Aller au contenu principal
Les Affiches à Trouville

Les Affiches à Trouville

La Rue pavoisée

La Rue pavoisée

Les Affiches à Trouville

Les Affiches à Trouville

Date de création : 1906

Date représentée : 1906

H. : 65 cm

L. : 81 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat

Lien vers l'image

AM 3417 P - 50-000073-01

Dufy et la représentation de la rue

Date de publication : Décembre 2007

Auteur : Cécile PICHON-BONIN

La Normandie à la Belle époque

Le développement de l’urbanisation, conséquence de l’industrialisation qui s’incarne à Paris dans les projets du baron Haussmann, touche également la Normandie. Si les stations balnéaires, comme Trouville, sont à la mode depuis le début ou le milieu du XIXe siècle pour leurs bains de mer, ces lieux de villégiatures poursuivent leur essor à la Belle époque. La période 1850-1914 constitue ainsi l'âge d'or du Havre ; le commerce explose et la ville s'embellit de constructions édilitaires (grands boulevards, hôtel-de-ville, palais de justice, nouvelle bourse). En outre, même si la Normandie appartient aux régions les plus opposées au développement de la publicité et de l’affiche, elle n’échappe pas aux conséquences de la loi du 29 juillet 1881, qui promulgue la liberté d’affichage. Les sociétés d’affichage qui se répandent exploitent murs, panneaux et palissades, emploient des ouvriers qui couvrent la ville d’affiches en pose libre ou en conservation. Cette nouvelle organisation engendre une standardisation des formats.

Une rue bigarrée

Dufy (né au Havre) retient de la rue sa dimension festive et animée, élément constitutif de sa modernité : le chatoiement coloré des affiches et des drapeaux, la foule bigarrée grouillant, l’agitation d’un 14 juillet (devenu jour de fête nationale en 1880). Depuis 1904, Dufy passe ses étés en Normandie, où il peint notamment aux côtés de Marquet. L’année suivant sa découverte du fauvisme, au moment du plein épanouissement du mouvement, Dufy retrouve une nouvelle fois Marquet sur la côte normande. Ensemble, ils peignent les mêmes sujets, tels que la palissade d’affiches à Trouville ou les rues pavoisées du 14 juillet au Havre.
Dans Affiches à Trouville, Dufy propose une vue chamarrée de la rue dans laquelle les affiches comme les architectures sont exprimées par des aplats de couleurs vives et des formes rectangulaires simplifiées. La frontière entre les deux objets se brouille. La couleur, indépendante du motif, génère l’espace et la lumière. La vie et le dynamisme de cette œuvre proviennent d’une série de contrastes : contraste entre le ciel gris et les couleurs vives (principalement primaires) des affiches et des bâtiments, contraste entre les rectangles et les lignes obliques des supports publicitaires d’une part, et les silhouettes tout en courbes des passants d’autre part. S’ajoute à cela le point de vue dynamique, non frontal.
La rue pavoisée propose également un travail sur l’aplat et la couleur vive qui organise l’ensemble de la toile. La vue en plongée sur la rue accentue le caractère animé du tableau. L’éclat de la couleur transporte dans une atmosphère de fête plus que dans un espace construit et cohérent.

Dufy, la rue et le fauvisme

Les toiles normandes de l’été 1906 comptent parmi les plus vives peintes alors. Elles constituent un tournant décisif dans l’œuvre de l’artiste, qui passe avec elles de l’imitation à la transposition. Dufy se dégage alors de l’impressionnisme. Il peint en effet le thème de la rue pavoisée, cher à Monet, sans s’attacher à l’observation des effets atmosphériques. Il organise ses toiles à partir d’aplats (inspirés notamment de Gauguin) et de couleurs vives, qui créent l’espace et rendent la lumière. Dufy écrit ainsi : « Quand je parle de la couleur, je ne parle pas des couleurs de la nature, mais des couleurs de peinture, les couleurs de notre palette qui sont les mots dont nous formons notre langage de peintre (…). Je fais de la couleur l’élément créateur de la lumière, la couleur à mes yeux n’étant que génératrice de lumière ». Ainsi, la rue, par sa modernité colorée et animée, inspire ainsi à Dufy nombre de ses expériences fauves.

