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Football

Football

Date de création : 1917-1918

H. : 48.50 cm

L. : 51 cm

Aquarelle sur papier collé sur carton

Domaine : Dessins

© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN - Grand Palais / Georges Meguerditchian

Lien vers l'image

AM 2577 D -  09-531464

Planète football

Date de publication : Juin 2021

Auteur : Alexandre SUMPF

Un sport qui gagne ses lettres de noblesse

L’aquarelle Football a été réalisée en 1917-1918 à Sitges (Espagne) par Robert Delaunay (1885-1941), dans le cadre d’un projet de décor de ballet avec Léonid Massine, directeur des Ballets russes, et le compositeur espagnol Manuel de Falla. Massine est fasciné par le mouvement du ballon et imagine pouvoir mettre en scène une chorégraphie autour de l’objet, rebondissant au milieu des danseurs. L’idée vient d’une rencontre avec Maurice Ravel et Igor Stravinsky en mai 1917 à Paris, elle trouve un début de réalisation avec quelques esquisses colorées signées Delaunay, mais le projet n’aboutit jamais. Le sport a déjà intéressé le peintre, auteur en 1913 de L’Équipe de football de Cardiff. Tout comme le tableau du Douanier Rousseau (1908), le titre est trompeur : cette dernière toile offre un aperçu encore statique d’un match de rugby, transposé dans un jardin à la luxuriance typique de Rousseau ; celle de Delaunay place la scène de lancer en touche sur fond de tour Eiffel, d’aéroplane et de grande-roue. C’est le futuriste italien Umberto Boccioni qui, la même année, saisit le Dynamisme d’un joueur de football, avant qu’André Lhote, en 1918, inscrive définitivement Les Footballeurs comme thème artistique légitime. Les soldats britanniques venus sur le continent depuis 1914 ont lancé une deuxième vague de conquête des sportifs amateurs après celle du tournant du siècle. À Ypres le 26 décembre 1914, Britanniques et Allemands ont même joué un match dans le No Man’s Land : le football est devenu un sport populaire et international.

Le ballet des corps

Dans cette version, l’aquarelle Football brosse le décor de scène du ballet ; deux versions intégrant les danseurs/joueurs font partie de collections privées. Delaunay travaille son motif récurrent du cercle multicolore dans un hommage évident à la forme du ballon de football, ici légèrement aplati comme s’il venait de rebondir et de subir une pression. La partie centrale comprend 13 cercles d’épaisseur à peu près équivalente, de teintes plus franches à l’intérieur d’un rectangle central qui fait sans doute référence au terrain de football. Ainsi l’on peut comprendre l’image comme celle d’un stade où les cercles plus pâles figureraient les spectateurs, ou plutôt les supporteurs vêtus des couleurs de leur équipe favorite. À l’intérieur du rectangle, on distingue 11 sphères (autant que le nombre de joueurs d'une équipe sur le terrain) elles-mêmes composées de deux à quatre cercles concentriques. Le mouvement est alors suggéré par la répartition aléatoire et les ondes que dégage l’action.

Jeu et mouvement

Massine rapporte le 23 mai 1917 dans son journal que selon Maurice Ravel, « les positions, les mouvements, le rythme et la virtuosité du sport, n’étaient pas difficiles à transformer en formes de ballet contemporain. J'étais également intéressé par l'image du ballon volant d'un groupe de danseurs à un autre, et j'ai convenu que ce sujet serait très approprié pour créer de nouveaux mouvements et combinaisons variés. » Quoique le football soit déjà un sport professionnel en Angleterre ou en Italie, et que la violence des supporteurs fasse déjà débat, les artistes de ce début du « court XXe siècle » (Eric Hobsbawm) y voient le lieu d’une nouvelle esthétique. Le modernisme cherche à rendre les impressions visuelles de la vitesse et l’apparition de codes de déplacement obéissant à des règles inédites. À intervalles réguliers, des artistes vont être à leur tour saisis par la chorégraphie des joueurs dirigée par le ballon – comme Marcel Gromaire en 1930, le réaliste socialiste soviétique Alexandre Deïneka, le constructiviste russe Alexandre Rodtchenko avec son photomontage de 1930 (Football politique) ou Nicolas de Staël à la fin des années 1940. Le terrain devient aussi une scène pour un certain nombre de fictions cinématographiques, de Harry the Footballer (Lewin Fitzhamon, 1911) à Zidane. Un portrait du XXIe s. (Douglas Gordon, 2006) en passant par la comédie Cinque a zero (Mario Bonnard, 1932), le drame L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty (Wim Wenders, 1979) et la satire À mort l’arbitre (Jean-Pierre Mocky, 1984). Phénomène social produit par l’industrialisation au XIXe siècle, le football devient un fait culturel majeur du XXe siècle.

Mickaël Correia, Une Histoire populaire du football, Paris, La Découverte, 2018.

Paul Dietschy, Histoire du football, Paris, Perrin, « Tempus », 2010.

Pascal Rousseau (dir.), Robert Delaunay, de l'impressionisme à l'abstraction, Paris, Centre Pompidou, 1999.

Fauves : Les Fauves sont les artistes qui, à leurs débuts, dans les dix premières années du XXe siècle, explorent dans leur peinture le potentiel expressif des couleurs pures sans se soucier d’imiter la nature. L’expression « Fauves » est apparue en 1905 sous la plume d’un critique, exaspéré par la liberté que ces artistes prennent quant aux conventions : l’association sauvage des couleurs, leur tonalité criarde, évoquent pour lui le rugissement d’un fauve. Les représentants les plus célèbres de ce courant baptisé aussi le fauvisme sont Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck.

Alexandre SUMPF, « Planète football », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/planete-football

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