L'Oiseau blanc de Nungesser et Coli.
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée de l’Air et de l’Espace (Le Bourget)
site web
Date de création : 1927
Date représentée : 08 mai 1927
photographie
Domaine : Photographies
© Musée de l'Air et de l'Espace, Paris - Le Bourget - Agence Monde et Caméra
MC 19573
Les débuts de l'aviation : Nungesser et Coli
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Philippe GRAS
Traverser les mers fut une constante dans l’esprit des premiers aviateurs. Blériot franchit la Manche en 1909, Garros la Méditerranée en 1913. Il restait à vaincre la plus grande étendue, celle qui reliait les deux continents : l’océan Atlantique. Les deux hommes qui tentent pour la première fois l’exploit à bord de leur avion L’Oiseau blanc ont la trempe pour le faire. A 35 ans, Charles Nungesser, pilote durant la Première Guerre mondiale, a remporté quarante-cinq victoires en combat aérien. Célèbre pour son visage balafré autant que pour l’insigne à tête de mort qu’il portait sur chacun de ses avions, c’est un personnage haut en couleur. Son compagnon d’aventures, François Coli, également pilote de guerre en 1914-1918 puis de raids, porte, lui, un bandeau sur son œil droit crevé. Les deux hommes qui veulent être les vainqueurs de l’Atlantique vont partir à l’aube du 8 mai 1927.
Ce cliché montre les ultimes préparatifs de la tentative, cinq minutes environ avant le décollage. L’environnement est important : en 1927 l’aéroport du Bourget est un modeste terrain doté de quelques bâtiments et de hangars. Avec sa mauvaise piste en herbe, il s’apparente davantage à un champ d’aviation qu’à un aéroport au sens où nous l’entendons aujourd’hui. La foule de deux cents personnes rassemblée là pour le départ prouve l’intérêt de la population pour ces records gratuits.
L’avion est un biplan Levasseur P.L.8, entièrement blanc, dont les réservoirs et le poste de pilotage ont été spécialement modifiés. Equipé d’un moteur Lorraine de 450 chevaux, il emporte plus de quatre tonnes d’essence pour pouvoir voler durant les quarante heures de vol prévues. Pour gagner du poids, les pilotes ont fait des économies sur les radios, les équipements de survie et même sur le train d’atterrissage, qui, après le décollage, sera largué au-dessus de Sarcelles, non loin du Bourget.
L’avion porte toujours ses décorations militaires sur la dérive ainsi que la fameuse tête de mort, insigne personnel de Nungesser. On remarque que les deux pilotes sont déjà installés aux commandes, alors qu’un homme les aide à se sangler dans l’habitacle. Devant l’avion, un mécanicien présente la perche électrique qui doit lancer l’hélice. Le départ est donc imminent.
Seules quelques personnes ont été autorisées à assister de près au décollage de l’avion. Des soldats ont établi un cordon de protection autour des badauds. L’avion décolle lourdement à 5h21, escorté par quatre autres appareils jusqu’à Etretat. Abandonné alors par sa petite escorte au-dessus des falaises, L’Oiseau blanc s’engage seul au-dessus de la Manche.
Cette photo, une des dernières sinon la dernière de l’appareil et de son équipage mythique, prend toute son ampleur quand on sait que L’Oiseau blanc ne réapparaîtra jamais. L’épopée de Nungesser et Coli dépasse en suspense toute autre tentative. Le lendemain, 9 mai, des journaux américains annoncent la réussite du vol, nouvelle qui sera reprise par la presse française le 10. Pendant plusieurs jours on pense que Nungesser et Coli sont bien arrivés à New York. Finalement les rumeurs sont peu à peu démenties. Personne ne sait encore aujourd’hui où est L’Oiseau blanc. A l’heure actuelle, il reste le sujet de nombreuses légendes tant les témoignages concordent sur le passage d’un avion blanc tantôt au-dessus de Saint-Pierre-et-Miquelon, tantôt au-dessus de Terre-Neuve, et des équipes fouillent encore les lacs du nord des Etats-Unis.
La disparition de Nungesser et Coli, tout comme celle de Mermoz en 1936 puis celle de Saint-Exupery en 1944 dans des conditions similaires, fait entrer les deux hommes dans le cercle restreint des pilotes qui volent toujours quelque part au-dessus des mers.