Le Fauvisme ou l’épreuve du feu, Catalogue de l’exposition, Paris, Musée d’art moderne de la ville de Paris, du 29 octobre 1999 au 27 février 2000.

Marie-Emmanuelle CHESSEL, La publicité, Naissance d’une profession, 1900-1940 Paris, CNRS Editions, 2002.

Jean LEYMARIE, Le fauvisme, Genève, Skira, 1987.

Renata NEGRI et S.VENTURI, Van Dongen et les Fauves, Paris, CELI, 1990.

Louis VAUXCELLES, Le fauvisme, Paris, éditions Olbia, 1999.

Fauves : Les Fauves sont les artistes qui, à leurs débuts, dans les dix premières années du XXe siècle, explorent dans leur peinture le potentiel expressif des couleurs pures sans se soucier d’imiter la nature. L’expression « Fauves » est apparue en 1905 sous la plume d’un critique, exaspéré par la liberté que ces artistes prennent quant aux conventions : l’association sauvage des couleurs, leur tonalité criarde, évoquent pour lui le rugissement d’un fauve. Les représentants les plus célèbres de ce courant baptisé aussi le fauvisme sont Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck.

Cécile PICHON-BONIN, « Dufy et la représentation de la rue », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 15/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/dufy-representation-rue

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Dufy et la représentation de la rue

Dufy et la représentation de la rue

La Normandie à la Belle époque

Le développement de l’urbanisation, conséquence de l’industrialisation qui s’incarne à Paris dans les projets du…

Dufy et la représentation de la rue
Dufy et la représentation de la rue
Le boulangisme et les autres tendances politiques

Le boulangisme et les autres tendances politiques

Le général Boulanger, né du « désir des masses » ?

La courte période boulangiste a été marquée par quelques coups d’éclat publics qui étaient la…

Le boulangisme et les autres tendances politiques
Le boulangisme et les autres tendances politiques
Le boulangisme et les autres tendances politiques
Le boulangisme et les autres tendances politiques
Fête de la Fédération, 14 juillet 1790

Fête de la Fédération, 14 juillet 1790

Une fête militaire pour l’ensemble de la nation

En 1790, l’Assemblée constituante décide d’organiser une grande « Fédération des troupes de ligne…

Le 14 juillet 1880 : la République et l’armée

Le 14 juillet 1880 : la République et l’armée

Le premier 14 juillet

Un an après l’élection du premier républicain à la présidence de la République, Jules Grévy, la loi du 6 juillet 1880 fait…

La fête de la Fédération

La fête de la Fédération

La genèse de la fête

Il s’agit de la fête la plus célèbre de la Révolution française. Fête emblématique, au point qu’aujourd’hui encore notre…

Le 14 juillet 1936

Le 14 juillet 1936

14 juillet 1936

14 juillet 1936, le Front populaire victorieux célèbre pour la première fois la fête nationale. Dans la matinée, comme de coutume…

Première fête nationale  du 14 juillet (1880), à Paris et à Angers

Première fête nationale du 14 juillet (1880), à Paris et à Angers

Instauration de la fête nationale

Devant le renforcement de la majorité républicaine aux élections de 1879, le royaliste Mac Mahon, découragé,…

Première fête nationale  du 14 juillet (1880), à Paris et à Angers
Première fête nationale  du 14 juillet (1880), à Paris et à Angers
Les Annamites dans la Grande Guerre

Les Annamites dans la Grande Guerre

Le Tonkin et la mère patrie

Après avoir débarqué à Da Nang, en 1858, les Français ont fondé la colonie de Cochinchine en 1865 et établi un…

Les Annamites dans la Grande Guerre
Les Annamites dans la Grande Guerre
Les Annamites dans la Grande Guerre
Les Annamites dans la Grande Guerre
La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789

La menace d’un complot aristocratique suite à la réunion des états généraux, la nouvelle du renvoi du ministre Necker, le 11 juillet, dénoncé par…

Le Front populaire en marche

Le Front populaire en marche

De la violence ouverte à l’affrontement symbolique

En février 1934, Paris renoue avec une violence de rue qu’on croyait disparue. Pendant…

Le Front populaire en marche
Le Front populaire en marche
Le Front populaire en marche