Aller au contenu principal
Rosine Stolz.

Rosine Stolz.

Date représentée :

H. : 24,2 cm

L. : 16 cm

Epreuve sur papier salé.Entre 1854 et 1860.

Domaine : Photographies

© Musée d'Orsay, Dist Rmn / Patrice Schmidt

http://www.photo.rmn.fr

94-051696 / PHO1991-2-57

Rosine Stoltz

Date de publication : Novembre 2010

Auteur : Stella ROLLET

L’Opéra après le règne de sa favorite

Son statut de capitale culturelle de l’Europe n’empêche pas Paris, sous le Second Empire, d’avoir de plus en plus de mal à conserver les grands artistes étrangers. Ils se déplacent de plus en plus grâce aux progrès des transports. L’Opéra souffre de ce phénomène et profite, pour enrichir sa troupe ordinaire, du séjour d’artistes de passage parmi lesquels Rosine Stoltz. Cette dernière, de son vrai nom Victoire Noël, n’est pas une inconnue pour les amateurs d’art lyrique. Elle a régné sans partage sur l’Opéra comme sur le cœur de son directeur, Léon Pillet, pendant la seconde moitié de la monarchie de Juillet. Le parcours de cette Parisienne d’origine modeste – elle est fille de concierge – rappelle que la faveur du public pour les artistes étrangers peut pousser les Français à débuter leur carrière ailleurs et à s’inventer des origines exotiques. La photographie de la Stoltz par Nadar illustre les progrès rapides de cet art, la mise en question de son caractère artistique et la façon dont il supplante peu à peu la gravure et la lithographie. Ce cliché s’intègre en effet dans une série de portraits photographiques des artistes contemporains qui peut être rapprochée des galeries lithographiques des décennies précédentes.

Ressaisir la gloire du passé

Partie de Paris en 1847, la cantatrice y revient en 1854-1855 pour quelques représentations, et c’est probablement à l’occasion de ce séjour que Nadar l’a immortalisée. Son cliché donne une idée du caractère hautain de l’artiste qui, les yeux levés et le visage légèrement tourné vers la gauche, se présente de trois quarts. Sa coiffure et le châle dans lequel elle s’est drapée lui donnent l’air d’une Espagnole. Cette tenue, savamment étudiée, est certainement destinée à entretenir la légende qu’elle a construite autour de ses origines, puisqu’elle se disait d’ascendance noble et ibérique.

Une artiste énigmatique

La postérité a gardé davantage de souvenirs de la troupe des Italiens que de celle de l’Opéra dans les années 1840, Duprez excepté. La Stoltz a pourtant, pendant toute sa carrière, déchaîné les passions, celles des hommes, de la presse comme du public. Quand elle revient à l’Opéra en 1854, la cantatrice bénéficie encore de la renommée que ses talents de comédienne et la beauté de sa voix de contralto, particulièrement admirés dans son rôle de prédilection, Léonore de La Favorite, lui ont valu durant la décennie précédente. Très vite, cependant, le tableau s’assombrit en raison de sa vie privée scandaleuse et de son caractère. Maîtresse tyrannique du directeur de l’Opéra, elle impose sa volonté à tous, chanteurs et compositeurs, ce qui lui vaut d’être vilipendée par une partie certes minoritaire mais virulente de la presse. C’est à la suite d’une manifestation hostile du public de l’Opéra de Paris qu’elle décide de lui faire ses adieux et de poursuivre sa carrière à l’étranger et en province.

Gustave CHOUQUET, Histoire de la musique dramatique en France depuis ses origines jusqu’à nos jours, Paris, Firmin-Didot, 1873.

Étienne HUGNY, A Madame la comtesse de Ketschendorf (Rosina Stoltz).Feuilles errantes, essais poétiques, Paris, A. Lefrançois, 1870.

Jean-Louis TAMVACO, Les Cancans de l’Opéra, journal d’une habilleuse (1836-1848), Paris, C.N.R.S., 2000.

Stella ROLLET, « Rosine Stoltz », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/rosine-stoltz

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme

Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme

Une icône de beauté angélique

À la Belle Époque, sous l’influence du décadentisme et du symbolisme, hédonisme et spiritualité se côtoient :…

Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme
Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme
Cléo de Mérode, une icône entre Romantisme et Symbolisme
L’Opéra de Charles Garnier

L’Opéra de Charles Garnier

La construction du nouvel Opéra de Paris

Décidée en 1858 pour remédier à la vétusté et à l’incommodité de la salle de la rue Le Pelletier, la…

L’Opéra de Charles Garnier
L’Opéra de Charles Garnier
Féérie lunaire

Féérie lunaire

Chéret, Offenbach et la féérie parisienne

L’affiche créée par Jules Chéret (1836-1932) pour le spectacle mis en musique par Jacques…

Wagner et la France

Wagner et la France

Lorsque Richard Wagner meurt en pleine gloire en 1883, son œuvre rencontrait encore en France une vive hostilité. Dès les années 1850, Wagner…

Jacques Offenbach, le XIX<sup>e</sup> siècle en musique

Jacques Offenbach, le XIXe siècle en musique

Une trajectoire hors du commun

Lorsqu’il débarque à Paris en novembre 1833, à l’âge de quatorze ans, Jacques Offenbach est un petit immigré juif…

Jacques Offenbach, le XIX<sup>e</sup> siècle en musique
Jacques Offenbach, le XIX<sup>e</sup> siècle en musique
Jacques Offenbach, le XIX<sup>e</sup> siècle en musique
Paul Barroilhet

Paul Barroilhet

Le XIXe siècle, siècle des interprètes

Le XIXe siècle est celui de l’opéra, une sorte d’âge d’or au cours duquel l’art…

L'opéra inspire la réclame

L'opéra inspire la réclame

Stratégies de production et de commercialisation à l’ère industrielle

L’essor de l’industrie dans la seconde moitié du XIXe siècle va de pair avec…

Le Génie wagnérien

Le Génie wagnérien

Wagner : une aura existant contre le temps et les frontières

De toute évidence, Richard Wagner n’apprécie guère la peinture « qui le laisse…

Le Génie wagnérien
Le Génie wagnérien
Le Génie wagnérien
Le Génie wagnérien
Rosine Stoltz

Rosine Stoltz

L’Opéra après le règne de sa favorite

Son statut de capitale culturelle de l’Europe n’empêche pas Paris, sous le Second Empire, d’avoir de plus…

Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle

Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIXe siècle

Une carrière exceptionnelle

À la fin de 1857, quand il commande au peintre Jules Héreau six panneaux muraux retraçant sa vie afin de les placer…

Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle