Aller au contenu principal
Rose Valland, André Dézarrois et un gardien lors de l'accrochage ou du décrochage.

Rose Valland, André Dézarrois et un gardien lors de l'accrochage ou du décrochage.

Date de création : 1935

Date représentée : 1935

H. : 0

L. : 0

© Droits réservés / Archives des Musées nationaux

http://www.culture.gouv.fr/documentation/manuscrits/GUIDE-AMN-2011.pdf

AMN, 2HH65-3-II

Rose Valland à la veille de la Seconde Guerre mondiale

Date de publication : Mars 2014

Auteur : Emmanuelle POLACK

Une chargée de mission bénévole au musée du Jeu de Paume

En mai 1935, Rose Valland (1898-1980) seconde le conservateur André Dézarrois (1889-1979) en préparant minutieusement la grande exposition L’Art italien des XIXe et XXe siècles. Sur cette photographie anonyme, Rose Valland, André Dézarrois et un gardien posent lors de l’accrochage, ou du décrochage, de cet événement au musée du Jeu de paume. Cette présentation prolongeait la mémorable exposition L’Art italien de Cimabue à Tiepolo, organisée simultanément au Petit Palais.

Dotée d’un solide bagage de plasticienne et d’historienne de l’art, Rose Valland débute en 1932 une longue carrière au service des musées comme bénévole à la section des Écoles étrangères contemporaines, une annexe du musée du Luxembourg. Elle occupe l’ancien bâtiment du Jeu de paume de Paris, dans le jardin des Tuileries, qui est réaménagé à la fin de cette même année. Situé à l’avant-garde de l’art moderne, il multiplie alors les expositions, et sa politique d’acquisition lui fait gagner une notoriété certaine au cours de cette décennie.

La dernière exposition de l’avant-guerre au musée du Jeu de paume, qui met l’art de la Lettonie à l’honneur, vaudra à Rose Valland l’estime du président letton qui lui décerne en septembre 1939 la médaille de la Croix du Chevalier des trois étoiles de Lettonie.

L’exposition d’art italien au musée du Jeu de paume, mai-juillet 1935

Rose Valland fixe l’objectif avec beaucoup d’intensité en s’appuyant au socle de Il Puro folle, sculpture en bronze d’Adolfo Wildt (1868-1931), artiste originaire de Suisse. Derrière elle, à droite, on aperçoit une autre œuvre du même artiste, son autoportrait pour le moins tourmenté en marbre (1908), à gauche, couchée et peu visible, Lilia Nuda (1930), bronze de Bruno Innocenti (1906-1986) et, debout, Figura che cammina, grande sculpture en bois de Pericle Fazzini (1913-1971). Au centre de l’image, le conservateur du musée, André Dézarrois, retient et contemple L’Autoportrait au modèle de Felice Carena (1880-1966), dit aussi La Fenêtre (1930), tout en s’appuyant au buste en bronze de Stendhal par Antonio Maraini (1886-1963), artiste mais aussi homme politique fasciste et incontournable président du comité exécutif de l’exposition. Un gardien, contribuant à l’installation de l’exposition, tient quant à lui une œuvre de Felice Casorati (1883-1963), Jeunes filles endormies. De nombreuses autres peintures de l’exposition sont posées contre le mur. (Les étiquettes apposées au dos permettent de repérer des œuvres de Conti et Cerracchini.)

Une historienne de l’art liée au destin du musée du Jeu de paume

La maladie frappe le conservateur André Dézarrois, ce qui conduit Rose Valland à jouer un rôle de premier plan au sein du musée du Jeu de paume. Le 28 septembre 1938, Jacques Jaujard, sous-directeur des musées nationaux et de l’École du Louvre, lui confie le soin de prendre les dispositions nécessaires à la sécurité des collections et au bon fonctionnement du musée. Le 30 septembre 1938, en conséquence de la signature des accords de Munich, le projet d’évacuation des œuvres, initialement imaginé par Jaujard, s’interrompt.

Un an plus tard, suite à la déclaration de guerre à l’Allemagne, Rose Valland participera aux mesures de défense passive et aux ordres d’évacuation des collections du musée du Jeu de paume. Les pièces les plus précieuses de l’exposition permanente, soit un ensemble de 283 peintures parmi les plus significatives de l’école de Paris (Marc Chagall, Juan Gris, Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, Kees Van Dongen, etc.), sont rangées dans une vingtaine de caisses, transférées dans un premier temps au château de Chambord.

