Hitler entouré de S.A. et d'une foule fascinée au Kasino des Braunen Hauses à Munich
Défilé d'Adolf Hitler à Nuremberg en 1938
Hitler entouré de S.A. et d'une foule fascinée au Kasino des Braunen Hauses à Munich
Auteur : HOFFMANN Heinrich
Lieu de conservation : Bildarchiv Preussischer Kulturbesitz (BPK, Berlin)
site web
Date de création : 1932
Date représentée : 1932
Photographie.
Domaine : Photographies
© BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Heinrich Hoffmann
04-505595
La propagande hitlérienne
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Charlotte DENOËL
L’arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne
Dans les années 1920 en Allemagne, le refus des conditions imposées par les vainqueurs lors du traité de Versailles, la crise financière et les liens entre la République de Weimar (1919-1933) et les milieux économiques ont suscité le mécontentement de la population et favorisé la montée de l’opposition, en particulier du parti ouvrier allemand national-socialiste (NSDAP) dirigé par Adolf Hitler (1889-1945), fils d’un douanier autrichien et soldat durant la Grande Guerre. Promettant une amélioration de leur situation aux classes ruinées par l’inflation et aux millions de chômeurs, il réussit à forger un parti de masse, flanqué d’organisations paramilitaires telles les sections d’assaut (S.A.) et prônant des valeurs nationalistes. Le NSDAP, qui en 1928 n’avait remporté que 3 % des suffrages, s’imposa progressivement à la faveur de la crise de 1929, grâce au soutien financier de quelques grands groupes industriels et à une alliance avec la droite traditionnelle. Devant le recul de son parti aux élections du 6 novembre 1932 au profit des communistes et des sociaux-démocrates, Hitler intrigua auprès de ses alliés pour s’emparer légalement du pouvoir. Le 30 janvier 1933, il fut nommé chancelier par le président Hindenburg. La période qui suit fut consacrée d’une part au renforcement du pouvoir personnel de Hitler, qui prit le double titre de chancelier et de président du Reich à la mort de Hindenburg le 2 août 1934, à la consolidation du nouveau régime à travers l’élimination des opposants, l’interdiction des autres partis politiques et la mise en place d’un Etat centralisé, et, d’autre part, à la reprise dès 1936 d’une militarisation du pays et d’une politique extérieure agressive.
L’embrigadement des masses
Conscient de la nécessité d’étendre les assises du parti nazi au sein de la population, Hitler n’hésita pas, dès les années qui précédèrent son accession au pouvoir, à mettre en œuvre une politique de propagande destinée à embrigader les masses et à leur inculquer l’idéologie nazie. Utilisant à cet effet les médias, il fit de l’image, et en particulier de la photographie, moyen d’expression accessible à tous, une arme d’une efficacité redoutable. Si les photographies étaient jusque-là chargées d’enregistrer une trace des événements le plus souvent à des fins politiques, elles se transformèrent avec Hitler en véritables monuments à la gloire d’un homme et d’une époque, donnant une image quasi mystique du chef et témoignant du caractère spectaculaire et grandiose des rassemblements organisés par le parti nazi. Une photographie de Heinrich Hoffmann (1885-1957), ami personnel et iconographe attitré de Hitler, montre ainsi ce dernier entouré d’une quarantaine de jeunes S.A. venus de toute l’Allemagne à la Maison brune de Munich, en 1932. Les militants sont rassemblés en une masse compacte qui dégringole vers Hitler, assis en retrait, mains posées sur une table jonchée des restes d’une collation. Leurs visages rayonnants et leurs yeux brillants fixés sur le Führer expriment avec force la fascination qu’ils ressentent envers lui. L’effet de contre-plongée et l’isolement du chef au premier plan, séparé des S.A. par la table, accentuent le caractère mystique de cette réunion. Par ailleurs, la légende qui accompagne cette image – « Comme leurs yeux brillent, lorsque le Führer est tout près d’eux ! » – est révélatrice du rôle fondamental qui est dévolu à la photographie : celle-ci doit être capable de communiquer à son tour aux masses l’exaltation qui animent ces jeunes S.A. Cette caractéristique se retrouve dans une seconde photographie qui représente Hitler salué par des organisations hitlériennes lors d’un congrès du parti nazi à Nuremberg, en novembre 1938. Des rangées de garçons et de filles aux visages enthousiastes, serrés les uns contre les autres, tendent comme un seul homme leur bras droit vers le Führer. Ici encore, le caractère spectaculaire de l’événement est renforcé par l’angle de vue : tous les regards convergent vers le chef qui se tient au premier plan, debout dans une Mercedes entourée d’une escorte. Au mouvement descendant de l’image correspond ainsi l’ascendant du Führer sur les foules, et notamment sur la jeunesse dont il exploitait les sentiments patriotiques. Prises à des dates différentes, ces deux photographies sont ainsi d’un grand intérêt pour apprécier le charisme et le magnétisme qui se dégageaient de la personne de Hitler à l’occasion des réunions privées comme des grands rassemblements. Chacun de ses mouvements, chaque mot de son discours, chaque mimique de son visage, étaient destinés à susciter une sorte de transe chez les individus lors de ses apparitions publiques triomphales, qui s’accompagnaient d’une « monstration » de sa personne devant les foules. Galvanisées par la vue et les paroles du chef, celles-ci acquéraient un sentiment de puissance et étaient atteintes par une sorte d’ivresse collective.
La construction d’un Etat totalitaire
L’arrivée au pouvoir de Hitler s’est accompagnée de la mise en place d’un appareil totalitaire et, en particulier, d’un renforcement de la propagande de masse dans laquelle la photographie jouait un rôle de premier plan. En témoignent la création, le 14 mars 1933, d’un ministère de l’Information et de la Propagande, placé sous la responsabilité de Goebbels, l’inauguration par ce dernier de la foire photographique de Berlin, « Die Kamera », le 4 novembre 1933, et la désignation d’un petit nombre de photographes officiels chargés de conférer une aura d’éternité aux traits du Führer ainsi qu’aux événements nationaux. Dès 1933, la photographie devint ainsi partie intégrante de l’information, au même titre que la presse, la radio ou les actualités cinématographiques. Son impact était d’autant plus grand qu’elle possédait une visibilité considérable depuis l’apparition du photojournalisme dans les années 1920 et l’inflation des images dans les journaux. De même que le contrôle de la vie artistique, le développement d’un appareil policier répressif ou la centralisation étatique, l’exploitation des moyens de communication de masse a par conséquent permis aux dirigeants nazis de construire un Etat totalitaire dans lequel tous les efforts étaient accomplis en vue d’instaurer le culte du chef et de forger un homme nouveau.
« L’Allemagne de Hitler, 1933-1945 »Paris, in L’Histoire , 1991.
Igor GOLOMSTOCK, L’Art totalitaire. Union soviétique – IIIe Reich – Italie fasciste – Chine, Paris, Ed. Carré, 1991.
Adelin GUYOT et Patrick RESTELLINI, L’Art nazi : un art de propagande, Bruxelles, Complexe, 1996.
Ian KERSHAW, Hitler, essai sur le charisme en politique, rééd.Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », 2001.
Eric MICHAUD, Un art de l’éternité, l’image et le temps du national-socialisme, Paris, Gallimard, 1996.
Pierre MILZA, Les Fascismes, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1991.
Pierre MILZA et Serge BERSTEIN, Dictionnaire historique des fascismes et du nazisme, Bruxelles, Complexe, 1992.
Charlotte DENOËL, « La propagande hitlérienne », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/propagande-hitlerienne
- La frise sur le cinéma au féminin (et notamment l’entrée sur Leni Riefenstahl en 1933) http://upopi.ciclic.fr/apprendre/l-histoire-des-images/histoire-du-cinema-au-feminin
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Merciiiii ! Vous m'avez sauvée .
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