de David), avait entretemps réalisé des effigies ayant emporté l’adhésion de l’Empereur et pouvant servir de portrait officiel.

Hiératisme et simplicité

David esquisse d’abord une représentation de l’Empereur debout devant un trône posé sur une estrade. L’image est frontale, mais la tête et le regard de l’Empereur sont tournés vers sa droite. Napoléon est vêtu du grand costume impérial, avec sa tunique blanche brodée d’or recouverte du manteau de velours rouge et d’hermine à col d’hermine. La tête ceinte de la couronne de laurier en or, il porte le grand collier de la Légion d’honneur et tient le sceptre à l’aigle impériale dans sa main droite, la main de justice dans celle de gauche (ce sont les emblèmes dits « des honneurs »). L’Empereur pose sous un vaste baldaquin aux amples draperies. L’ensemble (décor et posture) apparaît hiératique, et Napoléon semble comme engoncé dans son costume de sacre.

Dans le second portrait élaboré par David, Napoléon est toujours de face, la tête tournée vers la droite. Son regard se porte dans la même direction et le lointain, mais les traits apparaissent plus paisibles, et l’image moins grandiloquente. Le visage est mis en valeur par le col en hermine, par la cravate de dentelle, par la couronne de laurier en or et surtout par un original fond noir qui trahit le caractère d’étude de l’œuvre.

David, premier peintre sans portrait officiel

Des dessins de David prouvent que son premier portrait est concomitant avec l’élaboration de sa série de toiles dédiée au sacre et plus précisément à celle – non réalisée – qui devait représenter l’intronisation. Il s’agirait plutôt ici du moment suivant le serment constitutionnel, lorsque l’Empereur quitte son trône et reprend la main de justice et le sceptre (emblème dont Lebrun a la charge durant la cérémonie).

On ne sait pas exactement pourquoi cette première représentation n’a pas plu à l’Empereur : un élève de David (George Devillers, auteur d’un maladroit Napoléon en costume de Sacre aujourd’hui conservé à la Cour des comptes) aurait un peu gâché l’œuvre, et le maître n’aurait pas réussi à la reprendre ; David agaçait aussi le pouvoir par ses prix trop élevés (il demandait 31 000 F pour les trois portraits et beaucoup trop pour ses tableaux du sacre) ; l’image aurait aussi pu apparaître trop hiératique…

La seconde version réalisée par David apparaît justement plus simple, moins pompeuse (grâce à l’abandon du décor environnant, à l’adjonction d’un siège pour porter les emblèmes impériaux et contrebalançant le trône placé, cette fois-ci, de biais et en retrait). La figure de l’Empereur semble plus calme, comme le prouve la tête présentée ici. Peinte en 1807, cette œuvre s’inspire du portrait de Napoléon le plus connu et le plus diffusé : celui où Gérard l’a représenté en costume de sacre, qui date de 1805.

Le second projet servit toutefois à David dès 1808 pour peindre un portrait commandé par Jérôme Napoléon, frère cadet de l’Empereur et roi de Westphalie. Il aurait cependant été exposé inachevé au Salon du Louvre de la même année et disparaît par la suite. Ce qui aboutit à un paradoxe flagrant : il n’existe pas de portrait officiel grandeur nature de Napoléon par son premier peintre.

SCHNAPPER Antoine, Jacques-Louis David : 1748-1825, catalogue d’exposition, Paris, Musée du Louvre, Département des peintures, Versailles, Musée national du château, 26 octobre 1989-12 février 1990, Paris, Réunion des musées nationaux, 1989

BORDES Philippe, Jacques-Louis David : Empire to Exile, catalogue d’exposition, Los Angeles, the J.Paul Getty Museum, février – avril 2005, Williamstown, Sterling and Francine Clark Art Institute, juin – septembre 2005, New Haven, Yale University Press, c.2005

LAVEISSIERE Sylvain, Le Sacre de Napoléon peint par David, catalogue d’exposition, Paris, Musée du Louvre, 21 octobre 2004-17 janvier 2005, Paris, Louvre ; Milan, 5 Continents, 2004

Guillaume NICOUD, « David et l'impossible portrait de Napoléon », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/david-impossible-portrait-napoleon

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