Clôture de la Salle des Jacobins.
Société des Amis de la Constitution, 28 février 1791.
Grande séance aux Jacobins en janvier 1792.
Clôture de la Salle des Jacobins.
Lieu de conservation : Centre historique des Archives nationales (Paris)
site web
Date de création : 1794
Date représentée : 27 juillet 1794. Date révolutionnaire : 9 thermidor an II
H. : 13 cm
L. : 20,5 cm
Clôture de la Salle des Jacobins: dans la nuit du 27 au 28 juillet 1794, ou du 9 au 10 thermidor, an 2ème de la République/Dessiné et gravé par Couché filsEau-forte
Domaine : Estampes-Gravures
© Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie
AE/2/3014
Le club des Jacobins de Paris
Date de publication : Juillet 2005
Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS
La Société des amis de la Constitution à Paris
Dès mai 1789 à Versailles, des députés bretons aux états généraux se concertent avant les réunions. Autour de ces hommes intègres qui donnent l’exemple d’une bonne marche démocratique du pouvoir se crée une cohésion. En octobre 1789, le club breton se transporte à Paris, comme l’Assemblée qui, elle, suit le roi, forcé de quitter Versailles par la pression populaire. Le club loue des locaux rue Saint-Honoré, à proximité de l’Assemblée, qui siège à la salle du Manège des Tuileries, et s’installe ainsi dans le couvent des dominicains – dits « jacobins », car leur première maison parisienne était située rue Saint-Jacques.
En devenant « Société des amis de la Constitution », le groupe précise ses objectifs : soutenir la rédaction de la Constitution en préparant les questions à l’ordre du jour de l’Assemblée et assurer des rapports réguliers avec les sociétés affiliées en province. Les réunions qui ne sont pas publiques se déroulent, le soir, entre 18 heures et 22 heures, après les séances de l’Assemblée : le club devient un laboratoire politique. Les membres, dont plus de 1 100 sont connus, comptent 200 députés à la Constituante ; ils appartiennent à l’élite intellectuelle et libérale et à la bourgeoisie. Duport, Barnave, les frères Lameth et bientôt Robespierre donnent le ton des débats, ainsi que des non-députés comme Laclos. Il existe alors bien d’autres clubs, certains plus populaires, comme celui des cordeliers, et des clubs monarchistes, qui ne survivront pas longtemps. Après la fuite du roi en 1791, les tenants de la monarchie constitutionnelle font sécession pour fonder le Club des feuillants, dans un ancien couvent à proximité ; il disparaîtra après le 10 août 1792.
Les jacobins réagissent par une vigoureuse impulsion démocratique. Les séances deviennent publiques en octobre 1791. L’influence passe à Brissot, Pétion, Sieyès, Grégoire et surtout à Robespierre qui, par la puissance de ses discours, exerce bientôt une mainmise totale. À partir de l’été 1793, le réseau des clubs jacobins supplante tous les autres. Hiérarchisé depuis Paris, il exerce une hégémonie sur l’ensemble du territoire, à la fois instrument de surveillance, police politique et instrument de mobilisation de l’opinion. À la chute de Robespierre, le club est fermé, puis dissous le 22 brumaire an III (12 novembre 1794).
L’extérieur
Le couvent, situé rue Saint-Honoré, ouvre sur une large cour bordée de bâtiments conventuels. D’architecture fort simple, avec son maigre clocheton et sa façade plate, l’église est cependant vaste (55 mètres sur 25). Les devises révolutionnaires, le drapeau tricolore surmonté du bonnet rouge et l’arbre de la Liberté auquel étaient suspendus arrêts, décrets, cocardes et drapeaux, au rythme des événements, marquent sa fonction révolutionnaire.
L’intérieur - Séance dans la bibliothèque
Aménagée dans les combles de la chapelle, cette bibliothèque vaste et lumineuse, typique du XVIIe siècle, est louée aux religieux par la Société des amis de la Constitution de mars 1790 à mai 1791, en l’état : partout se voit encore le décor religieux du couvent. Dans la fenêtre de gauche, une figure en pied donne la taille des dix-huit portraits de dominicains célèbres qui décoraient les embrasures. Sous la belle voûte, une grande fresque orne le dessus de la porte : saint Thomas d’Aquin, assis sur une fontaine, diffuse à tous les ordres religieux une eau qui symbolise sa Somme théologique. Les 30 000 volumes de la bibliothèque se trouvent encore sur les murs, protégés par un treillage de bois. Dans le fond, un autel reste dressé ; de cet endroit les religieux du couvent assistent aux séances, en robes blanches et chapes de dominicains !
Des rangées de gradins ont été disposées tout autour, devant les rayonnages de livres. Une tribune pour la prise de parole, au milieu, fait face au fauteuil du président qui surplombe le bureau des secrétaires. Cette organisation rationalisée de la réunion s’aligne sur celle de l’Assemblée au Manège. La salle n’est éclairée que par un très petit nombre de lampes, ce qui « donne à l’ensemble un sombre aspect » qui a frappé les contemporains.
Le 28 février 1791, la séance des jacobins marque le terme d’une journée de fermentation révolutionnaire. Devant une salle comble et tendue, Mirabeau malade, s’oppose à la tribune au président Alexandre de Lameth, au cours d’une de ses dernières joutes oratoires[1].
