Aller au contenu principal
Complainte sur l'arrestation du Père Duchesne, 24 ventôse an II (13 mars 1794).

Complainte sur l'arrestation du Père Duchesne, 24 ventôse an II (13 mars 1794).

Date de création : 1794

Le Père Duchesne. Complainte. Air : Je l'ai planté, je l'ai vu naître. "Par J.J Dussault.Extrait de la Correspondance politique, cloître Saint-Thomas du Louvre, n°5." AE/II/1880imprimé

Domaine : Archives

© Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie

http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr

AE/II/1880

La fin d'Hébert et des Enragés

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Delphine DUBOIS et Régis LAPASIN

L’appel à une nouvelle insurrection sans-culotte

Depuis 1790, Jaques-René Hébert publie Le Père Duchesne dont le langage cru remporte un vif succès auprès des sans-culottes : le titre a déjà été utilisé car le personnage appartient à la mythologie populaire parisienne. En nivôse an II (décembre 1793) s’engage, entre Le Vieux Cordelier de Desmoulins et Le Père Duchesne une lutte qui, au delà des antagonismes personnels, révèle deux factions entre lesquelles la Convention se trouve prise : les « indulgents » et les « enragés » (« hébertistes »). Le 14 ventôse, au club des Cordeliers, Hébert fait le pas qui lui sera fatal en appelant à l’insurrection populaire

La mort du Père Duchesne

Le 4 germinal an II (24 mars 1794), à cinq heures et demie de l’après-midi, trois charrettes transportant dix-huit condamnés à mort parviennent sur la place de la Révolution[1] envahie par une foule plus grande encore qu’à l’ordinaire. Parmi ceux qui vont mourir se trouvent le général Ronsin, Vincent, l’imprimeur Momoro et Hébert, qu’on a fini par assimiler au « père Duchesne », le héros « bougrement patriotique » de son journal. On attend leur exécution, depuis la veille parfois, et des groupes chantent, pour passer le temps, la « complainte du père Duchesne » qui vient de paraître et que les colporteurs vendent dans la foule surveillée par les mouchards de la police.

Les vers de circonstance s’étonnent de la chute soudaine de celui dont on craignait naguère les appels à la guillotine, en reprenant son langage imagé (« siffler la linotte » pour « être emprisonné »). Puis les couplets détaillent les chefs d’inculpation qui pèsent sur le « fameux marchand de fourneaux » (profession supposée du père Duchesne) : complot contre la République (l’appel à l’insurrection du 14 ventôse, les mises en cause maladroites des Comités et de Robespierre dans le journal), collusion avec l’Angleterre (par l’intermédiaire du banquier hollandais Kock), préparation d’une insurrection royaliste. Dans un climat de suspicion, la complainte évite d’accabler Hébert sans pour autant lui être favorable. Les accusations du tribunal révolutionnaire sont reprises de manière dubitative : « On nous dit que… », « On assure que… »

Hébert a passé sa dernière nuit en prison à hurler et à appeler au secours. Le public moque le manque de fermeté de celui qui réclamait sans cesse que tombent les têtes. Quand vient son tour de « jouer à la main chaude » (« être guillotiné »), Hébert doit être traîné à l’échafaud : sa tête montrée par le bourreau est saluée par des quolibets.

L’élimination des « enragés »

Dans le contexte incertain et menaçant du début de l’année 1794, le gouvernement révolutionnaire ne peut tolérer les provocations répétées des « enragés » qui se réunissent aux Cordeliers et dont Hébert est plus le relais médiatique que le meneur. Leur procès et leur condamnation surprennent l’opinion, mais ne provoquent pas de réaction. Le Vieux Cordelier, en révélant le 16 nivôse (5 janvier 1794) que le « père Duchesne » était appointé par le ministre de la guerre Bouchotte et qu’il faisait des soupers fins chez un banquier étranger alors que la disette régnait dans Paris, avait, il est vrai, déjà beaucoup terni son image de patriote intègre…

François FURET, La Révolution 1770-1880 Paris, Hachette, 1988.Albert SOBOUL, Dictionnaire historique de la Révolution Paris, PUF, 1989

1. Actuelle place de la Concorde.

Delphine DUBOIS et Régis LAPASIN, « La fin d'Hébert et des Enragés », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 07/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/fin-hebert-enrages

Anonyme (non vérifié)

Ce texte peut donner à croire qu'"Enragés" est une étiquette désignant la gauche cordelière ou les groupe dit des "hébertistes". Il s'agit plutôt d'un courant, incarné par Théophile Leclerc, Jacques Roux, Jean-François Varlet et les Républicaines révolutionnaires entrainées par Claire Lacombe et Pauline Léon. Si ces courants sont également combattus et finalement éliminés par Robespierre et les Jacobins qu'il contrôle, ils ne se confondent pas, et Hébert n'est pas leur porte-parole. D'ailleurs, après l'assassinat de Marat, Roux et Leclerc lancent chacun un journal.
Il est évidemment très difficile de rendre compte dans une courte notice (et dans un commentaire…) de subtilités de personnes et de courants, mais l'identification hébertistes/Enragé(e)s est erronée.

dim 28/09/2014 - 10:11 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Albums liés