Le Temple de l'Amour
Auteur : GARNERAY Auguste
Lieu de conservation : musée national du château de Malmaison (Rueil-Malmaison)
site web
H. : 16,3 cm
L. : 24,3 cm
Aquarelle
Domaine : Dessins
© RMN - Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Franck Raux
M.M.40.47.7155 - 17-615706
Un jardin à l’anglaise : le domaine de Malmaison
Date de publication : Avril 2017
Auteur : Stéphane BLOND
Le domaine de l’impératrice
Cette aquarelle intitulée « Le Temple de l’Amour » s’insère dans une série de douze représentations du domaine de Malmaison. La signature de l’auteur est présente en bas à gauche, au revers d’une pierre : « Aug[us]te Garnerey ». Né à Paris en 1785, il est le fils de l’artiste peintre Jean-François Garnerey ou Garneray (1755-1837). Professeur de peinture, il est aussi le maître d’Hortense de Beauharnais (1783-1837), fille de Joséphine de Beauharnais (1763-1814), future épouse de Napoléon Bonaparte (1796) et impératrice des Français (1804-1809).<
La nature à l’anglaise
Non datée, cette aquarelle est forcément postérieure à l’année 1807 qui correspond à la date de construction du Temple de l’Amour. Cette représentation dresse un état des lieux du domaine après de nombreux aménagements opérés sous l’autorité de Joséphine. Passionnée par les roses, elle cède à la mode du style anglais qui se développe à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles. Ce style s’oppose aux jardins à la française marqués par une stricte géométrie de leurs formes et la volonté de diriger la nature. Cette aquarelle fait étalage d’une multitude d’espèces d’arbres et de fleurs, comme le gigantesque rhododendron que l’artiste place volontairement au centre de sa composition. La scène est déshumanisée, mais pas pour autant inanimée. De petites cascades d’eau, des cygnes et des canards participent à l’animation et à la quiétude des lieux.
Le tableau de Garneray, suggère que la nature est la maîtresse des lieux. L’aquarelle et les touches de couleurs aux teintes pastel participent à la démonstration d’une nature indomptée et exubérante. Le jardin ne guide pas le regard du visiteur dans une perspective prédéfinie, mais le regard est au contraire séduit par la variété des formes exposées, même si le jardin anglais fait aussi l’objet d’un long travail préparatoire et d’une construction abstraite.
Une nature débordante
Le cadrage qui décale volontairement le temple sur la gauche de la scène est une démarche supplémentaire de l’artiste pour concentrer son message sur la nature, la rivière, les arbres et les animaux. Cette approche participe donc à la symbolique des jardins anglais qui mêlent les belles formes et la nature débordante. L’ambiance générale fait également écho à la première période du romantisme qui s’oppose précisément au Classicisme et aux principes d’une rationalité trop affirmée.
Le Temple de l’Amour est édifié sur les plans de l’architecte Louis-Marin Berthault (1770-1823), architecte officiel de la Malmaison à partir de septembre 1805. Il participe à plusieurs réaménagements dans le parc, dont le tracé de cette rivière qui s’ouvre sur un paysage idyllique. Les six colonnes de marbre aux chapiteaux ioniques apparaissent également au second plan derrière les branches d’un arbre. La statue de l’Amour réalisée par le sculpteur Jean-Pierre-Antoine Tassaert (1727-1788) est seulement suggérée entre les colonnes, comme pour rejeter toute représentation se rapportant à l’Homme. Enfin, deux vases remplis de fleurs encadrent les degrés du temple qui n’est pas sans rappeler le modèle du Temple de l’Amour dans les jardins du Petit-Trianon à Versailles.
Jardins anglais, Londres, Phaidon, 2009.
Joséphine impératrice de la mode, Paris, Réunion des Musées nationaux, 2007.
Philippe PRÉVÔT, Histoire des jardins, Paris, Ulmer, 2016.
Stéphane BLOND, « Un jardin à l’anglaise : le domaine de Malmaison », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/jardin-anglaise-domaine-malmaison
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