Séance dans l’église
Les mêmes dispositions intérieures sont adoptées dans l’église, au rez-de-chaussée, où les jacobins, toujours plus nombreux et manquant de place, s’installent le 29 mai 1791. Cette caricature contre-révolutionnaire insiste comiquement sur l’importance du poêle dans cet environnement glauque et glacial. Robespierre y prend la parole plus de cent fois entre octobre 1791 et août 1792. À cette tribune se développe la phraséologie révolutionnaire de « vivre libre ou mourir ». Ce sera un formidable tremplin pour lancer des idées, « chauffer » l’opinion, expérimenter les tactiques de groupes de pression pour coordonner les votes à l’Assemblée. Celle-ci deviendra au cours des mois la chambre d’enregistrement des décisions prises à main levée au club.
Au fond, une des deux tribunes du public a été construite dans l’ancien chœur. La salle était ornée de plusieurs bustes, comme celui de Mirabeau.
Les séances s’y tiennent jusqu’à la fermeture du club, le 9 thermidor an II, à la chute de Robespierre. L’esprit des jacobins survit pourtant dans le Club du Panthéon fermé en ventôse an IV (mars 1796). La Constitution de l’an VIII met définitivement fin à l’existence des clubs.
En 1789, les clubs, qui rassemblent les citoyens indépendamment de l’ordre auquel ils se rattachaient sous l’Ancien Régime, expriment la nouvelle conception du corps social.
Pendant la Révolution, les réunions politiques se font dans d’anciens lieux de culte, souvent dans un environnement d’images pieuses et de signes religieux. Avec la confiscation des biens du clergé se révèle à tous la fragilité de l’Église, toute-puissante sous l’Ancien Régime, mais qui ne peut plus donner à ces édifices la dimension spirituelle à laquelle leur architecture les destinait. Aux Jacobins, comme dans tous les lieux religieux désaffectés, l’environnement évoque vite des croyances brocardées, un culte discrédité, une morale dépassée. L’accent des débats et la mentalité même de ceux qui s’y affrontent ont sans doute été marqués par cette atmosphère.
Le Club des jacobins joue aussi un rôle de modèle : partout en France, la pratique jacobine organise ses lieux de réunion selon les mêmes dispositions.
Victor R. BELOT et Jean-Jacques LEVEQUE, Guide de la Révolution française, Paris, Ed. Horay, 1986.Michel GASNIER, Les Dominicains de Saint-Honoré, histoire et préhistoire du Club des Jacobins, Paris, Ed. du Cerf, 1950.Gérard MAINTENANT, Les Jacobins, Collection Que sais-je ?, Paris, P.U.F., 1984.Gérard WALTER, Histoire des Jacobins, Paris, Aimery Somogy, 1946.
1. Le matin, en combattant violemment à l'Assemblée constituante un décret contre l'émigration réclamé par les clubs, les journaux et l'aile avancée des députés, il a suscité la méfiance. Des rumeurs ont provoqué, ce même jour l'attaque du donjon de Vincennes par le peuple mené par Santerre et, aux Tuileries, l'affaire des " chevaliers du poignard " : plusieurs centaines de gentilshommes venus porter renfort à la famille royale viennent d'être désarmés, évacués et malmenés par la garde nationale.
Luce-Marie ALBIGÈS, « Le club des Jacobins de Paris », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/club-jacobins-paris
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Jaurès orateur
Leader socialiste et député de 1885 à 1889 puis de 1893 à 1898 et de 1902 à 1914, Jaurès fut sans nul doute un des…
L'Union des gauches de 1932
L’expérience du Cartel des gauches a laissé un souvenir très mitigé à ses…
Robespierre, incorruptible et dictateur
D’origine bourgeoise, fils d’avocat et avocat lui-même, Robespierre est l’une des grandes incarnations de l’esprit de la Révolution. Formé chez…
Tocqueville, historien et visionnaire
Magistrat sous la Restauration, Alexis de Tocqueville (Paris, 1805-Cannes, 1859) fut chargé d’une mission d’information aux Etats-Unis et publia à…
Les États généraux
La cérémonie d’ouverture des états généraux eut lieu le 5 mai 1789 dans une vaste salle aménagée dans l’hôtel des Menus-Plaisirs, avenue de Paris…
Le serment du Jeu de paume, 20 juin 1789
Cet événement fondateur de la Révolution française constitue une étape symbolique dans la destruction de l’absolutisme.
L’ouverture…
L'immoralité au cœur de la lutte religieuse pendant la IIIe République
Vingt ans séparent la date de réalisation de ces deux affiches. En 1884, l’ouvrage de Léo Taxil publié par…
La Serre politique et parlementaire
1912 : Armand Fallières est président de la République depuis six ans. A la tête du gouvernement depuis le début de l’année, Raymond Poincaré…
Le club des Jacobins de Paris
Dès mai 1789 à Versailles, des députés bretons aux états généraux se concertent avant les réunions…
Le coup d'Etat du 18 brumaire
L’échec du Directoire (désordre financier, impuissance des assemblées, vénalité du haut personnel politique) rendait probable un changement de…
yaya
Ou se situe les clubs des Jacobins ?
Histoire-image
En réponse à la question sur la localisation du club des Jacobins, on peut lire au début de la partie analyses des images "Le couvent, situé rue Saint-Honoré", à Paris.
lalaramirez
Quel role joue les clubs dans la diffusion des idées révolutionnaire ?
Histoire_image
Bonjour,
Comme il est écrit dans l'interprétation : "En 1789, les clubs, qui rassemblent les citoyens indépendamment de l’ordre auquel ils se rattachaient sous l’Ancien Régime, expriment la nouvelle conception du corps social."
Les clubs sont de véritables groupes politiques avant la formation des partis politiques du XIXe et du XXe siècle.
A bientôt,
Anne-Lise
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel