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Cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques des handicapés à Jérusalem

Cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques des handicapés à Jérusalem

Ludwig Guttmann remet une médaille à l'Australien Tony South aux Jeux paralympiques

Ludwig Guttmann remet une médaille à l'Australien Tony South aux Jeux paralympiques

Cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques des handicapés à Jérusalem

Cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques des handicapés à Jérusalem

Date de création : 4 novembre 1968

Date représentée : 4 novembre 1968

Domaine : Photographies

© Dan Hadani © CC0 Bibliothèque nationale d'Israël

Lien vers l'image

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  • Cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques des handicapés à Jérusalem

Ludwig Guttmann et les Jeux Paralympiques

Date de publication : Juin 2024

Auteur : Sylvain FEREZ

Les Jeux pour paralysés de Tel-Aviv 1968

En 1948, le jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres, une compétition de tir à l’arc est organisée à l’hôpital de Stoke Mandeville (village proche d’Aylesbury, à une soixantaine de kilomètres de la capitale anglaise) pour les patients en rééducation suite à une blessure médullaire (1). Dans les années 1950, les « Jeux de Stoke » intègrent d’autres épreuves et s’internationalisent. Alors qu’ils ont été pour la première fois délocalisés sur les sites olympiques de Rome en 1960, puis de Tokyo en 1964, en 1966, le gouvernement mexicain fait savoir qu’il n’est pas en mesure d’accueillir ces Jeux à Mexico en 1968, faute d’infrastructures accessibles.

Le Dr Ludwig Guttmann, fondateur de l’événement en 1948 et à la tête de l’International Stoke Mandeville Games Committee (I.S.M.G.C.), reçoit alors la proposition du gouvernement israélien et de l’association israélienne pour les enfants handicapés ILAN (2) d’organiser les Jeux à Ramat Gan, proche de Tel-Aviv, dans le cadre des festivités du vingtième anniversaire de la création de l’État d’Israël.

Les deux clichés photographiques concernent ces Jeux para-olympiques de Tel-Aviv 1968. Le premier a été a été pris par le photographe israélien Dan Hadani lors de la cérémonie d’ouverture du 4 novembre, au moment du défilé des athlètes. Le second, propriété du Comité paralympique australien, représente le podium de l’épreuve Albion de tir à l’arc pour hommes (3) . On y voit le vainqueur de l’épreuve, Tony South (Australie), recevoir la médaille d’or des mains de Guttmann, au côté du Néerlandais Popkema (médaille d’argent) et de l’Américain Klemens (médaille de bronze).

Une volonté de rattachement aux symboles olympiques

Les deux images marquent un désir de rattachement aux symboles de l’olympisme. Elles portent ainsi le regard sur deux temps fortement ritualisés, qui attestent d’une volonté de mimétisme à l’égard de l’institution olympique : le défilé des athlètes et la cérémonie de remise des médailles.

D’un côté, le défilé, qui concerne 750 participants venant de 29 pays, a lieu sur la piste d’athlétisme du stade universitaire de Jérusalem (université Hebrew) en présence du premier ministre israélien Yigal Allon et de près de dix mille spectateurs. L’arrière-plan d’une enceinte sportive bien garnie tranche avec les images antérieures des Jeux de Stoke, dans l’univers hospitalier, sur fond de bâtiments en brique et autres baraquements.

De l’autre côté, le podium et la médaille d’or incarnent le rêve d’accomplissement olympique. Ils offrent les principaux éléments du décor de la rencontre et du contact (par une poignée de mains) entre deux figures emblématiques, celle du champion placé sur la plus haute marche du podium et celle du fondateur visionnaire, Guttmann, présenté comme « le De Coubertin des Paralysés » par le pape Jean XXIII à Rome en 1960. Les deux images viennent finalement renforcer la ritualisation propre à la réappropriation du cérémonial olympique. Elles contribuent ainsi à ancrer les Jeux pour paralysés dans l’imaginaire olympique, alors même que ces derniers n’ont pas pu être organisés sur le site de Mexico en cette année 1968.

Quelques signes de l’origine de ces Jeux subsistent toutefois, moins directement perceptibles. Les dirigeants, debout, représentent les institutions médicale (avec Guttmann) et militaire à partir desquels les Jeux ont émergé après-guerre, dans le cadre d’une double logique rééducative et d’entraide qui appartiendra bientôt au passé.

De la rééducation des paralysées à la participation sportive de tous les handicaps

Ces Jeux pour paralysés sont, à cette époque, volontiers appelés « para-olympiques ». C’est que, comme le montrent les images, ils ne s’adressent qu’aux sportifs en fauteuil roulant. Il faut dire que le Dr Ludwig Guttmann, leur fondateur, est un neurochirurgien très réputé qui a mis au point les méthodes de rééducation modernes pour les blessés de la colonne vertébrale depuis l’hôpital militaire de Stoke Mandeville.

Allemand d’origine juive, il a fui le nazisme en 1939 pour s’installer en Grande-Bretagne, où le gouvernement britannique lui a demandé de créer un Centre national des blessures médullaires (National Spinal Injuries Center) en 1944. C’est à partir de ce centre qu’il a créé les Jeux de Stoke, en 1948, le jour de l’ouverture des Jeux olympiques de Londres. Au regard de cette trajectoire biographique, on imagine le sens que peut prendre l’organisation des Jeux en Israël. On imagine aussi la réticence de Guttmann à voir l’événement ouvert à des non-paralysés et à une logique de sport de compétition.

In fine, les deux images informent très peu sur la réalité des pratiques. Elles manipulent des symboles. Le mimétisme à l’égard de l’olympisme trahit ici une aspiration profonde. Il faut attendre 1984 pour que le Comité International Olympique (C.I.O.) adopte le terme de « Jeux paralympiques ». En amont, à partir de 1976, les Jeux s’ouvrent à d’autres types de déficiences, les personnes amputées et avec déficience visuelle ouvrant la voie. Guttmann décède le 18 mars 1980. En 1989, à l’issue d’âpres négociations entre les fédérations internationales liées aux divers types de déficiences, le Comité Paralympique International est créé.

Depuis Séoul 1988, Jeux olympiques et paralympiques sont de nouveau organisés par une même ville hôte.

Steve BAILEY, Athlete First. A History of the Paralympic Movement, John Wiley & Sons, Chichester, 2008.

Florence FABERON (dir.), Pratiques, performance sportive et handicap, UCA Handicap et citoyenneté, Clermont-Ferrand, 2021.

Susan GOODMAN, The Spirit of Stoke Mandeville: The Story of Sir Ludwig Guttmann, William Collins, Londres, 1986.

Sébastien RUFFIÉ et Sylvain FEREZ (dir.), Corps, Sport, Handicaps. L’institutionnalisation du mouvement handisport (1954-2008), Téraèdre, Paris, 2013.

Collectif : Olympisme. Une histoire du monde, des premiers Jeux olympiques d'Athènes 1896 aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, catalogue de l'exposition au Palais de la Porte Dorée, Editions de La Martinière, Paris, 2024.

1 - Médullaire :  qui concerne la moëlle épinière ou la moëlle osseuse.

2 - Ilan : fondation sraëlienne pour les enfants handicapés handicaps neuromusculaires.

3 - Programme des Jeux : il comporte neuf autres disciplines : athlétisme, basket-ball, escrime, natation, tennis de table, haltérophilie, jeu de fléchettes, jeu de boules (lawn bowls) et billard (snooker).

Sylvain FEREZ, « Ludwig Guttmann et les Jeux Paralympiques », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/ludwig-guttmann-jeux-paralympiques

 À découvrir : l’histoire des Jeux Paralympiques sur le site de Paris 2024

En partenariat avec le site de la Route Culturelle Européenne du Sport (ECROS)

 

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