Le drapeau tricolore.
Auteur : GEORGIN François
Lieu de conservation : musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem, Marseille)
site web
Date de création : 1830
Date représentée : 1830
H. : 66,8 cm
L. : 42,5 cm
Bois de fil colorié au pochoir sur papier vergé.Pellerin (éditeur), François Georgin (graveur).
Domaine : Estampes-Gravures
© Photo RMN - Grand Palais - J.-G. Berizzi
02CE10159 / 65.75.272
Le drapeau tricolore
Date de publication : mai 2005
Auteur : Frédéric MAGUET
Le 30 juillet 1830, au lendemain des Trois Glorieuses, Philippe d’Orléans accepte la lieutenance générale du royaume que lui propose un petit groupe de parlementaires (quarante-sept sur sept cents !). Il faut faire vite, la candidature orléaniste est poussée en avant par les libéraux (La Fayette, Thiers, Constant) et les milieux d’affaires (menés par Laffitte) pour battre en brèche tout à la fois un possible retour des Bourbons en la personne d’Henri V et une proclamation de la république que nombre d’insurgés de la veille, tenant quartiers à l’Hôtel de Ville, appellent de leurs vœux.
Louis-Philippe adopte le drapeau tricolore, qu’il présente ici surmonté du coq de drapeau réglementaire de la garde nationale, légèrement adapté pour porter les mentions « Liberté » et « Ordre public ».
La déclaration du futur roi-citoyen aux habitants de Paris, texte approuvé par Talleyrand, est le premier acte officiel qui met en scène les trois couleurs : « En rentrant dans la ville de Paris, je portais avec orgueil ces couleurs glorieuses que vous avez reprises, et que j’avais moi-même longtemps portées. » De fait, la livrée du prince est tricolore. L’image de Georgin, postérieure de quelques mois, porte en légende : « La France m’a confié ces glorieuses couleurs ; je saurai les défendre. » Les défendre contre quoi ? Contre le drapeau rouge, qui flottait au fronton de l’Hôtel de Ville et que La Fayette a fait enlever, contre le drapeau blanc, le drapeau de Charles X et de la restauration d’une monarchie de droit divin, dont les symboles ornent, à côté de la signature de Georgin, la pierre tombale qui repose sur le sol dépavé.
Le drapeau tricolore, « la livrée de la Liberté » de 1790 (Mirabeau), a flotté sur les barricades de Juillet, comme en témoigne à l’arrière-plan le peuple insurgé qui salue le fils de Philippe-Égalité. Lorsque, le 1er août, celui-ci fait apposer des affiches proclamant que la nation française est autorisée à reprendre le drapeau tricolore, la réaction de la commission municipale parisienne est immédiate : « La nation française a reconquis ses couleurs nationales et les a scellées de son sang et en vertu de sa pleine souveraineté. Il n’appartient à personne de les lui concéder pas plus que de les lui retirer. »
Les trois couleurs ont été bannies sous la Restauration, à tel point qu’un texte de 1817 interdit aux armateurs et capitaines de navires civils d’arborer comme marques de reconnaissance des pavillons rappelant « celui qui ne peut plus être aujourd’hui qu’un signe de rébellion ». La monarchie de Juillet entend faire œuvre de réconciliation nationale en reprenant un drapeau qui restera emblème national jusqu’à nos jours. Symbole de la liberté, le drapeau est donné solennellement au futur roi par La Fayette, le « Libérateur des deux Mondes » qui serait, à en croire ses Mémoires, à l’origine de sa conception.
Jean-Louis BORY, La Révolution de Juillet, Paris, Gallimard, 1972.Pierre CHARRIE, Drapeaux et étendards du XIXe siècle (1814-1880), Paris, Le Léopard d’or, 1992.Charles HACKS et le général LINARES, Histoire du drapeau français, Paris, Librairie Aristide Quillet, 1948.Michel PASTOUREAU, Bleu, histoire d’une couleur, Paris, Le Seuil, 2002.
Frédéric MAGUET, « Le drapeau tricolore », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 22/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/drapeau-tricolore
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