Annexion de la Savoie et du Comté de Nice
Défilé des populations devant Leurs Majestés, sur la place du Château
Guiseppe Garibaldi
Annexion de la Savoie et du Comté de Nice
Auteur : LAGRANGE Jean
Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web
Date représentée : 12 juin 1860
H. : 7,3 cm
L. : 7,3 cm
Médaille uniface en bronze, frappée.
Domaine : Objets
© GrandPalaisRmn (musée d'Orsay) / Tony Querrec
MEDOR 757 - 12-535227
1860 : Réunion de Nice et de la Savoie à la France
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Guillaume NICOUD
Un royaume en Italie du Nord et centrale contre Nice et la Savoie à la France
Alors que le roi de Sardaigne Victor-Emmanuel II de Savoie (1820-1878) et Camille Bens de Cavour (1810-1861), son Premier ministre depuis 1851, tentent d’unifier l’Italie du Nord (Risorgimento) au profit de la Maison de Savoie, l’attentat du révolutionnaire italien Orsini contre Napoléon III en janvier 1858 décide l’empereur français à se rallier à leur cause. Lors de l’entrevue de Plombières en juillet, Cavour lui promet le comté de Nice et le duché de Savoie contre son aide militaire.
Après les batailles sanglantes de Magenta et de Solferino contre les Autrichiens en juin 1859, Napoléon III signe unilatéralement en juillet un armistice semi-victorieux à Villafranca : le royaume de Sardaigne ne s’agrandit que du Milanais, Cavour doit démissionner, et la question de Nice et de la Savoie reste en suspens.
Au printemps 1860, suite aux soulèvements qu’y encourage Turin (capitale des États de Sardaigne), les principautés de Modène, de Parme et de Florence sont à leur tour intégrées au royaume après consultation de leurs populations par référendum. Par le traité de Turin du 24 mars, Paris accepte cette expansion territoriale sarde en échange de Nice et de la Savoie. Consultées elles aussi par plébiscite en avril, les populations votent à une large majorité pour leur rattachement à la France.
La dernière grande expansion territoriale française
Pour la Monnaie de Paris, le rattachement de Nice et de la Savoie à la France est digne d’inspirer une médaille commémorative, la première du Second Empire à être confiée à Jean Lagrange. Sous le titre Annexion de la Savoie et du Comté de Nice à la France, le graveur représente au centre de la composition une allégorie de l’Empire français assise sur son trône. Celle-ci a les mains posées sur les épaules de deux figures féminines debout devant elle : Nice à droite, identifiable à ses attributs maritimes, et la Savoie à gauche, reconnaissable à son blason frappé de la croix de Savoie et au paysage rocheux figuré derrière elle. Entre les deux allégories des provinces se trouve une urne dans laquelle la Savoie est en train de glisser un bulletin de vote.
Le voyage du couple impérial dans le sud-est de la France durant l’été 1860 (qui se poursuit jusqu’en Algérie), avec étape en Savoie et à Nice en août et septembre, peut être considéré comme la remise allégorique des nouveaux territoires à l’empereur par leurs populations. La gravure Séjour à Chambéry - Défilé des populations devant Leurs Majestés, sur la place du Château a été exécutée par Édouard Riou et Louis Tazzini d’après un croquis brossé par M. Moullin le 17 août. Le Monde Illustré, hebdomadaire qui privilégie l’image, la publie le 8 septembre sur une pleine page. Elle est sommaire, mais traduit l’enthousiasme des délégations communales qui défilent sur la place pavoisée de l’ancien château des ducs de Savoie, devenu préfecture et palais impérial.
Né à Nice en 1807 (la ville faisait alors partie de l’Empire français), Garibaldi refuse le rattachement et se considère comme « un étranger dans sa propre patrie ». En 1856, quand Auguste Estienne, élève du baron Gros, réalise son portrait, il vit retiré sur l’île de Caprera. Mais le peintre le représente en héros de la cause italienne : le cadrage sur le visage lui permet d’exprimer le désir d’action de Garibaldi, et sa détermination se lit dans son regard. S’il porte un uniforme galonné de chef militaire, il est coiffé d’un mouchoir blanc comme un homme du peuple. Il tient comme un étendard le drapeau tricolore italien vert, blanc et rouge, symbole de ralliement à la cause de l’unité italienne.
