Aller au contenu principal
Acte d'accusation du procès de Marie-Antoinette devant le Tribunal révolutionnaire.

Acte d'accusation du procès de Marie-Antoinette devant le Tribunal révolutionnaire.

Dernière lettre de Marie-Antoinette.

Dernière lettre de Marie-Antoinette.

Dernière lettre de Marie-Antoinette.

Dernière lettre de Marie-Antoinette.

Acte d'accusation du procès de Marie-Antoinette devant le Tribunal révolutionnaire.

Acte d'accusation du procès de Marie-Antoinette devant le Tribunal révolutionnaire.

H. : 33,8 cm

L. : 22 cm

Acte d'accusation dressé par Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, contre Marie-Antoinette, se qualifiant de Lorraine d'Autriche, veuve de Louis Capet". Manuscrit; cahier monté sur onglet

Domaine : Archives

© Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie

http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr

W/290/179/pce 50

Les dernières heures de Marie-Antoinette

Date de publication : Avril 2008

Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS

Le procès de la reine

Le peuple de Paris voit en Marie-Antoinette celle qui inspire au Roi ses tentatives de résistance au développement des mesures révolutionnaires. On la surnomme « Madame Veto » tout autant que « l'Autrichienne » et

« Madame Déficit ».

Après la suspension du roi, elle est emprisonnée au Temple avec le roi, le dauphin et sa sœur Marie-Thérèse-Charlotte (Madame Royale), et Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, le 13 août 1792. Après l’exécution de Louis XVI, les membres de la famille royale restent réunis au Temple pendant plusieurs mois. Puis, le 1er juillet 1793, le dauphin est séparé de sa famille. La Convention passée entièrement aux mains des Montagnards vote, le 1er août 1793, le renvoi de la reine devant le Tribunal révolutionnaire, juridiction d'exception créée le 10 mars. Le lendemain, elle est transférée à la Conciergerie, lieu de détention des accusés devant comparaître devant le Tribunal révolutionnaire.


Marie-Antoinette a pour avocats Chauveau-Lagarde et Tronson-Ducoudray, commis d'office la veille de l'ouverture du procès, qui a lieu les 14 et 15 octobre 1793. Les débats durent vingt heures consécutives. Le Tribunal révolutionnaire la reconnaît coupable "d'avoir coopéré directement aux manœuvres et intelligences avec les puissances étrangères et les ennemis extérieurs de la République ainsi qu'aux complots et conspirations tendant à allumer la guerre civile en armant les citoyens les uns contre les autres", comme l’indique le compte rendu de la séance du Tribunal, et la condamne à la mort.

Le verdict, prononcé par le jury du Tribunal révolutionnaire, le 16, à quatre heures du matin, est exécuté, sans délai, à midi et quart, Place de la Révolution, sur les lieux mêmes où Louis XVI avait été guillotiné le 21 janvier (aujourd’hui Place de la Concorde).

Un témoin oculaire, un nommé Lapierre, écrit à la société populaire de Carentan que la reine, qu’il appelle la garce « a été à l’échafaud avec une fermeté incroyable, sans broncher ».

Une lettre discrète et anonyme

Transcription de la lettre[1]

Cette lettre n’est connue qu’en 1816, lorsque Louis XVIII fait saisir les documents conservés par le conventionnel Courtois qui avait été chargé de l’inventaire des papiers de Robespierre, après le 10 thermidor. Son authenticité a parfois été mise en cause mais elle faisait partie, semble-t-il, de documents gardés par lui, depuis cette date.

Marie-Antoinette la rédige dans son cachot de la Conciergerie, d’une écriture rapide et serrée, sur un papier de petites dimensions (23 x 19 cm) plié en deux, le 16 octobre 1793, à 4h30 du matin, après l’annonce de sa condamnation. L’ex-reine ne la signe pas et ne mentionne aucun nom, dans l’espoir, peut-être, de la faire parvenir discrètement. Elle l’adresse à la sœur de Louis XVI, qui partage la captivité des enfants royaux au Temple.

Madame Elisabeth, qui sera elle-même guillotinée, le 10 mai 1794, n’en a jamais pris connaissance. La missive qui est revêtue des signatures (en page 2) et des paraphes (en haut de la page 1) de l’accusateur public, A.Q.(Antoine Quentin) Fouquier-Tinville et des députés à la Convention Lecointre, Legot, Guffroy, Massieu, était restée aux mains des Jacobins.

La lettre fait allusion à une circonstance pénible du procès : Marie-Antoinette eut à répondre à des insinuations sur la nature incestueuse de ses relations avec son petit garçon. Alors âgé de huit ans, l’enfant s’était appliqué à répéter sans les comprendre des calomnies qu’on faisait courir sur sa mère et sur sa tante.

Malgré son exécution très proche et son isolement, Marie-Antoinette récuse d’avance toute assistance d’un prêtre assermenté car ces prêtres qui ont prêté le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé, condamnée par Rome, sont considérés comme ne faisant plus partie de l’Eglise catholique.

Que recommander d’essentiel à ses enfants avant de mourir ?

Marie-Antoinette qui vient de vivre seule une captivité de deux mois et demi sans pouvoir communiquer avec ses enfants, tente de leur faire passer par cette lettre à sa belle sœur ses dernières recommandations. La reine que Jérôme Pétion décrivait, encore en juin 1791, comme autoritaire et superficielle s’exprime à ce dernier instant sans détours. Sa préoccupation essentielle concerne l’état d’esprit dans lequel ses enfants assumeront la mort de leur parents, dans leur vie à venir dont elle ne veut pas douter.