Bernard MARK, Histoire de l’aviation Paris, Flammarion, 2001.Michel BENICHOU, Un siècle d’aviation en France Paris, Larivière, 2000.
Philippe GRAS, « Les débuts de l'aviation : Nungesser et Coli », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 26/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/debuts-aviation-nungesser-coli
Lien à été copié
Découvrez nos études
Chevaliers du ciel : les aviateurs, nouveaux héros de la Grande Guerre
Avec l’immobilisation de la guerre et l’apparition des tranchées, le manque d’héroïsme du conflit se fait sentir : les soldats, terrés dans la…
Ronald Hoskier, une légende de l'Escadrille Lafayette
Créée le 20 avril 1916, l’…
Les débuts de l'aviation : la traversée de la Manche
La traversée de la Manche entre dans le cadre des exploits des débuts de l’aviation, qui passionnent les foules. Depuis 1906-1907, les Parisiens…
Les Stukas, une arme nouvelle aux mains des nazis
Dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933, le réarmement de l’Allemagne est engagé. La constitution d’…
La bataille de Dunkerque
Du 20 mai au 3 juin 1940 se déroule la bataille de Dunkerque, appelée également Opération Dynamo, du nom de code que lui…
Rockwell, une légende de l’Escadrille Lafayette
L’escadrille La Fayette, composée de jeunes pilotes américains, combattants volontaires du côté français avant…
Costes et Bellonte, vainqueurs de l'Atlantique
De toutes les traversées aériennes, celle de Paris à New York apparaissait comme la plus difficile à vaincre, mais également la plus glorieuse…
Jules Védrines à bord de son Morane
Jules Védrines est un personnage à la fois inclassable et pourtant très caractéristique des débuts de l’aviation. Né à Saint-Denis en 1881, il…
Les Pêcheurs à la ligne
En août 1908, Wilbur Wright impressionne la France en réalisant un vol à bord d’un aéroplane…
Mémorial de l'Escadrille Lafayette
L’unité aéronautique N 124 ou escadrille La Fayette a été créée le 20 avril…
DECRE Bernard
Depuis 2008 l'Association La Recherche de l'Oiseau Blanc travaille sur ces recherches et en octobre 2011 découvre les documents américains à Washington, à la NARA, montrant que des débris de l'avion ont bien été pris par les coast-guards, ces preuves prouvent leur traversée et aussi leur disparition près de Saint Pierre et Miquelon le 9 mai 1927 vers midi dans le brouillard.
spotlostie62
Très intéressée par cette histoire , j'aimerais enfin connaître la vérité sur la disparition de l'avion et de ses occupants .... Tant de choses ont été écrites sur cet épisode dramatique de la conquête des airs par des pionniers qui prenaient des risques inimaginables à l'époque ...Lindbergh n'est sans doute pas le premier à avoir réussi la traversée de l'Atlantique mais lui a pu atterrir sans dommage alors que les deux français ont vraisemblablement échoué à quelques encablures de l'arrivée , hélas ! Quand saura t-on pourquoi et comment cela s'est passé ? Et l'endroit précis où se trouvent l'avion et son équipage , si toutefois , il en reste quelques traces exploitables ?
Dominique ROUCHON || Correction à l'Analyse de l'Image
Au chapitre "Analyse des Images", vous écrivez: "l'avion porte toujours ses décorations militaires sur la dérive ainsi que la fameuse tête de mort, insigne personnel de Nungesser.".
J'ai beau chercher, je ne vois pas de tête de mort sur la photo que vous présentez.
Un peu plus loin: "On remarque que les deux pilotes sont déjà installés".
Il y a un seul pilote, Charles Nungesser, François Coli, ancien capitaine au long cours est le navigateur. Je verrai donc plutôt "aviateurs" à la place de "pilotes".
Petit détail technique: "un mécanicien présente la perche électrique qui doit lancer l’hélice."
Ce démarreur d'aérodrome est un modèle ODIER qui fonctionne à l'acide carbonique. Il n'y a absolument rien d'électrique dans son fonctionnement.
Cordialement
D.R.
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel