Aller au contenu principal
Signature du Traité de paix le 28 juin 1919 dans la Galerie des Glaces

Signature du Traité de paix le 28 juin 1919 dans la Galerie des Glaces

Auteur : ORPEN William

Lieu de conservation : Imperial War musems
site web

Date de création : 1919

Date représentée : 28 juin 1919

H. : 152,4 cm

L. : 127 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© IWM Art.IWM ART 2856

Lien vers l'image

IWM ART 2856

La signature du traité de Versailles

Date de publication : Juin 2023

Auteur : François BOULOC

La signature du traité de Versailles

La signature du traité de Versailles

Faire la paix en 1919, une gageure

La conférence de la paix s’ouvre à Versailles le 18 janvier 1919. Deux mois après l’armistice, la question reste entière : comment pacifier l’Europe après un conflit aussi dévastateur ? Boiteux, le règlement des hostilités l’est assurément dès l’origine, car tous les pays entrés en guerre en 1914 ont la conviction de l’avoir faite pour de bonnes raisons. Comme la France, l’Allemagne estime avoir été attaquée. Les dispositions du traité instituant la responsabilité unilatérale de l’Allemagne dans le déclenchement du conflit ne pouvaient être acceptées outre-Rhin. Elle n’est d’ailleurs pas conviée à la table des négociations, procédé alors inédit dans l’histoire diplomatique. Des lignes de faille entre nations victorieuses sont également décelables, ce qui complique encore la situation. La paix prônée par le président américain, le démocrate Woodrow Wilson, s’oppose ainsi à la volonté d’écrasement de l’ennemi héréditaire prévalant côté français. Les Britanniques, fidèles de leur côté à leur souci pluriséculaire d’équilibre des puissances sur le continent, veillent sans relâche à empêcher la France d’obtenir des conditions trop favorables. Ces tensions pèsent lourd sur l’élaboration du traité, et son contenu final est paraphé le 28 juin 1919, cinq ans exactement après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo.

Le tableau de sir William Orpen, peintre accrédité par l’armée anglaise durant le conflit, est un peu l’image d’Épinal de l’événement, maintes fois reproduit dans les manuels scolaires. Sa limpidité immédiate – les plénipotentiaires allemands Müller et Bell signant la mort dans l’âme sous le regard dominateur de Wilson, Clemenceau et Lloyd George en face d’eux – n’est toutefois pas sans dissimuler quelques subtilités. Il semble en effet que, fortement marqué par son expérience de la vie des tranchées, Orpen ait voulu minimiser quelque peu la superbe du trio de dirigeants alliés tel qu’il apparaît. Orpen contrebalance la majesté des gouvernants victorieux en les écrasant sous les hauts plafonds de la galerie des Glaces, qui occupent les trois quarts supérieurs du tableau. Omniprésents, les miroirs n’ont rien à refléter : la salle est vide en face des signataires. Sommés de se battre, les peuples ne sont pas conviés au ballet diplomatique. Que l’artiste, sur ce point, ait pris la peine de reproduire l’inscription « Le Roy gouverne » en haut au centre dit bien le fond de ses interrogations. Dans une continuité directe, son tableau de 1923, To the Unknown British Soldier Killed in France, fera d’ailleurs l’objet d’une vive polémique. Il représentait, au départ, un cercueil enveloppé de l’Union Jack et flanqué de deux soldats à l’allure de spectres, gommés par la suite sous la pression des autorités anglaises. Précision : le lieu choisi par Orpen pour cette scène était aussi le château de Louis XIV…

Un jalon essentiel du XXe siècle européen

Ce traité de Versailles vole en éclats vingt ans et deux mois après sa signature, quand la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne d’Hitler. Le casus belli, l’invasion de la Pologne par Hitler, découle du texte de 1919 puisque celui-ci avait établi une Pologne indépendante. Mais « le refus des puissances victorieuses de réintégrer les perdants torpilla les maigres chances de paix » (Éric J. Hobsbawm, L’Âge des extrêmes, Bruxelles, Complexe, 1999, p. 60), tant les torts ne pouvaient, au sortir de la Grande Guerre, être endossés par les seuls Allemands. En réalité, le traité de Versailles ne satisfait pas grand monde dès sa signature. Certes, Clemenceau se réjouit de l’attitude de défaite des émissaires allemands : « Moins de superbe au jour de la signature, où les glaces du Grand Roi ne reflétaient plus que les feux follets des grosses lunettes rondes en couronnes de crânes administratifs, où la grimace du visage démentait les vagues gestes d’une courtoisie renfrognée. Un tragique silence. » (Georges Clemenceau, Grandeurs et misères d’une victoire, Paris, Plon, 1930, p. 343). Il n’empêche que les clauses dures du traité, les réparations notamment, ne seront mises en œuvre que très fragmentairement. Quant au projet wilsonien de Société des Nations, il est décrédibilisé par l’absence d’une force armée internationale, puis par le désaveu du Sénat américain en mars 1920. La création par les commissions du traité de paix de nouvelles entités nationales comme la Yougoslavie, loin de pacifier le continent, porte en elle les germes de conflits à venir. Le traité de Versailles apparaît ainsi comme un faux répit dans un siècle de guerres.

Jacques BAINVILLE, John Maynard KEYNES, Les conséquences politiques de la paix, Les conséquences économiques de la paix, Paris, Gallimard, coll. « Tel » (volume double), 2002.

Jean-Michel GAILLARD, « Versailles, 1919 : la paix des vainqueurs », L’Histoire, 232, Mai 1999, S. 76-85.

Georges-Henri SOUTOU, L’or et le sang. Les buts de guerre économiques de la Première Guerre mondiale, Paris, Fayard, 1989.

Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004. 

François BOULOC, « La signature du traité de Versailles », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 22/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/signature-traite-versailles

Anonyme (non vérifié)

[b][i][i][i][i][i][i][i][i][i][i][i][i][/i][/i][/i][/i][/i][/i][/i][/i][/i][/i][/i][/i][/b]sdfaifja

sam 21/05/2011 - 22:47 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Anton von Werner entre objectivité et patriotisme

Anton von Werner entre objectivité et patriotisme

Le témoignage d’un peintre allemand sur la France pendant la guerre de 1870

La guerre franco-prussienne de 1870-1871 a donné lieu à de très…

Berlin dans les années 30 : entre frénésie et chaos

Berlin dans les années 30 : entre frénésie et chaos

L’Allemagne en plein chaos

La Première Guerre mondiale et la défaite allemande ont eu d’importantes conséquences politiques et économiques. D’une…

Les Quatre nations vaincues

Les Quatre nations vaincues

La place des Victoires a une genèse singulière puisqu’elle est voulue par François, vicomte d’Aubusson, duc de la Feuillade (1625-1691), afin de…

Les Quatre nations vaincues
Les Quatre nations vaincues
Les Quatre nations vaincues
Dans les ruines de Berlin

Dans les ruines de Berlin

Berlin après la bataille.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Berlin est dévastée. Cible de raids aériens anglais depuis 1940,…

Dans les ruines de Berlin
Dans les ruines de Berlin
Dans les ruines de Berlin
Grandjouan, militant radical

Grandjouan, militant radical

Du militantisme radical au communisme

La IIIe République ancre les pratiques démocratiques en France mais est loin de satisfaire les…

Grandjouan, militant radical
Grandjouan, militant radical
Grandjouan, militant radical
La Révolte des tisserands

La Révolte des tisserands

Tensions sociales et création du SPD en Allemagne

L’Allemagne de la fin du XIXe siècle est marquée par un climat social et politique…

La Révolte des tisserands
La Révolte des tisserands
Enfants de la patrie

Enfants de la patrie

Merci pour notre enfance heureuse !

Lorsque les soldats de Hitler envahissent l’Union soviétique, le 22 juin 1941 (1), se font face deux empires…

La bataille de Berlin

La bataille de Berlin

Quand l’Armée Rouge prend Berlin.

Ultime combat mené contre la Wehrmacht, la Bataille de Berlin qui se déroule du 16 avril au 2 mai 1945 achève…

La bataille de Berlin
La bataille de Berlin
La bataille de Berlin
La Société du futur vue des années 20

La Société du futur vue des années 20

Metropolis une superproduction de la UFA

Au milieu des années 20, Erich Pommer, le directeur des studios de la UFA à Berlin, accorde au cinéaste…

Le Printemps des peuples en Allemagne

Le Printemps des peuples en Allemagne

La France, foyer de la révolution européenne

En mars 1848, le continent européen s’embrase à nouveau, de Vienne à Venise en passant par Prague et…