À l’automne 1940 s’installe au musée du Jeu de paume une organisation culturelle du parti nazi dirigée par l’idéologue du Reich, Alfred Rosenberg, dont la mission consiste à confisquer systématiquement les collections privées appartenant aux personnes d’origine juive. Pendant toute la période de l’Occupation, Rose Valland parvient à se maintenir à son poste, réussissant à soustraire au service Rosenberg (E.R.R.) les renseignements les plus précieux sur la localisation des œuvres emportées en Allemagne.

À la signature de l’armistice, Rose Valland intégrera l’état-major de la 1re armée du général de Lattre de Tassigny, se rendra en Allemagne afin d’y mener des enquêtes pour l’identification et le retour des biens culturels reconnus comme appartenant au patrimoine artistique français. Conjuguée à celle des Alliés, son action d’agent de liaison au sein de la Commission de récupération artistique permettra le retour d’environ 60 000 objets sur environ 100 000 transférés en Allemagne et en Autriche.

Corinne BOUCHOUX, Rose Valland, la Résistance au musée, La Crèche, Geste Éditions, 2006.

Rose VALLAND, Le Front de l’art, Paris, R.M.N. – Grand Palais, 1997, rééd. 2014.

Emmanuelle POLACK et Philippe DAGEN, Les Carnets de Rose Valland. Le pillage des collections privées d’œuvres d’art en France durant la Seconde Guerre mondiale, Lyon, Fage Éditions, 2011.

Emmanuelle POLACK, « Rose Valland à la veille de la Seconde Guerre mondiale », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/rose-valland-veille-seconde-guerre-mondiale

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

L’affiche rouge

L’affiche rouge

Une opération de propagande d’envergure

Constitué et organisé entre la fin de l’année 1942 et février 1943, le réseau Manouchian fait partie du…

Les « Malgré-eux » dans l’armée allemande

Les « Malgré-eux » dans l’armée allemande

Depuis la signature de l’armistice, le 22 juin 1940, la France vaincue est en partie occupée, mais le régime de l’Occupation varie d’un territoire…

Les « Malgré-eux » dans l’armée allemande
Les « Malgré-eux » dans l’armée allemande
Rouen en ruines

Rouen en ruines

Rouen sous les bombes

Hormis quelques pilonnages allemands en 1940, la ville de Rouen a essentiellement été la cible de l’aviation alliée. Déjà…

La bataille de Dunkerque

La bataille de Dunkerque

L’Opération Dynamo

Du 20 mai au 3 juin 1940 se déroule la bataille de Dunkerque, appelée également Opération Dynamo, du nom de code que lui…

La milice française

La milice française

La milice française et le régime de Vichy.

La Milice française est créée par le régime de Vichy le 20 janvier 1943. Constituée d’environ 30 000…

Dénoncer la collaboration

Dénoncer la collaboration

L’exposition « Kollaboration ».

Dans la ville de Tunis libérée en mai 1943, les membres de l’organisation Combat (le plus grand des huit…

Dénoncer la collaboration
Dénoncer la collaboration
Rose Valland à la veille de la Seconde Guerre mondiale

Rose Valland à la veille de la Seconde Guerre mondiale

Une chargée de mission bénévole au musée du Jeu de Paume

En mai 1935, Rose Valland (1898-1980) seconde le conservateur André Dézarrois (1889-1979…

15 mai &ndash; 31 juillet 1942 : l’exposition « Arno Breker » à Paris

15 mai – 31 juillet 1942 : l’exposition « Arno Breker » à Paris

La vie culturelle sous l’Occupation

Loin de cesser, la vie culturelle demeure relativement animée sous l’Occupation. Dans tout le pays et notamment…

Le Sabordage de la flotte française à Toulon

Le Sabordage de la flotte française à Toulon

Drôle de guerre

En cette fin d’année 1942, la Zone Sud (ou libre, ou non occupée) est une fiction qui a pris fin. Lorsqu’un photographe capte les…

Le Sabordage de la flotte française à Toulon
Le Sabordage de la flotte française à Toulon
La collaboration par le travail

La collaboration par le travail

Promouvoir le travail en Allemagne

Depuis 1940, et durant toute la guerre, de nombreux volontaires étrangers choisissent de partir travailler en…