Matisse dans l'atelier de Manguin
Portrait d'Henri Matisse
Matisse dans l'atelier de Manguin
Auteur : MARQUET Albert
Lieu de conservation : Centre Pompidou – musée national d’Art moderne – Centre de création industrielle (Paris)
site web
Date de création : 1905
Date représentée : 1905
H. : 100 cm
L. : 73 cm
Titre attribué : Nu dans l'atelier.
Huile sur carton.
Domaine : Peintures
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. GrandPalaisRmn / Jean-Claude Planchet
AM 3488 P - 13-510737
Portraits de Fauves
Date de publication : Décembre 2007
Auteur : Cécile PICHON-BONIN
Carrières de fauves
La plupart des artistes fauves vivent à Montmartre. Les premières années se révèlent difficiles, avant l’amélioration des années 1905-1907, qui correspondent à l’épanouissement et à l’apogée du fauvisme. En 1902, Berthe Weill accueille dans sa petite boutique montmartroise Matisse et Marquet, puis Puy, Camoin, Manguin et Dufy l’année suivante, enfin Friesz, Derain, Vlaminck et Van Dongen en 1905. Elle les expose régulièrement, au moins une fois par an, seuls ou en groupe. Les ventes sont alors pratiquement nulles. De rares marchands passionnés ou excentriques soutiennent encore les débuts difficiles des fauves, comme le père Soulier, ancien cardeur de matelas, dès 1902, puis Druet, restaurateur, qui ouvre sa galerie faubourg Saint-Honoré, en 1903. A la suite de Matisse, les fauves exposent également au Salon des Indépendants et bientôt au Salon d’automne, centres efficaces de regroupement et de diffusion. Ces salons exercent également un impact sur le développement du fauvisme grâce à leurs importantes rétrospectives de Seurat, Van Gogh, Gauguin ou Cézanne. Matisse expose pour la première fois chez Vollard en 1904, et à partir de 1905, une personnalité comme Marquet commence également à jouir d’une relative notoriété.
L’artiste fauve
Les portraits de Matisse, peints par Derain et Marquet, attestent à la fois du rôle central de Matisse et des tendances du fauvisme. Le tableau de Marquet montre Matisse travaillant d’après modèle, le nu passant ici au premier plan. L’œuvre introduit un jeu, puisque Marquet propose ainsi sa propre vision du corps féminin posant simultanément pour les deux artistes. La scène se situe dans l’atelier de Manguin. Ce dernier, issu d’une famille bourgeoise qui soutient sa vocation artistique, possède un grand atelier, rue Boursault, où les fauves se réunissent souvent pour discuter et peindre. La toile exprime ainsi l’importance du travail d’après nature pour les fauves, et, par la division de la touche colorée, celle de la référence au pointillisme. Cette source d’inspiration devient centrale sous l’impulsion de Matisse, en 1904-1905.
Quant à Derain, c’est à l’automne 1904, lors de son retour du service militaire, que ses échanges avec Matisse deviennent très actifs. Au cours de l’été suivant, Derain rejoint Matisse à Collioure. Ensemble, et comme en témoigne le présent portrait, ils exaltent les couleurs vives, stridentes, répondent à leur besoin d’expression écartant tout souci de vraisemblance et toute volonté descriptive. La touche est libérée, le dessin sommaire, produisant un effet de spontanéité.
Rencontres
Le fauvisme ne peut être considéré comme une école picturale. Contrairement au cubisme, qui s’élabore autour des recherches approfondies et de la stricte discipline de Braque et Picasso, le fauvisme se construit sur la base de sympathies personnelles. Un état de fait qui se comprend notamment en vertu du caractère plus passionnel qu’intellectuel de la démarche. Pour bien saisir l’importance de ces réseaux d’amitié, il faut remonter aux années de formation. On distingue alors trois principaux groupes : les élèves de l’atelier de Gustave Moreau et de la Académie Carrière (Matisse, Marquet, Camoin, Manguin, Puy), le couple de Chatou (Derain et Vlaminck), et enfin, le trio du Havre, derniers convertis, de filiation impressionniste (Friez, Dufy, Braque). Les interpénétrations se multiplient rapidement sur les lieux communs d’apprentissage, de travail, d’exposition, et s’unifient progressivement autour de la figure prestigieuse et de l’activité importante de Matisse. Les artistes vont souvent par deux sur le motif. Derain et Vlaminck aiment poser leur chevalet côte à côte, en plein vent, face au soleil, et presser le tube de couleur sur la toile. Marquet suit Matisse de près et l’accompagne souvent en extérieur. A partir de 1905, les séjours estivaux dans le sud joueront également un rôle fondamental dans le développement du fauvisme, notamment dans le rapport à la couleur.
Jean LEYMARIE, Le fauvisme, Genève, Skira, 1987.
Renata NEGRI, S. VENTURI, Van Dongen et les Fauves, Paris, CELI, 1990.
Louis VAUXCELLES, Le fauvisme, Paris, éditions Olbia, 1999 Catalogue de l’exposition Le Fauvisme ou l’épreuve du feu, Paris, Musée d’art moderne de la ville de Paris, du 29 octobre 1999 au 27 février 2000.
Cécile PICHON-BONIN, « Portraits de Fauves », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/portraits-fauves
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