A ses yeux, le plus important est qu’ils vivent dans un esprit de pardon, loin de toute idée de vengeance, mais en recherchant au contraire une véritable union entre eux, et qu’ils s’appuient, comme elle-même, sur la confiance en Dieu.

Sans un mot de plainte ni de regret pour sa situation passée, Marie-Antoinette, qui se prépare avec lucidité à son exécution dans les heures qui suivent, ne songe plus qu’à laisser dans un langage simple, un héritage spirituel à ses enfants.

Olivier BLANC La dernière lettre. Prisons et condamnés de la Révolution 1793-1794 Paris, Robert Laffont, 1984.A. DUCROT Histoire de faux ? Une lettre de Marie-Antoinette à la princesse de Lamballe, dans Histoires d’archives. Recueil d’articles offert à Lucie Favier par ses collègues et amis Paris, Société des amis des Archives de France, 1987. P.277-289.A. KUSCINSKY Dictionnaire des conventionnels Paris, 1916, réimpr.1987. L’Affaire des papiers de l’ex-conventionnel Courtois, par son fils Paris.H. SANSON Sept générations d’Exécuteurs, 1688-1847, Mémoires des Sanson, mis en ordre, rédigés et publiés par H. Sanson Paris, Décembre-Alonnier, s.d.

1. Ce 16 8bre, 4heures ½ du matin C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois ; je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n'existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J'ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n'ose lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra, recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de leurs devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur ; que ma fille sente à l'âge qu'elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que son [mot rayé dans l'original] l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services, que l'amitié peut inspirer ; qu'ils entent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union, qu'ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais les dernier mots de son père que je lui répète expressément : qu'il ne cherche pas à venger notre mort. J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l'âge qu'il a, et combien il et facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas ; un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n'en aurais réellement pas eu le temps. Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s'ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tout (sic) ceux que je connais et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis adieu à mes tantes et (un mot rayé] et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis, l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant, qu'ils sachent au moins que, jusqu'au dernier moment, j'ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi, je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ! Je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. 

Luce-Marie ALBIGÈS, « Les dernières heures de Marie-Antoinette », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/dernieres-heures-marie-antoinette

Anonyme (non vérifié)

La última carta de la reina Marie- Antoinette

jeu 28/07/2011 - 17:49 Permalien
Anonyme (non vérifié)

si es la ultima carta de la reina Marie-antoinette
a mi me gusta la carta

ven 20/04/2012 - 10:46 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Le baptême du feu de la Restauration

Le baptême du feu de la Restauration

Une guerre victorieuse, le baptême du feu du drapeau blanc

Le congrès de Vienne puis les traités de Paris avaient réorganisé les frontières de l’…

Ex-voto de 1662

Ex-voto de 1662

Une guérison miraculeuse

Au moment où il peint ce tableau, Philippe de Champaigne est un artiste connu et reconnu. Ce peintre flamand installé à…

Le dernier des Bourbons

Le dernier des Bourbons

Le successeur de Louis XVIII

Depuis 1814, le comte d’Artois, futur Charles X, était considéré comme le chef du parti ultra, hostile à la Charte et…

La chute des Bourbons

La chute des Bourbons

Devenu roi le 24 septembre 1824 à la mort de son frère Louis XVIII, Charles X inaugure son règne par quelques mesures libérales, dont l’abolition…

La chute des Bourbons
La chute des Bourbons
La chute des Bourbons
Les dernières heures de Marie-Antoinette

Les dernières heures de Marie-Antoinette

Le procès de la reine

Le peuple de Paris voit en Marie-Antoinette celle qui inspire au Roi ses tentatives de résistance au développement des…

Les dernières heures de Marie-Antoinette
Les dernières heures de Marie-Antoinette
Les dernières heures de Marie-Antoinette
Louis XVI et sa famille

Louis XVI et sa famille

Un objet interdit et compromettant

Saisie sous la Terreur sur l'inculpé Charles-Simon Vanesson, ancien huissier à la grande chancellerie, cette…

Louis XVI et sa famille
Louis XVI et sa famille
Louis XVI et sa famille
L'expédition d'Espagne

L'expédition d'Espagne

En 1808, l’intervention des troupes françaises en Espagne avait déclenché un soulèvement général de la population espagnole. Cette guerre d’…
L'expédition d'Espagne
L'expédition d'Espagne
Marie-Antoinette, la mal-aimée

Marie-Antoinette, la mal-aimée

Née en 1755, Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg, archiduchesse d’Autriche, devint reine de France en 1774 lorsque Louis XVI accéda au trône.…

Marie-Antoinette, la mal-aimée
Marie-Antoinette, la mal-aimée
Marie-Antoinette, la mal-aimée
Les demeures royales

Les demeures royales

Versailles à la charnière de deux règnes

Cette série de tableaux de Pierre-Denis Martin (1663-1742) s’insère à une période charnière de l’histoire…

Les demeures royales
Les demeures royales
Les demeures royales
L'assassinat du duc de Berry

L'assassinat du duc de Berry

Né à Versailles le 24 janvier 1778, Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, est le fils puîné de Marie-Thérèse de Sardaigne, plus connue sous le…

L'assassinat du duc de Berry
L'assassinat du duc de Berry