
Louis XV sur le champ de bataille de Fontenoy. 11 mai 1745
Auteur : PHILIPPOTEAUX Henri-Félix-Emmanuel
Lieu de conservation : musée du Service de Santé des armées du Val-de-Grâce (Paris)
site web
Date représentée : 11 mai 1745
H. : 234 cm
L. : 348 cm
huile sur toile
© RMN - Grand Palais / agence Bulloz
09-537567 / MV 5551 ; Inv7189 ; LP4331
Louis XV sur le champ de bataille de Fontenoy
Date de publication : Décembre 2019
Auteur : Guillaume MAZEAU
Une monarchie en crise
Le Salon de 1840 intervient dans un moment de crise du régime. La défiance croissante vis-à-vis du roi Louis-Philippe alimente une peur continuelle des attentats et des complots. Depuis l’attentat spectaculaire commis par Fieschi en 1835, plusieurs tentatives ont été déjouées, mais l’étau semble se resserrer.
Depuis 1839, les débats sur la réforme du suffrage enflamment le royaume. Les pétitions et les campagnes de banquets politiques se multiplient, afin de demander l’élargissement du cens électoral. La gauche radicale renaît de ses cendres, de même que les légitimistes de l’Ouest : le fantôme des guerres civiles de 1793 fait douter de la propagande du régime, selon laquelle la monarchie de Juillet serait l’achèvement de la Révolution française.
À l’extérieur, ce n’est pas mieux : les conflits avec la Grande-Bretagne en Afrique du Nord, notamment en Égypte, réveillent le patriotisme et l’anglophobie des Français. Certains parlent même de laver l’humiliation de Waterloo et de restaurer les « frontières naturelles » perdues au traité de Vienne (1815).
En 1840, c’est à la fois l’autorité royale et l’image du royaume qui sont menacées.
De la peinture-bataille à la peinture de bataille
Contrairement aux peintres du XVIIIe siècle, et notamment au célèbre tableau de Pierre Lenfant, qui montrent Louis XV en plein combat, dans la tradition du siècle précédent, Philippoteaux arrête son regard sur le moment d’après.
C’est la nuit. Au milieu des décombres encore fumantes, le roi montre au jeune dauphin les corps amoncelés : les armes ont parlé. Le grand angle est remplacé par un cadre plus serré, donnant à la scène une atmosphère presque intime. Ni la figure royale, ni celle du maréchal de Saxe ne s’impose au centre de la composition. Focalisée sur le premier plan, peint en couleurs chaudes et nimbé de lumière, elle invite le regard à se déplacer du groupe royal vers les cadavres des soldats restés au sol. Les effets de clair-obscur, provoqués par la lumière de la lune et des torches, donnent à l’ensemble une dimension sensible et dramatique qui détourne les codes héroïques de la peinture de bataille classique.
Le roi de guerre : un modèle dépassé
Au XVIIIe siècle, les récits et tableaux officiels de la bataille de Fontenoy visaient à réhabiliter l’image ternie de Louis XV : lors de cet épisode clé de la guerre de succession d’Autriche, le roi et le dauphin sont présents sur le champ de bataille.
En 1840, par le détour de l’histoire, c’est une tout autre vision de la monarchie qui est ici suggérée. Louis XV n’est plus le roi en gloire du siècle passé. Son geste est empreint de gravité. Les drapeaux ennemis, si déchirés qu’ils ressemblent à de pâles trophées, la désolation du paysage de l’arrière-plan, les ravages du feu sur les corps désarticulés, l’arrogance d’aristocrates en dentelles, tout droit issus de l’imaginaire du XIXe siècle : rien n’est vraiment glorieux ici. La victoire a goût de sang.
Choisi en 1837 pour figurer dans la galerie des Batailles du musée du château de Versailles, consacré « à toutes les gloires de la France », La Bataille de Fontenoy d’Horace Vernet tient un propos bien plus classique : le roi y apparaît en majesté, dans une composition claire. Chez Philippoteaux, le doute s’installe : un bon prince ne saurait désormais manier la poudre de manière inconsidérée, sans quoi l’Ancien Régime serait de retour.
Guillaume MAZEAU, « Louis XV sur le champ de bataille de Fontenoy », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 03/12/2023. URL : histoire-image.org/etudes/louis-xv-champ-bataille-fontenoy
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