Unités territoriales autour des Alpes
De 1859 à 1860, alors que le sort commun de Nice et de la Savoie n’est pas entièrement décidé, un climat d’instabilité s’installe dans ces provinces car les populations sont partagées.
En mars 1860, Garibaldi est élu représentant niçois au parlement de Turin et s’oppose ouvertement à la réunion, comme la plupart des députés savoyards conservateurs. Mais Victor-Emmanuel II délie alors ses sujets niçois et savoyards de leurs serments et les invite à choisir le rattachement à la France. Cette perspective suscite, surtout en Savoie, résignation ou espoir d’un rapide développement économique et social.
Les habitants du comté de Nice votent les premiers, les 15 et 16 avril, et à 83,82 % pour l’adhésion. Ceux du duché de Savoie s’expriment les 21 et 22 avril suivants pour le rattachement de manière tout aussi écrasante : 130 533 oui, 235 non, 34 bulletins nuls et 5 000 abstentions. Le 12 juin, la réunion est approuvée unanimement par le Sénat impérial.
Durant l’été, les populations manifestent à nouveau leur enthousiasme lors de la visite du couple impérial dans ces anciennes provinces sardes devenues les départements de Savoie, de Haute-Savoie et des Alpes-Maritimes.
De l’autre côté de la barrière naturelle que constitue la chaîne alpine, dont la ligne de crêtes forme dorénavant la frontière franco-italienne, l’unité de la péninsule se poursuit. Dès avril 1860, Garibaldi se détourne de Nice pour tenter de conquérir le royaume des Deux-Siciles avec « l’expédition des Mille ».
Paul GUICHONNET (dir.), Nouvelle histoire de la Savoie, Toulouse, Éd. Privat, 1996.
Jérôme GRÉVY, Garibaldi, Paris, Presses de Sciences-Po, 2001.
Jean GUIBAL et Pascal KOBER (dir.), 1860-2010, Chroniques d’un attachement, n° 47 de la revue L’Alpe, Éd. Glénat-Musée dauphinois, 2010.
Guillaume NICOUD, « 1860 : Réunion de Nice et de la Savoie à la France », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/1860-reunion-nice-savoie-france
Lien à été copié
Découvrez nos études
L'Année terrible
1860 : Réunion de Nice et de la Savoie à la France
Alors que le roi de Sardaigne Victor-Emmanuel II de Savoie (1820-…
Plus jamais ça !
La Grande Guerre, par sa durée insupportable, l’extension et la multiplication de ses fronts, l’expérience des tranchées et…
Le boulangisme et les autres tendances politiques
La courte période boulangiste a été marquée par quelques coups d’éclat publics qui étaient la…
Le compositeur Cherubini et la Muse de la poésie lyrique
Compositeur italien né en 1760, Cherubini s’établit à Paris en 1788 et se fait naturaliser français. Il traverse les gouvernements : porte-parole…
Le culte révolutionnaire de la raison en l'an II
Dans l’histoire française, la « déchristianisation » entreprise à partir de brumaire an II (novembre 1793)…
La France au service de l'unité italienne
Après les révolutions de 1848, l’Italie a retrouvé le régime de 1815 : d’un côté des petites souverainetés despotiques sans aucun lien confédéral…
L’Apothéose d’Henri IV et la proclamation de la régence de Marie de Médicis
Dans le programme préparatoire aux travaux de la galerie de Médicis, négocié en 1622 entre le célèbre…
Henri IV et la paix
Depuis 1562 la France est plongée dans des guerres de religion. La mort de François duc d’Anjou en 1584, dernier frère d’Henri III lui-même sans…
La France, […], reçoit de Louis XVIII la Charte constitutionnelle
A la mort de Louis XVIII en 1824, son frère le comte d'Artois (1757-1836) accède au trône et porte jusqu’aux Trois Glorieuses le nom de Charles X…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel