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Cénotaphe élevé à la mémoire des morts de la Grande guerre sous l'Arc de Triomphe

Cénotaphe élevé à la mémoire des morts de la Grande guerre sous l'Arc de Triomphe

Cénotaphe élevé à la mémoire des morts de la Grande guerre près de l'Arc de Triomphe

Cénotaphe élevé à la mémoire des morts de la Grande guerre près de l'Arc de Triomphe

Cénotaphe élevé à la mémoire des morts de la Grande guerre sous l'Arc de Triomphe

Cénotaphe élevé à la mémoire des morts de la Grande guerre sous l'Arc de Triomphe

Date de création : 14 juillet 1919

Date représentée : 14 juillet 1919

H. : 23 cm

L. : 17,2 cm

Épreuve au gélatino-bromure d’argent.

Domaine : Photographies

CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Lien vers l'image

PH 30279

  • Cénotaphe élevé à la mémoire des morts de la Grande guerre sous l'Arc de Triomphe

Avant le Soldat inconnu

Date de publication : Décembre 2024

Auteur : Alexandre SUMPF

Une héca-tombe

Lorsque Charles Lansiaux réalise une série de clichés sur le cénotaphe élevé en l’honneur des morts de la Grande Guerre, le 14 juillet 1919, les derniers démobilisés sont en train de rentrer dans leurs foyers. Entre le 1er août 1914 et le 11 novembre 1918, au moins 1,398 million de soldats sous uniforme français (dont des coloniaux et des engagés volontaires dans la Légion étrangère) ont péri. Avec les Alliés qui défilent ce jour-là en passant sous l’Arc de Triomphe à Paris, le bilan se monte à 5,712 millions d’hommes. Et encore, il ne tient pas compte des vies écourtées, des santés brisées, des traumas infligés.

Le photographe Charles Lansiaux (1855-1939) a débuté comme autodidacte inventeur de procédés de prises de vue, et amateur éclairé remportant avant 1900 plusieurs concours. Il s’est installé à son compte en 1903, dans le 14e arrondissement, en se spécialisant dans la reproduction d’œuvres d’art, les clichés industriels et scientifiques, et enfin le paysage parisien. La capitale française est non seulement un sujet récurrent, et une institution mécène qui lui commande des séries sur tel ou tel aspect de la vie des Parisiens ou un inventaire des immeubles remarquables.

Le cercueil de toute une nation

Le cénotaphe photographié de près et de loin par Lansiaux consiste en un cercueil vide de forme monumentale. Le plan rapproché donne une idée de l’ampleur du geste accompli par la République, qui a commandité à l’architecte Antoine Sartorio cette tour en plâtre doré de 17,5 mètres de haut pesant 30 tonnes. Il est en voie de finition, comme le suggère l’échelle et les hommes en blouse blanche s’activant au pied de la statue – on trouve sans doute parmi eux ceux qui ont mis en œuvre le dessin de Sartorio, le décorateur-architecte Louis Süe et les peintre André Mare et Gustave Jaulmes.

Occupant presque tout l’espace de l’Arc de Triomphe, le cénotaphe se compose d’une tour à quatre pans droits ornés de déesses de la victoire, dans un goût antique indéfini. On peut lire sur le socle « Aux morts pour la patrie ». La foule des curieux et des journalistes se masse à ses pieds sous le regard d’au moins trois autres photographes, au premier plan.

Le plan éloigné a été pris le 14 juillet. En effet, le choix de l’angle de vue s’explique par la volonté de saisir toute la perspective des Champs-Élysées avec la double haie de soldats et les drapeaux des nations alliées. En outre, on constate que le cénotaphe a été déplacé pour permettre le passage des troupes sous l’Arc : il a été placé une dizaine de mètres en avant et légèrement décalé vers la droite.

Mémoire sélective

Le choix d’honorer publiquement les morts d’un conflit est aussi ancien que la guerre, ou presque. En général, l’armée ou les pouvoirs publics font le choix d’ériger des monuments sur les champs de bataille eux-mêmes ; après la défaite de 1870, des centaines de monuments aux morts résultent de l’initiative privée, occasionnant à chaque fois des fêtes de la Revanche.

La cérémonie du 14 juillet 1919, filmée in extenso à l’époque, se déroule pour la première fois de manière centralisée. Paris n’a pas été un véritable champ de bataille, même si la ville a été bombardée. Les cimetières militaires colonisent le nord et l’est du pays, culminant avec l’Ossuaire de Douamont et les restes de 130 000 soldats des deux armées. Si les cimetières voient souvent cohabiter les ennemis, œuvrant pour la paix, il en va autrement du cénotaphe que l’on installe initialement sous l’Arc élevé en l’honneur des victoires napoléoniennes entre 1806 et 1836. Ce cercueil n’honore que les morts français, pas les morts alliés. Il porte des déesses de la Victoire et des canons, dans une veine militariste qui ne va pas durer.

L’euphorie du Traité de Versailles du 28 juin 1919, qui a reconnu dans son article 231 l’Allemagne comme unique responsable de la guerre, va se dissiper avec l’essor du pacifisme ancien combattant. Cela n’empêche pas la consolidation du culte des morts de la Guerre avec la désignation le 11 novembre 1920 d’un Soldat inconnu, son inhumation sous l’Arc de Triomphe le 28 janvier 1921, et l’inauguration de la flamme éternelle le 11 novembre 1923. Depuis cette date, le Comité de la Flamme organise le ravivage tous les soirs à 18h30.

Des témoins et soldats racontent le Défilé de la Victoire, le 14 juillet 1919, une vidéo de France Culture, Culture Prime, 4mn50

 

Vincent Auzas, « Le 11 Novembre : une fête nationale pour la guerre (1918-1939) », in Laurent Jalabert et alii (éd.), La longue mémoire de la Grande Guerre, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2017, p. 89-108.

Rémi Dalisson, 11 Novembre. Du Souvenir à la Mémoire, Paris, Armand Colin, 2013.

Olga Lemagnen, Loin du champ de bataille. Charles Lansiaux, photographe à Paris durant la Grande Guerre, Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, 49/1,‎ 2019, p. 55-69.

Alexandre SUMPF, « Avant le Soldat inconnu », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/soldat-inconnu

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