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Album des Pyrénées : quatre indiens, silhouettes.

Album des Pyrénées : quatre indiens, silhouettes.

Album des Pyrénées : cinq indiens.

Album des Pyrénées : cinq indiens.

Album des Pyrénées : trois indiens.

Album des Pyrénées : trois indiens.

Album des Pyrénées : quatre indiens, silhouettes.

Album des Pyrénées : quatre indiens, silhouettes.

Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web

Date de création : 1845

Date représentée :

H. : 11,5 cm

L. : 19,5 cm

Mine de plomb.

Domaine : Dessins

© Photo RMN - Grand Palais - G. Blot

http://www.photo.rmn.fr

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Delacroix et le musée indien de George Catlin

Date de publication : Février 2009

Auteur : Claire LE THOMAS

Le musée indien de George Catlin : une collection vivante

Lorsqu’il présente son musée indien à Paris en 1845, d’abord au Louvre puis dans la salle Valentino, rue du faubourg Saint Honoré, George Catlin rencontre un franc succès. Les visiteurs se pressent pour voir les objets qu’il a collectés et les peintures qu’il a réalisées entre 1831 et 1838 lors de ses expéditions chez les Amérindiens. La curiosité des Parisiens est surtout aiguisée par les autochtones qui accompagnent Catlin : pour animer son exposition, il a engagé une troupe d’Indiens Ojibwa puis Iowa qui dansent et chantent au milieu des œuvres et font ainsi office de « tableaux vivants ». De nombreux artistes romantiques se déplacent pour voir les toiles de Catlin, les artefacts, et assister aux représentations des Indiens d’Amérique, et parmi ceux-ci, Eugène Delacroix. Perçu comme le chef de file du romantisme, ce peintre reconnu, qui bénéfice de commandes officielles, réalise à cette occasion dans l’Album des Pyrénées de nombreux croquis qui attestent l’intérêt qu’il prit à cette visite.

La trace d’un événement

Les dessins conservés dans l’Album des Pyrénées sont des croquis pris sur le vif. Sur une même page, Delacroix juxtapose plusieurs dessins d’Amérindiens brossés à grands traits et réduits à des silhouettes. Le visage n’est en général pas représenté, ou à peine esquissé, comme les mains ou les pieds ; seuls quelques détails, comme les coiffes, les pagnes ou les armes, sont parfois traités plus finement parce qu’ils ont attiré l’attention du peintre. Ce qui intéresse Delacroix, c’est l’allure générale de ces Indiens d’Amérique : leur manière de s’asseoir en tailleur, de se tenir debout, de se draper dans leurs vêtements, de s’allonger… L’une des planches semble s’attacher à les dépeindre plus précisément au cours de leurs danses ; bras levés vers le ciel, corps légèrement arqué vers l’arrière ou courbé en avant, les personnages ont des attitudes plus dynamiques.

Cette série de croquis de Delacroix est typique de l’œuvre graphique de nombreux peintres : si les tableaux sont des reconstitutions en atelier d’une réalité imaginée, ils reposent sur un travail préparatoire où le dessin sur le motif tient une grande place. Pour peindre une toile, une fois son sujet défini, les artistes font poser en atelier des modèles, vont étudier les animaux dans les zoos, reproduisent les bâtiments ou les paysages réels qui les inspirent. Delacroix, pour ces dessins, n’avait sans doute pas de tableau précis en tête, il s’agissait plutôt pour lui d’accroître son répertoire de formes en assistant à un spectacle inédit – la présence de véritables Indiens d’Amérique à Paris n’était pas courante – et de garder la trace des impressions visuelles ressenties face à eux.

L’antiquité retrouvée

En se rendant au musée indien de Catlin avec l’intention d’y réaliser des croquis, Delacroix était donc porté par un intérêt particulier : celui de se constituer une réserve de dessins sur le vif d’Indiens d’Amérique qui pourraient lui servir ultérieurement. Il avait en effet déjà peint en 1835 une toile, Les Natchez, inspirée du roman éponyme de Chateaubriand, avec un sujet amérindien, et l’engouement français pour les Indiens d’Amérique de l’époque pouvait lui donner l’envie de continuer dans cette veine. Car c’est bien cet imaginaire amérindien qui transparaît dans les dessins de l’album dont le principal objectif plastique semble d’avoir été d’enregistrer les attitudes corporelles des Indiens d’Amérique. À l’instar des personnages orientaux qui peuplent un nombre important de ses toiles, Delacroix voyait dans la culture amérindienne une antiquité retrouvée où les individus, au contact d’un monde plus naturel, détenaient une noblesse et une beauté que ne possédaient plus les Occidentaux corrompus par une civilisation artificielle et décadente. Charles Baudelaire exprimait explicitement ce sentiment lorsqu’il écrivait : « Ces sauvages du Nord-Amérique, conduits par le peintre Catlin […] nous faisaient rêver à l’art de Phidias et aux grandeurs homériques. » Autrement dit, Delacroix voyait les indigènes américains à travers le mythe du « bon sauvage » qui présidait à l’appréhension de l’altérité amérindienne en France dans la première moitié du XIXe siècle. Ainsi, bien que peintre, Delacroix ne s’intéressa-t-il que peu aux toiles. Celles-ci pourtant, avec leurs couleurs rouges et vertes appuyées, auraient dû retenir l’attention de cet artiste qui attachait une importance considérable à la couleur et aux lois du contraste simultané. Trop naïves, inhabiles, peintes par un autodidacte, elles ne correspondaient pas aux attentes de Delacroix en matière d’art. Contrairement à d’autres artistes romantiques qui visitèrent le musée indien, tels Baudelaire, Champfleury, Théophile Gautier, Gérard de Nerval ou George Sand, il a été peu sensible aux peintures de Catlin ou à la culture amérindienne en tant que telles, ni avoir ressenti face à ces œuvres étrangères aux canons artistiques occidentaux l’universalité de l’art et du sentiment esthétique. L’intérêt limité dont Delacroix fit preuve lors de sa visite illustre bien l’écart qui le sépare alors de la nouvelle génération romantique. Bien que les jeunes artistes l’aient considéré comme le chef de file du romantisme pour son engagement dans le renouvellement de la peinture, il avait d’autres préoccupations qu’eux et, en conséquence, une autre sensibilité.

Charles BAUDELAIRE, Au-delà du Romantisme.Écrits sur l’art, Paris, Flammarion, 1998.Philippe DAGEN, Françoise HAMON (dirs.), Époque contemporaine, XIXe – XXe siècle, Paris, Flammarion, 1995.Daniel FABRE, Claude MACHEREL (dirs.), « Du Far West au Louvre : Le musée indien de George Catlin », Gradhiva, n° 3 nouvelle série, 2006.Dominique KALIFA, « Archéologie de l’ « apachisme » : barbares et Peaux-Rouges au XIXe siècle », in Crime et culture au XIXe siècle, Paris, Perrin, 2005, p.44-66.

Claire LE THOMAS, « Delacroix et le musée indien de George Catlin », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/delacroix-musee-indien-george-catlin

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