Interrogatoire de Camille Desmoulins et de Danton (12 germinal an II/1er avril 1794).
Lieu de conservation : Centre historique des Archives nationales (Paris)
site web
Date de création : 1794
Date représentée : 01 avril 1794. Date révolutionnaire : 12 germinal an II
H. : 38 cm
L. : 25 cm
manuscrit; en-tête imprimé
Domaine : Archives
© Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie
W/342/dossier 648,3ème partie/pce 45
Le procès de Danton et des Indulgents
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Delphine DUBOIS et Régis LAPASIN
L’élimination des factions
Dès le 5 nivose an II (25 décembre 1793), Robespierre dénonce les « enragés », dirigés par Hébert, et les « indulgents », menés par Danton et Desmoulins. En effet, la Convention se trouve prise entre deux visions opposées de l’avenir de la Révolution. Les hébertistes, qui réclament une intensification de la Terreur, sont exécutés le 4 germinal (24 mars 1794). Les « indulgents », dans Le Vieux Cordelier, s’insurgent contre la déchristianisation et les terroristes. Mais ils sont également déconsidérés par leur implication dans diverses affaires (Compagnie des Indes, trahison de Dumouriez).
Un interrogatoire à la prison du Luxembourg
Le 12 germinal an II, à 11 heures du matin, Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, accompagné de secrétaires munis de formulaires d’interrogatoire, entre au palais du Luxembourg transformé en prison, où sont incarcérés Danton, Desmoulins et leurs amis. Les prévenus comparaissent l'un après l'autre.
Danton est interrogé après Desmoulins : il a été arrêté deux jours auparavant à son domicile de la rue Marat où il est revenu s’installer malgré les mises en garde de ses amis. Sûr de son prestige et de son statut, il se croit inattaquable. Pourtant on l’accuse de vénalité, de concussion, de trahison et de commerce avec l’ennemi ; il a trempé, ainsi que son ami Fabre d’Eglantine, dans l’affaire de la liquidation de la Compagnie des Indes. Nombreux sont ceux qui réclament sa tête. Le 10 germinal (30 mars), Robespierre se laisse convaincre par Saint-Just, qui rédige le décret d’accusation. La gravité des chefs d’inculpation laisse présager de l’issue d’un procès jugé d’avance.
Devant Fouquier-Tinville, Danton ne se démonte pas. En effet, il espère, grâce à ses talents d’orateur, retourner la situation à son avantage au cours de son procès, comme l’avait fait Marat. La fierté de ses réponses (« Qu’il avait été républicain même sous la tyrannie, et qu’il mourrait tel ») et l’assurance de sa signature témoignent de sa confiance. Mais en réalité, une majorité de conventionnels réclame sa tête, et l’annonce de son arrestation au matin du 11 germinal (31 mars) ne soulève aucune réaction dans la capitale. De plus, ses accusateurs, conscients de ses qualités de tribun, décident de le faire taire. Conformément à un décret opportun de la Convention pris le 14 germinal (3 avril), Fouquier-Tinville lui interdira de s’exprimer au cours du procès, en prétextant de « son impudence ».
Danton et ses coaccusés sont guillotinés le 16 germinal an II (5 avril 1794).
La fuite en avant de Robespierre
Jusqu’à germinal an II, le peuple parisien est l’acteur principal des journées révolutionnaires. Pour la première fois une crise est réglée par la Convention et les Comités seuls, sans qu’il soit fait appel aux sans-culottes. Pour la première fois, des meneurs populaires tombent sous le couteau de la République qu’ils ont contribuée à fonder. Or le gouvernement révolutionnaire tire sa légitimité du peuple. L’éviction de ce dernier rend la dictature jacobine trop flagrante. Jointe à l’intensification de la Terreur dans les mois qui suivent, l'absence de réaction populaire prépare le 9 Thermidor.
Patrice GUENIFFEY La politique de la Terreur : essai sur la violence révolutionnaire : 1789-1793 Paris, Fayard, 2000.
Delphine DUBOIS et Régis LAPASIN, « Le procès de Danton et des Indulgents », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/proces-danton-indulgents
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